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Israël autorise les Gazaouis à partir via la Cisjordanie mais les prive de retour pendant un an

Ces mesures sont censées marquer un tournant par rapport aux actuelles règles sur les départs, mais les critiques affirment que l’interdiction de retour pendant un an sera sans doute synonyme de nouvelles restrictions pour les Gazaouis
Des Palestiniens attendent l’autorisation d’entrer en Égypte au poste-frontière de Rafah (AFP)
Par MEE

Le gouvernement israélien prévoit d’assouplir les règles et d’autoriser les Palestiniens à quitter la bande de Gaza via la Cisjordanie à condition de ne pas y revenir pour une durée minimum d’un an.

Selon le document publié par le bureau du Coordinateur de l’activité gouvernementale dans les territoires palestiniens, qui a été consulté par le quotidien israélien Haaretz, les Palestiniens de Gaza pourront aller jusqu’au poste-frontière séparant la Cisjordanie et la Jordanie escortés soit par un membre de l’armée israélienne, soit par un représentant de l’Autorité palestinienne.

« En règle générale, tout résident de la bade de Gaza [qui] s’engagera par écrit à ne pas revenir en passant par Israël ou la Cisjordanie pendant un an […] se verra accorder l’autorisation de partir, à condition de se soumettre à une évaluation de sécurité », a affirmé le bureau dans une déclaration officielle qui avait initialement été publiée en février.

Si ces mesures sont mises en places, elles marqueront un tournant par rapport aux lois qui régissent actuellement le départ des résidents gazaouis via la Cisjordanie. Chaque semaine sont délivrés en moyenne 100 permis de départ, principalement au profit des personnes souffrant de problèmes de santé ou de celles qui partent étudier à l’étranger.

« Depuis 1997, Israël, a écrit la journaliste Amira Hass, Israël n’a plus autorisé les Gazaouis à voyager à l’étranger puis à revenir chez eux en empruntant le poste-frontière d’Allenby, c’est-à-dire en passant par le territoire israélien et la Cisjordanie, et il n’y a eu que de très rares entorses à cette règle.

« Ainsi, le poste-frontière de Rafah est devenu le seul point de passage permettant aux habitants de Gaza de se rendre à l’étranger. D’un point de vue théorique, Israël est donc en train d’accroître le nombre de Gazaouis qui se verront accorder la possibilité de voyager à l’étranger.

« En revanche, cette condition de devoir rester hors du pays pendant au minimum un an est un puissant moyen de dissuasion, puisqu’il n’y a pratiquement aucune possibilité de retour par l’Égypte. »

Omar Nazzal, membre du Syndicat des journalistes palestiniens et ancien porte-parole du Comité populaire pour la fin du siège de Gaza, a déclaré qu’il ne fallait pas penser qu’il s’agissait là de mesure positives ou d’une « faveur humanitaire » accordée au peuple de Gaza.

« En réalité, tout cela sert à restreindre encore plus leurs conditions de vie », a affirmé Omar Nazzal à Middle East Eye.

« Gaza est l’une des régions du monde les plus densément peuplées. Abaisser la densité de population est dans l’intérêt de tous ceux qui s’opposent au peuple palestinien, comme l’Égypte et Israël, car cela leur facilitera le contrôle de la bande de Gaza.

« Il s’agit d’une tentative visant à rendre bien plus difficile la vie des Palestiniens de Gaza qui ont besoin d’en partir temporairement, et elle passe par le fait de leur en refuser l’accès pendant un an », a-t-il ajouté.

Mais, même sous ces conditions, a affirmé Omar Nazzal, il n’est pas garanti que ceux qui acceptent de se plier à cette règle se verront finalement accorder le droit de revenir une fois le délai écoulé.

La bande de Gaza subit le blocus imposé par Israël et l’Égypte depuis l’été 2007.

Traduction de l’anglais (original) par Mathieu Vigouroux.

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