Le procès Gdeim Izik, piégé par la question du Sahara occidental
« Non à l'impunité des assassins », « Liberté pour les prisonniers sahraouis », « Où sont les traîtres ? » : les banderoles déployées sous la surveillance des forces de l’ordre, devant la cour d’appel de Salé, près de Rabat, en disent beaucoup de l’atmosphère très tendue dans laquelle a repris le procès.
Sur le banc des accusés : 25 militants Sahraouis accusés d’avoir tué onze policiers marocains en novembre 2010 lors d’affrontements provoqués par le démantèlement d’un camp sahraoui à Gdeim Izik, près de Laâyoune au Sahara occidental, où des milliers de Sahraouis manifestaient pour revendiquer leurs droits socio-économiques. Cette opération avait provoqué des émeutes dans la plupart des villes du Sahara occidental. Bilan : treize morts, policiers marocains et civils sahraouis.
Vidéo des événements de Gdeim Izik projetée lundi lors de l’audience
Parmi les nombreuses personnes arrêtées lors du démantèlement du camp sahraoui, 21 sont encore en prison parmi les 24 condamnés par un tribunal militaire à des peines allant de vingt ans de réclusion à la perpétuité.
L'affaire est toujours sensible et très médiatisée, avec en toile de fond la question controversée du Sahara occidental, aggravée par un face à face militaire à Guerguerat, à la frontière avec la Mauritanie.
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Le Maroc (qui considère le Sahara occidental comme faisant partie intégrante du Royaume) et le Front Polisario (qui milite pour l'indépendance du Sahara occidental), s'étaient en 2010 accusés mutuellement d'avoir provoqué ces affrontements meurtriers.
Le procès avait été jugé « inéquitable » par des ONG internationales faisant état « d'aveux obtenus sous la torture », et en juillet dernier, la Cour de cassation avait ordonné la tenue d’un nouveau procès, cette fois devant une juridiction civile, pour manque de preuve – entre autres l’absence de certitude sur les décès.
Les militants sont rejugés devant la cour d’appel de Salé, qui le 26 janvier dernier, avait accepté la demande de la défense de soumettre les accusés à une expertise médicale, mais rejeté la requête de leur accorder la liberté provisoire. La cour a également décidé de convoquer les témoins de la défense ainsi que les rédacteurs des procès-verbaux de la gendarmerie.
Vidéo de l’Agence marocaine de presse (MAP), agence officielle
Le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a appelé lundi l'ONU à intervenir pour mettre un terme aux « graves » violations marocaines des droits des Sahraouis, l'appelant à intervenir « en urgence » pour la libération immédiate et inconditionnelle des détenus de Gdeim Izik et tous les prisonniers politiques sahraouis détenus dans les geôles marocaines.
Amnesty International, mobilisé depuis le début sur ce dossier, a plaidé pour un « procès équitable, conforme aux normes internationales ».
Ce procès est « l’occasion de remédier aux nombreuses violations des droits humains ayant marqué leur procès entaché d’irrégularités qui s’était tenu en 2013 devant un tribunal militaire », a souligné Amnesty International cette semaine dans un communiqué en réclamant « le respect de la présomption d’innocence, l’ouverture d’enquêtes sérieuses sur les affirmations de torture et de mauvais traitements infligés en détention ainsi que l’exclusion de tout élément de preuve obtenu sous la contrainte ».
L’eurodéputée Paloma Lopez et vice-présidente de l’intergroupe du Sahara occidental au parlement européen a appelé à « la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis détenus dans les prisons marocaines ».
Traduction : « Nous gardons les mêmes préoccupations qu’au début du procès… Toute notre solidarité avec les familles… Liberté pour les prisonniers politiques sahraouis »
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