Démolition de maisons palestiniennes : manifestations et appels à la grève générale
Des milliers de Palestiniens ont participé mercredi à une série de manifestations qui se sont propagées dans les villages palestiniens au milieu d’appels à la grève générale. Ces manifestations ont suivi la mort d’un instituteur, tué par les forces israéliennes lors de manifestations contre les démolitions de maisons dans le sud du pays.
« Nous sommes descendus dans la rue pour protester et faire entendre la voix du peuple palestinien », explique Kholoud Abu Ahmed, un Palestinien d’Israël, d’Haïfa. « Nous n’accepterons pas d’être expulsés de nos maisons, marginalisés et tués [par les autorités israéliennes]. »
Les officiels israéliens prétendent que Yacoub al-Qiyan a été tué alors qu’il menait sa voiture sur les officiers de police dans le village bédouin de Umm al-Hiran dans le désert du Néguev. Les habitants du village, toutefois, ont rapporté qu’al-Qiyan était simplement en train de conduire jusqu’à l’endroit où avaient lieu les démolitions pour parler aux autorités et tenter d’empêcher les destructions.
Selon un officier, un agent de police israélien, Erez Lévi, a été soi-disant percuté et tué. Un député palestinien connu d’une liste commune, Ayman Odeh, a aussi été blessé à la tête par une balle en caoutchouc tirée par la police.
« Nous continuerons à manifester et à nous opposer aux démolitions de nos maisons et au terrorisme de cet État », affirme Abu Ahmed. « Qu’il nous fassent sortir de nos maisons à Umm al-Hiran pour pouvoir construire une colonie israélienne, c’est le summum du terrorisme », d’emporte-t-il.
« Israël doit comprendre que tout le pays continuera à protester jusqu’à ce que ce terrorisme contre les Palestiniens se termine. »
Grève générale
Le Haut comité arabe de surveillance (AHMC), une organisation politique indépendante qui coordonne l’action politique entre différents groupes palestiniens en Israël, a aussi annoncé le lancement d’une grève générale à travers les villes et les villages palestiniens d’Israël ce jeudi.
Mohamed Baraka, chef du AHMC, a appelé la communauté internationale à protéger les citoyens palestiniens d’Israël contre ce qu’il décrit comme « un ciblage clair des Palestiniens par l’État israélien ».
« Ce que nous avons vu la semaine dernière à Qalansawe après les déclarations de Netanyahou, qui a incité à la violence et aux crimes [contre les Palestiniens] se répète aujourd’hui à Umm al-Hiran », explique Baraka.
Des centaines de Palestiniens ont protesté vendredi contre la démolition de onze maisons appartenant à des Palestiniens dans la ville de Qalansawe, dans le Triangle séparant le pays de la Cisjordanie.
Les démolitions de maisons, dont les autorités israéliennes affirment qu’elles ont été construites sans les autorisations nécessaires, ont conduit au déplacement de douzaines de familles qui se retrouvent maintenant sans abri.
Les autorités israéliennes procèdent régulièrement à des démolitions de maisons de Bédouins qu’elles estiment construites illégalement. Selon les habitants et les militants, les permis de construire sont presque impossible à obtenir, les juifs israéliens bénéficiant selon eux d’un traitement de faveur dans l’allocations des logements.
Mahasen Rabus, un militant et habitant de Qalansawe, a expliqué à Middle East Eye la semaine dernière : « Les autorités israéliennes ne nous permettent pas de construire ou de nous agrandir, et les permis de construire ne nous sont quasiment jamais délivrés. De plus, elles refusent d’élargir les frontières des villes arabes, alors nous n’avons pas d’autre alternative que de construire. »
L’universitaire palestino-israélien Yousef Jabareen, spécialisé dans la planification urbaine, a déclaré qu’environ 100 000 maisons de villes et villages palestiniens en Israël et à Jérusalem ne possédaient pas de permis.
« Un crime contre les citoyens »
« À nos yeux, ces démolitions sont un crime contre les citoyens de l’État », précise Khalil Amour, avocat et militant des droits de l’homme dans la région du Néguev à MEE. « L’État continue de nous expulser et de nous déplacer de nos terres depuis les années 1950 soi-disant pour des ‘’raisons de sécurité’’. »
« Les agissements d’Israël ont provoqué une spirale de violence. Tant qu’ils [les Israéliens] se comporteront avec nous comme avec une entité hostile, comme avec un ennemi, je n’aurai plus d’espoir dans ce pays », poursuit Amour qui a représenté auparavant des habitants de Umm al-Hiran devant les cours d’Israël.
« Ce qui s’est passé avec le meurtre de Yacoub al-Qiyan est un crime haineux. Nous avons en notre possession une vidéo qui prouve que la police a ouvert le feu sur lui, ce qui lui a fait perdre le contrôle de son véhicule, et un agent de police a été tué. Il ne l’a pas délibérément percuté », témoigne Talib Abu Arar, député israélo-palestinien.
Selon lui, les autorités israéliennes ont récemment commencé à construire des logements pour les citoyens juifs du village de Umm al-Hiran.
« Le gouvernement israélien veut démolir le village arabe de Umm al-Hiran pour construire une colonie appelée Hiran pour les citoyens juifs. Au mieux, c’est un apartheid », commente Abu Arar.
« Nous avons appelé les habitants à suivre la grève et à participer à toutes les manifestations contre le meurtre d’Arabes et la démolition de leurs maison », ajoute-t-il.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a envoyé un message de condoléance à la famille du policier israélien, Lévi, tué lors des affrontements de mercredi, sur sa page Facebook.
« Cet incident est le deuxième de ce genre ces derniers jours. Nous luttons contre un phénomène », a-t-il écrit.
« Cet incident ne nous effraie pas, il nous renforce et renforce notre détermination à faire appliquer la loi à tous. »
Traduit de l'anglais (original).
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