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La coalition saoudienne accusée d’utiliser des bombes à fragmentation américaines au Yémen

L’Arabie saoudite et son fournisseur, les États-Unis, sont accusés de « mépris flagrant » de l’interdiction mondiale des munitions à fragmentation
Une frappe aérienne de la coalition contre Sanaa ce dimanche aurait détruit un atelier de couture et tué au moins deux personnes (AA)

La coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen utilise des bombes à fragmentation interdites au niveau international et fournies par les États-Unis dans des opérations militaires contre les rebelles houthis, a indiqué Human Rights Watch (HRW) dimanche dernier. D’autres rapports font également état de victimes civiles causées par des frappes aériennes.

L’organisation internationale de défense des droits de l’homme a déclaré que des munitions de fabrication américaine récemment transférées étaient utilisées dans des zones civiles, ce qui est contraire aux exigences liées aux exportations américaines et aux normes de fiabilité exigées par les États-Unis pour les armes exportées.

« L’Arabie saoudite et ses partenaires de la coalition, ainsi que leur fournisseur américain, méprisent de manière flagrante les normes internationales selon lesquelles les munitions à fragmentation ne doivent jamais être utilisées, dans n’importe quelles circonstances », a déclaré Steve Goose, directeur de la division Armes de HRW.

L’arme CBU105 amorcée par capteur, un type de munitions à fragmentation parachutées de fabrication américaine et utilisé par la coalition saoudienne au Yémen, a « touché des civils lors d’au moins deux attaques », a précisé Goose.

« Les éléments de preuve soulèvent de graves questions quant au respect de la politique en matière de munitions à fragmentation et des réglementations liées aux exportations », a-t-il indiqué.

« La coalition dirigée par l’Arabie saoudite doit étudier les preuves indiquant que des civils sont touchés au cours de ces attaques et cesser immédiatement de les utiliser. »

Les munitions à fragmentation sont propulsées depuis le sol par l’artillerie et les lance-roquettes ou larguées depuis un avion ; elles contiennent plusieurs sous-munitions de taille plus réduite qui se répandent sur une large zone.

Au total, 118 pays ont interdit les munitions à fragmentation en raison de la menace qu’elles représentent pour les civils se trouvant à proximité au moment de l’attaque et après l’attaque.

Human Rights Watch a affirmé croire que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, qui comprend également d’autres États du Conseil de coopération du Golfe, est responsable de la totalité ou presque des attaques impliquant des munitions à fragmentation au Yémen, car il s’agit de la seule entité qui emploie des avions ou des lance-roquettes multiples capables de déployer cinq des six types de munitions à fragmentation qui ont été utilisés lors du conflit.

Au cours des dernières années, les États-Unis ont fourni des armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, deux pays qui possèdent des avions d’attaque capables de les déployer.

Un témoin cité par Human Rights Watch a raconté avoir vu des bombes parachutées « exploser comme des feux d’artifice » en s’approchant du sol lors d’une attaque lancée en décembre contre le port d’al-Hayma, dans la province d’Hodeidah.

Hussein Saad a expliqué que l’une des bombes avait explosé en se fracassant contre le mur de la maison de son frère et projeté des fragments métalliques dans une pièce, blessant sa belle-sœur et sa fille de 4 ans.

Dimanche dernier, le propriétaire d’un atelier de couture à Sanaa, la capitale yéménite, a déclaré qu’une frappe aérienne avait tué deux personnes, dont un garçon de 14 ans, et blessé quinze autres personnes.

Des recherches sont en cours pour un autre employé encore enseveli sous les décombres du bâtiment situé dans l’est de Sanaa, a indiqué Faisal al-Musabi à l’AFP.

Les rebelles houthis, qui contrôlent Sanaa depuis septembre 2014, ont fait état de pertes plus élevées, s’élevant à onze employés tués et quatre autres blessés lors de la frappe contre l’atelier.

La coalition procède à des frappes aériennes contre les Houthis depuis mars dernier pour soutenir le gouvernement internationalement reconnu du président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Selon l’ONU, plus de 6 100 personnes ont été tuées au cours du conflit au Yémen depuis que la coalition a commencé ses raids, dont environ la moitié sont des civils.

La coalition a annoncé le mois dernier qu’une enquête indépendante examinerait les accusations de possibles exactions commises contre les civils dans le conflit.

Un panel d’experts de l’ONU a indiqué que la coalition a procédé à 119 sorties en violation du droit humanitaire et a demandé une enquête internationale.

Pendant ce temps, les Émirats arabes unis ont annoncé que l’un de leurs soldats participant à la guerre au Yémen a été tué dimanche dernier et qu’un autre a été blessé.

Une source de l’armée yéménite a indiqué à l’AFP qu’un véhicule piégé a frappé un véhicule blindé émirati dans la province de Lahij, dans le sud du Yémen, tuant un soldat et en blessant un autre.

Un civil a également perdu la vie selon cette même source, qui a ajouté que l’attaque semblait avoir été menée par le groupe État islamique, qui est de plus en plus actif dans le sud.

Les Émirats arabes unis ont perdu plus de 70 soldats au Yémen depuis que la coalition a lancé sa campagne militaire.

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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