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EN IMAGES : L’hôpital de toutes les guerres

Réapprendre à ouvrir les yeux, à marcher, à aimer la vie. Pour les patients de l’hôpital Al-Mowasah d'Amman, le combat contre la douleur et la destruction est peut-être la plus grande des victoires sur les guerres qu’ils ont traversées

Madhor, un paysan saisonnier de Homs, en Syrie, assis dans la mosquée de Marka, à côté de l’hôpital de MSF. Il est réfugié en Jordanie avec sa famille dans le camp de Azraq, mais depuis 2016, il passe chaque année plusieurs mois à l’hôpital d'Amman pour soigner ses blessures. « J’étais assis sous l’olivier de notre maison en Syrie avec mes enfants, quand un avion a lâché une bombe sur nous, tuant deux de mes cinq enfants », raconte-t-il. Il a perdu l'œil gauche et a encore du mal à marcher sans béquilles (MEE/Alessio Mamo)

C’est un peu l’autre face de la guerre. Celle qu’on voit rarement. Une jambe amputée, un œil en moins, une cicatrice à vie. Et des blessures intérieures inguérissables. Mais à l’hôpital Al-Mowasah de Médecins sans frontières (MSF), à Amman, en Jordanie, les conséquences des guerres et des attaques en Irak, en Syrie, à Gaza ou au Yémen sont particulièrement visibles. 

Car c’est ici qu’enfants et adultes gravement blessés par des bombes, une mine, une voiture piégée ou dans des accidents sont accueillis pour de la chirurgie reconstructive. Depuis sa création il y a onze ans, 4 500 patients ont été accueillis. Ils sont près de 200 patients traités chaque mois et plusieurs centaines de blessés de guerre inscrits sur liste d’attente. 

Le photographe sicilien Alessio Mamo, qui a remporté cette année le World Press Photo avec la photo de Manal (la première ci-dessous), jeune Irakienne blessée par l’explosion d’un missile à Kirkouk, a passé huit mois dans cet hôpital avec la chercheuse et journaliste italienne Marta Bellingreri. 

En photos, ils racontent comment, alors que les conflits au Moyen-Orient continuent à détruire des vies, l’hôpital Al-Mowasah, en dépit de la douleur et de la frustration, est un foyer précieux de résilience, de force et d’espoir.

Manal, une fillette de 12 ans de Hawija, a été blessée à Kirkouk, en Irak, par un missile en 2016. Après avoir subi de nombreuses opérations de chirurgie reconstructrice à l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) Al-Mowasah, à Amman, elle doit porter un masque pendant quelques heures de la journée pour protéger son visage de la lumière. « Pendant des mois, Manal n’a pas pu bien dormir », explique sa mère « parce que ses brûlures aux yeux lui faisaient mal. » Manal aime dessiner et apprendre à jouer de la guitare. En 2018, mère et fille sont rentrées en Irak. 

Qatada, 34 ans, de Ta’izz, au Yémen, ici avec ses amis en face d'un restaurant yéménite à Amman où ils aiment aller manger. En 2015, il était en train de conduire sa voiture à Aden quand une mine a explosé sur la route. Il a perdu une jambe dans l'explosion et la deuxième a été amputée à l'hôpital au Yémen. Qatada et sa femme Kifah ont eu leur troisième enfant en 2016. Il a aujourd'hui 2 ans et ils habitent tous ensemble en Jordanie.

Ibrahim, une vraie boule d'énergie du haut de ses 4 ans, était dans la maison de sa grand-mère lorsqu'il a trouvé et bu au goulot une bouteille d'acide chlorhydrique qui lui a brûlé la bouche et collé les lèvres. Ils venaient de la capitale, Sanaa, et avaient dû quitter leur maison à cause du conflit. Ibrahim et son père Abdrahman, qui prend soin de lui, sont devenus inséparables : « Grâce à Dieu, avec le travail des chirurgiens et de la kiné, Ibrahim peut maintenant manger et recommence à ouvrir la bouche ». Dans cette photo il est avec l'infirmier yéménite Yahya de MSF. 

Khawla et Noor, deux infirmières de l’hôpital de MSF à Amman, en Jordanie, auprès de Rawan, une petite Irakienne qui avait survécu à l’explosion d’une voiture piégée à Ramadi quand elle avait 7 ans. Elle s’est rendue à Amman avec son père trois ans après l’attaque pour une chirurgie de reconstruction. Dans cette photo, Rawan était revenue dans la salle post-opératoire. La petite a une grande cicatrice sur le crâne et les cheveux rasés.

Rawan, une fillette irakienne de 10 ans, pendant la chirurgie de reconstruction. Son père attendait dehors avec les infirmières qui le rassuraient. Après avoir survécu à l'explosion d'une voiture piégée à Ramadi, elle porte aujourd'hui une cicatrice sur le crâne et a les cheveux rasés d'un côté. Elle rassemble tous ses cheveux de l’autre côté et on ne voit rien ou presque. Dans cet hôpital, les enfants ne peuvent pas se regarder dans le miroir car les psychologues n'en veulent pas - ce qui ne les empêche pas d'utiliser... leur téléphone portable.

Tous les lundis après-midi, une bénévole, Isabel, vient donner des cours de musique aux enfants hospitalisés. Dans cette photo, Manal, une fillette irakienne de 12 ans, apprend à jouer de la guitare, entourée par ses amies de l'hôpital, comme la Syrienne Shamsa. Tous les enfants de l’hôpital MSF participent le matin à des activités parascolaires et manuelles. 

Asma, 13 ans, originaire de Amran, au Yémen, dans sa chambre avec sa sœur Wajida, 26 ans. Chaque patient de l'hôpital de MSF à Amman est accompagné par un membre de sa famille ou un ami qui prend soin de lui. Asma aime s'habiller tous les jours avec de jolies robes. Elle a été blessée au Yémen en 2013 et, une fois à l'hôpital à Amman en 2016, elle a subi de nombreuses opérations de chirurgie pendant six mois. Aujourd'hui, les deux sœurs sont rentrées au Yémen. 

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