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La marine israélienne saisit le navire pro-Gaza dans les eaux internationales

Les forces de la marine israélienne escortent la « Marianne de Göteborg » battant pavillon suédois – une partie de la flottille de la liberté III - vers un port israélien lundi matin
« La troisième flottille de la liberté » pour Gaza, après qu'elle ait levé l'ancre de Crète, en Grèce, le 27 juin 2015 (AA)
Par MEE

Les forces navales israéliennes ont arraisonné et saisi un navire activiste cherchant à briser le blocus de Gaza, et l’ont escorté vers un port israélien lundi matin, a indiqué l'armée, en soulignant que la marine n'a pas recouru à la force.

« Conformément au droit international, la marine israélienne a demandé à plusieurs reprises au navire de changer de cap », a-t-elle dit dans un communiqué.

« Suite à son refus, la marine a visité et fouillé le navire dans les eaux internationales afin d’éviter la violation prévue du blocus maritime de la bande de Gaza. »

« Les forces navales ont signalé que l'utilisation de la force était inutile, et que le processus s’est déroulé sans incident », a-t-elle ajouté. « Le navire est actuellement escorté à Ashdod Port et devrait arriver dans les 12 à 24 heures. »

Une porte-parole militaire a confirmé à l'AFP que le navire était le « Marianne de Göteborg » battant pavillon suédois, une partie de la flottille de la liberté III - un convoi de quatre navires transportant des militants pro-palestiniens, y compris le député israélo-arabe Basel Ghattas, l’ancien président tunisien Moncef Marzouki et au moins un parlementaire européen.

Le gouvernement israélien a publié dimanche une lettre qui sera remise aux participants de la flottille, une fois qu'ils seront aux mains des Israéliens.

« Si et quand ils atteindront Israël, ils recevront une belle lettre », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon à l’AFP.

« Bienvenue en Israël ! » dit la lettre. « Il semble que vous ayez perdu votre chemin », continue-t-elle.

« Peut-être que vous aviez l'intention de naviguer vers un lieu non loin d'ici : la Syrie où le régime (du président Bachar) Assad massacre son peuple chaque jour, soutenu par le régime meurtrier de l'Iran. »

Les commentaires israéliens, cependant, ont été rejetés par les Palestiniens pour leur hypocrisie.

« Israël essaie de couvrir ses crimes contre les Palestiniens en usant de la situation en Syrie comme diversion », explique le Dr Mazen Kahel, l'un des principaux organisateurs de la flottille de la liberté III, à MEE par téléphone depuis la France.

« Est-ce que le fait qu'il y a une crise en Syrie signifie que nous devrions oublier ce qui se passe à Gaza ? Et pourquoi Israël cite-il les massacres commis ailleurs et pas ceux effectués par sa propre armée ? Nous défendons une cause juste et la solidarité internationale avec les Palestiniens se développe de jour en jour », a-t-il ajouté.

Avant la menace israélienne d'intercepter la flottille, Basel Ghattas avait mis en garde le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou contre ce qui pourrait « provoquer une crise internationale », appelant le Premier ministre à permettre le passage en toute sécurité des passagers.

Dans une tentative similaire de briser le blocus en 2010, un raid mené avant l'aube par des commandos israéliens sur le ferry turc Mavi Marmara avait tué dix militants turcs.

Plusieurs tentatives ont été déjouées depuis, mais sans effusion de sang. L’annonce de l’arrêt du dernier bateau par Israël a été accueillie par la déception et la colère des organisateurs de la flottille à Gaza même.

« J’étais impatient de voir mes collègues ici, dans la bande de Gaza », a déclaré Awni Farhat, coordinateur du projet Arche de Gaza et porte-parole de la flottille à Gaza. « Nous avons attendu leur arrivée avec impatience. Mes yeux étaient rivés sur l'horizon pendant des heures. »

« Nous nous attendions à ce que la marine israélienne fasse cette attaque dans les eaux internationales, pour contrôler et saisir le bateau. [Les autorités israéliennes] font tout ce qu'elles peuvent pour maintenir et resserrer le blocus. »

Israël a imposé son blocus sur Gaza en 2006 et en juillet-août 2014, il a lancé une offensive militaire de cinquante jours contre le territoire côtier - la troisième en six ans - tuant environ 2 200 Palestiniens principalement civils, et laissant 100 000 Gazaouis sans-abri.

Awni Farhat a déclaré que, malgré le dernier revers, il y aura plus d'efforts à l'avenir pour briser le siège.

« Au moins la flottille aide les gens à prendre conscience de la vérité et de la réalité de la politique israélienne, et comment est la vie pour les 1,8 million de personnes vivant sous le blocus. Ils ne peuvent pas avoir leur liberté, ils ne peuvent pas voyager quand ils le veulent. Cela me cause de la frustration », a-t-il dit.« Nous allons continuer à mettre la pression jusqu'à ce que nous rompions ce blocus illégal et inhumain. Nous allons continuer d’essayer ».

Traduction de l’anglais (original) par Emmanuelle Boulangé.

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