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« Le Message », film mythique, sera de retour au cinéma pour l’Aïd

Quarante-deux ans après sa parution, cette œuvre qui décrit la vie du Prophète Mohammed est de retour sur les écrans sous une nouvelle forme numérique plus contemporaine pour séduire la nouvelle génération
Scène de la version américaine d'al-Rissalah (capture d'écran)
Par MEE

Le Message (Al-Rissalah en arabe), film du réalisateur américain d’origine syrienne Moustapha Akkad, décrit la vie du prophète de l’islam Mohammed. Sorti en 1976, il présente la particularité d’avoir été tourné simultanément en anglais et en arabe, avec des acteurs célèbres à l’époque, comme Anthony Quinn, Irène Papas, Michael Ansara dans la version anglaise et Abdallah Ghaith et Mouna Wassef dans la version arabe.

Le film, dont la musique est signée par l’immense Maurice Jarre, a été nominé aux Oscars en 1977

Moustapha Akkad est né à Alep en 1930. Il a connu une remarquable carrière de réalisateur, puis de producteur, après l’immense notoriété et célébrité qu’il a tirées du Message, son premier film. 

Dans Le Message, Moustapha Akkad a réussi la prouesse de parler du prophète Mohammed sans qu’il ne soit représenté à aucun moment, comme le veut la tradition musulmane. Pour ce faire, il a utilisé la technique de la caméra subjective, qui permet au spectateur d’adopter le point de vue d’un des personnages. Pour ne pas heurter la sensibilité du spectateur musulman, le réalisateur avait également consulté au préalable des savants de l’Université al-Azhar du Caire pour lui fournir des conseils. 

Avec Le Message, le réalisateur souhaitait établir « un pont » entre la civilisation musulmane et l’Occident. 

« J’ai fait ce film car il représente un enjeu personnel », a-t-il déclaré au Washington Post en 2005. « En tant que musulman vivant en Occident, je considère qu’il est de mon devoir de dire la vérité sur l’islam. C’est une religion qui comporte 700 millions de fidèles, et pourtant, on en sait si peu à son propos que c’en est surprenant. J’ai pensé que raconter cette histoire pouvait créer un pont avec l’Occident ».

Un tournage épique

Le tournage même de ce film a été épique. Une grande partie des scènes d’intérieur furent réalisées à Beyrouth et à Londres, alors que c’est au Maroc, non loin de Marrakech, qu’Akkad commença le tournage des scènes extérieures où jouaient – sans compter les centaines de figurants – plus de 40 acteurs de 29 nationalités ! 

Il fallut reproduire les décors de la Mecque, avec le tissu recouvrant la Kaaba spécialement tissé à Tanger pour reprendre les antiques motifs, ainsi que Médine, terre d’exil des premiers musulmans. 

Mais le tournage dut s’interrompre au bout de treize mois. Selon plusieurs versions, l’Arabie saoudite s’opposa fermement au projet : le roi Fayçal subissait une grande pression de la part des muftis, notamment Abdelaziz ben Baz. Le réalisateur tenta de le convaincre, en vain. 

Aujourd’hui encore, le royaume saoudien interdit la projection d’Al-Rissalah

C’est alors dans la Libye de Mouammar Kadhafi, sur les hauteurs désertiques de Benghazi, que le tournage put reprendre. 

Kadhafi, qui voulait lancer un défi aux Saoudiens, réussit en outre à convaincre Akkad de réaliser un film sur le parcours de Omar al-Mokhtar, le grand résistant libyen face à la colonisation italienne. Le résultat, Le Lion du désert, sorti en 1981, est interprété par Anthony Quinn dans le rôle principal, après avoir campé le personnage de Hamza dans Le Message

Selon Moustapha Akkad, les studios d’Hollywood refusèrent également le projet. « Ils voulaient que je montre le Prophète. Je suis musulman et je sais ce que cela voudrait dire, alors j’ai dit non », avait-il témoigné

Il dut aussi convaincre Moussa Sadr, la grande autorité religieuse chiite au Liban à l’époque, qui ne comprenait pourquoi on ne montrait pas Ali ibn Abi Talib, gendre de Mohammed considéré par les chiites comme son légitime successeur.         

« Témoigner de la vraie image de l’islam »

Après 42 ans et la mort tragique du réalisateur dans un attentat visant l’hôtel où il séjournait avec sa fille Rima en novembre 2005 à Amman, perpétré par des membres d’al-Qaïda en Irak, son fils, Malek Akkad, a repris l’affaire familiale en produisant de nouveaux films. 

C’est ce dernier qui, aujourd’hui, propose le retour du Message sur les écrans, sous un nouveau format numérique et une version revisitée utilisant une nouvelle technologie, le 4K, qui offre une image numérique de ultra haute définition.

Le réalisateur Moustapha Akkad avec l'acteur Anthony Quinn sur le tournage (Facebook)

Pour Malek Akkad, directeur de la société de production Trancas International Films, la restauration d’Al-Rissalah cible surtout la nouvelle génération qui ne connaît pas encore le film de son père. 

 « On souhaite redonner au film un nouveau souffle pour lui rendre la notoriété qu’il avait acquise dans le passé et qu’on espère perpétuer auprès des nouvelles générations », a-t-il commenté. « Par les temps qui courent, il est plus que nécessaire de partager notre patrimoine culturel et de témoigner de la vraie image de l’islam et des Arabes ». 

La nouvelle version numérique du film Le Message sera projetée à l’occasion de la fête de l’Aïd al-Fitr (qui marque la fin du Ramadan) dans les salles de cinéma émiraties et dans d’autres pays du Golfe.

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