Au moins 1 500 Iraniens ont été empêchés de rejoindre l’EI, selon le ministre du Renseignement
TÉHÉRAN, Iran – L’Iran a empêché au moins 1 500 Iraniens d’être recrutés par le groupe État islamique (EI), a annoncé samedi le ministre du Renseignement du pays, Mahmoud Alavi.
« Nous avons repéré et déjoué les plans de plus de 1 500 jeunes qui avaient l’intention de rejoindre Daech », a-t-il affirmé dans des propos repris par des médias locaux iraniens.
En dehors de la Turquie, l’Iran est le pays le plus proche des bastions de l’État islamique –Mossoul en Irak et Raqqa en Syrie – ; pourtant, en dépit de la forte implication des forces iraniennes et de volontaires iraniens dans la lutte contre l’EI en Irak et en Syrie, le pays n’a pas subi de représailles majeures du groupe jusqu’à présent.
Le ministre n’a pas donné de nouveaux détails sur les opérations de lutte contre l’État islamique en Iran, tandis que le poids et la fiabilité des preuves détenues par le ministère contre les personnes soupçonnées d’être de potentielles recrues de l’État islamique restent inconnus.
Mercredi, dans une émission télévisée en direct, il a déclaré que la capacité du pays à bloquer l’EI était due à la vigilance du grand public.
« 160 millions d’yeux surveillent la sécurité du pays et, jusqu’à présent, les indices et les informations que nous avons reçus du public se sont avérés efficaces », s’est-il félicité.
Il a cité comme exemple la récente découverte de tunnels creusés en direction de deux sites militaires dans le sud-est du pays.
Bien que 1 500 jeunes aient été empêchés d’être recrutés par l’État islamique, le commandant des forces terrestres de l’armée iranienne, Ahmad Pourdastan, a indiqué plus tôt ce mois-ci que certains Iraniens, en particulier originaires des provinces de l’ouest du pays limitrophes de l’Irak, avaient rejoint l’État islamique.
Certains ont réussi à se réinfiltrer en Iran et les forces de sécurité iraniennes rapportent occasionnellement des affrontements avec des cellules de l’État islamique. À la mi-août, elles ont annoncé avoir tué quatre hommes et arrêté huit autres membres du groupe dans des affrontements distincts dans la province de Kermanshah, dans l’ouest du pays. Les forces de sécurité ont identifié l’une des victimes comme étant Abu Aeshe Kurdi, commandant d’une brigade de l’État islamique à Mossoul.
En juin, l’Iran a annoncé avoir déjoué plusieurs attentats à la bombe à Téhéran et dans d’autres villes iraniennes planifiés dans le cadre de ce que le pays a qualifié de complot majeur monté par des militants sunnites.
Aucune preuve n’a été donnée, mais le but de cette annonce semblait être de rassurer les Iraniens quant au fait que les massacres tels que les subissent l’Irak et la Turquie ainsi que des villes européennes ne se produiront pas en Iran.
Outre les menaces provenant de l’EI, l’Iran connaît des troubles occasionnels dans les provinces du nord-ouest du pays, où vivent d’importantes communautés kurdes. Abu Aeshe Kurdi, le commandant de brigade de l’État islamique qui a été tué, était kurde.
Deux groupes kurdes distincts qui souhaitent l’autonomie de leur région en Iran mènent depuis de nombreuses années des attaques armées périodiques.
L’Iran se plaint régulièrement auprès du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) dans le nord de l’Irak, mais a intensifié cet été ses déclarations faisant état de préoccupations. Karim Senjari, ministre de l’Intérieur du GRK, a été invité à Téhéran il y a quinze jours.
Le GRK a accusé l’Iran d’avoir organisé des bombardements dans le territoire kurde irakien. Le 13 juin, le Corps des Gardiens de la révolution islamique a déclaré que ses forces avaient tué cinq membres d’un groupe armé, le Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK) – une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui lutte pour l’autonomie en Turquie –, près de la ville de Sardasht.
« Nous n’autoriserons pas la violence sur nos frontières avec l’Iran et nous combattrons les éléments perturbateurs dans les régions frontalières en mobilisant nos capacités militaires et de sécurité », a déclaré Senjari aux médias iraniens.
L’Iran a également accusé le parti Komala, un groupe de Kurdes iraniens qui était actif dans les années 1980 et 1990, d’avoir repris les attaques transfrontalières en Iran.
Heshmatollah Falahatpisheh, un député originaire d’Islamabad-e Gharb, dans la province de Kermanshah, dans l’ouest du pays, a notamment été victime d’une attaque terroriste.
Dans une interview au cours d’une pause des débats au Majlis (Parlement), il s’est remémoré l’incident qui a failli lui coûter la vie le mois dernier. Il était en voiture avec le gouverneur du comté de Dalahou, un responsable local des pêches et le directeur du service vétérinaire du comté lorsque leur véhicule a essuyé des tirs soutenus d’armes automatiques.
S’il a eu la chance de s’échapper sain et sauf, deux de ses compagnons ont été tués.
« Notre pays est un pays sûr. Mais parfois, depuis les pays frontaliers, qui sont malheureusement en proie au terrorisme soutenu par les pays occidentaux et certains pays arabes, nous sommes harcelés par des actes terroristes. »
« J’ai été victime d’un de ces actes avec mes collègues, et deux de nos amis [le conducteur et le directeur du service vétérinaire] sont tombés en martyrs. »
Certaines personnes ont été arrêtées mais la conclusion préliminaire de l’enquête est que « cette affaire [n’a] rien à voir avec les Kurdes ».
Le député a attribué cette attaque à l’État islamique ou à ses groupes alliés.
« Les terroristes n’ont pas atteint leurs objectifs et sont en situation d’échec sur le terrain en Irak et en Syrie. Ils essaient donc d’agir d’une manière harcelante et suicidaire, en particulier contre les pays qui jouissent de la stabilité tels que la République islamique d’Iran. »
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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