La coalition saoudienne tue « deux fois plus » de civils yéménites que toutes les autres forces
Vendredi dernier, l’ONU a déploré le « carnage » causé par les récentes frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen, affirmant que cette alliance était responsable de la grande majorité des civils tués dans le conflit.
« Si on examine les chiffres, il semblerait que la coalition est responsable de deux fois plus de victimes civiles que toutes les autres forces réunies, presque toutes à la suite de frappes aériennes », a indiqué dans un communiqué le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad al-Hussein, s’indignant contre les frappes aériennes meurtrières sur un marché très fréquenté la semaine dernière.
Depuis que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a commencé sa campagne aérienne au Yémen il y a un an, le bureau des droits de l’homme de l’ONU a déclaré avoir recensé près de 9 000 victimes civiles du conflit, dont 3 218 tués. Plus de 3 000 combattants des deux côtés auraient également été tués pendant la guerre.
Jeudi dernier, l’Arabie saoudite a annoncé envisager de réduire ses opérations militaires au Yémen, mais n’a pas été très claire en ce qui concerne la date de ce retrait ou ses implications. Les responsables ont déclaré que la coalition continuera à fournir un appui aérien au gouvernement yéménite et ses alliés.
Dans ses commentaires vendredi, l’ONU a condamné « l’échec répété des forces de la coalition à prendre des mesures efficaces pour empêcher que de tels incidents se reproduisent et à publier des enquêtes indépendantes et transparentes concernant ceux qui ont déjà eu lieu. »
Zeid a dénoncé le fait que les frappes aériennes de la coalition avaient frappé des marchés, des hôpitaux, des cliniques, des écoles, des usines, des fêtes de mariage et des centaines de résidences privées dans les villes et villages.
« En dépit de l’abondance de démarches internationales, ces horribles incidents continuent de se produire avec une régularité inacceptable », a-t-il dit, avertissant que « nous assistons peut-être à la perpétration de crimes internationaux par les membres de la coalition ».
Zeid s’est particulièrement inquiété de deux frappes aériennes s’étant produites sur un marché cette semaine dans la province de Hajja, au nord du Yémen, qui est contrôlée par les Houthis.
Jeudi, l’ONU a porté le bilan de ces frappes à 119 morts et le bureau de Zeid a annoncé vendredi que 106 des personnes tuées dans ce marché bondé étaient des civils, dont 24 enfants.
« Le carnage causé par deux frappes aériennes sur le marché al-Khamees… était l’un des incidents les plus meurtriers depuis le début du conflit il y a un an », a déclaré Zeid.
Pendant ce temps, son personnel sur le terrain « n’a trouvé aucune preuve de confrontation armée ou d’objets militaires importants dans la région au moment de l’attaque », en dehors d’un petit point de contrôle situé à 250 mètres, selon le communiqué.
Cette attaque est survenue quelques semaines après un incident similaire, dans lequel des frappes aériennes le 27 février contre un marché dans un district au nord-est de Sanaa ont tué au moins 39 civils, dont neuf enfants.
La coalition conduite par l’Arabie saoudite intervient depuis le 26 mars dernier pour soutenir le président Abd Rabbo Mansour Hadi après que la milice houthie s’est emparée de grandes parties du Yémen, y compris la capitale Sanaa.
Zeid a déploré l’échec des deux parties à parvenir à un accord de paix, mais a salué le commentaire d’un porte-parole de la coalition à l’AFP la semaine dernière indiquant que les opérations de combat majeures de l’alliance au Yémen touchaient à leur fin.
« J’exhorte les deux parties à ravaler leur fierté et mettre fin à ce conflit », a conclu Zeid.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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