EN IMAGES : Varzesh-e Bastani, l’antique sport persan influencé par le soufisme
Varzesh-e Bastani ou Varzesh-e Pahlavani signifie « le sport antique » et remonte à la culture pré-islamique de l’Iran, bien qu’il soit aujourd’hui influencé par le chiisme et le soufisme. Ce sport se pratique dans une zourkhaneh, qui signifie « maison de la force », et le public est accueilli dans la salle avec des tasses de thé sucré. Les personnes présentes sont censées regarder la représentation en silence à moins que le morshed (maître) ne leur demande de louer le prophète. (Toutes les photos sont de Manely Faani.)
Le Varzesh-e Bastani se pratique dans une fosse d’exercice octogonale appelée gowd et commence par un rituel où les jeunes athlètes rendent hommage aux plus âgés. Les participants plus âgés prennent position près du morshed et invitent les plus jeunes à les rejoindre. Relevant davantage de l’exercice rituel que du sport de compétition, il consiste à se déplacer au rythme des chansons et de la musique du morshed, et à effectuer collectivement des exercices avec une variété d’armes aux poids divers.
Entre chef d’orchestre et maître de cérémonie, le morshed est la personne la plus importante à l’intérieur de la zourkhaneh. Il prend position sur une estrade surélevée par rapport à la fosse et initie des mouvements en jouant des chansons spécifiques. Outre les chansons associées à chaque mouvement, il chante des vers de poètes persans, tels que Ferdowsi, Hafez, Saadi et Rumi, en se concentrant sur ceux qui exaltent un comportement vertueux.
Les athlètes s’agenouillent pendant que le morshed joue la chanson d’introduction. Les origines exactes de ce sport sont inconnues, mais les chercheurs le relient aux rituels pratiqués pendant l’Empire parthe, qui régnait sur l’Iran entre -247 et 224. L’objectif principal de cette pratique était de maintenir les guerriers iraniens physiquement et mentalement prêts pour la bataille.
Des pompes servent d’échauffement avant le début des principaux exercices. Les athlètes pratiquent leurs exercices collectivement et bougent au rythme fixé par le choix de la chanson du morshed. Contrairement aux pompes standard, celles pratiquées lors du Varzesh-e Bastani contiennent des torsions et obligent l’athlète à se rapprocher le plus possible du sol et à maintenir la position pendant quelques secondes. D’après les historiens, il s’agit d’un exercice d’origine militaire car les guerriers devaient agir aussi furtivement que possible lorsqu’ils s’approchaient de l’ennemi.
Charkh Zadan signifie « tourbillonnant » et est peut-être une indication de l’influence soufie sur ce sport, mais dans le Varzesh-e Bastani, les participants se déplacent beaucoup plus rapidement. Au fur et à mesure qu’ils tournent, les athlètes se meuvent également autour de la gowd. Encore une fois, on pense que cette pratique a une origine militaire et qu’il s’agit d’un mouvement réalisé en dernier recours lorsqu’un guerrier est encerclé par l’ennemi.
Le mil-giri est un mouvement collectif, dans lequel chaque athlète tient deux masses en bois, appelées mil. La taille et le poids du mil dépendent de la force et de la puissance de chacun. Dans le mil-giri normal, l’athlète tient les deux au niveau de sa poitrine, puis les soulève et les fait descendre derrière son dos.
Pendant que les participants s’activent à l’intérieur de la gowd, d’autres peuvent s’entraîner silencieusement dans la zourkhaneh. Sur cette photo, un athlète s’entraîne avec des sang, qui ressemblent aux boucliers utilisés par les armées dans l’Antiquité. Le texte en farsi sur chaque sang dit « Ya Ali », invocation du premier imam de l’islam chiite, Ali ibn Abi Talib. Les dessins sous le texte représentent Rostam, un héros mythique qui a combattu des démons dans la légende persane pré-islamique.
Le kabadeh ressemble à un arc et peut peser jusqu’à 110 kilos. Comme beaucoup d’équipements utilisés dans le Varzesh-e Bastani, son utilisation dans le rituel a une origine militaire.
À la fin de la performance, la personne la plus âgée de la fosse parle aux autres athlètes, prodiguant des conseils sur les questions morales et sociales et l’importance de faire le bien.
Les membres de la zourkhaneh posent pour une photo. Le zoroastrisme, qui a influencé les premiers développements de ce sport, et l’islam, qui est arrivé en Iran au VIIe siècle, accordent de l’importance au développement de la force physique et spirituelle.
Le mur des souvenirs, à l’intérieur d’une zourkhaneh à Téhéran, est couvert de photos des champions nationaux de Varzesh-e Bastani et de photos des fondateurs du club.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].