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Le Royaume-Uni révèle certains détails de son soutien à la campagne saoudienne au Yémen

Le gouvernement britannique a fourni des informations sur sa coopération avec l’Arabie saoudite et la coalition qui bombarde actuellement le Yémen
Une jeune Yéménite pleure la mort de ses proches dans une frappe aérienne de la coalition menée par l’Arabie saoudite (AFP)

LONDRES - Le gouvernement britannique a révélé mardi certains détails de son soutien à la campagne de bombardements aériens menée par l’Arabie saoudite au Yémen, notamment le stationnement de militaires britanniques au quartier général de la coalition dirigée par les Saoudiens.  

Interrogée sur le conflit au Yémen par Caroline Lucas, députée des Verts, la ministre d’État chargée des Forces armées, Penny Mordaunt, a déclaré que plus de 150 Britanniques étaient actuellement engagés dans le « soutien à l’Arabie saoudite ».

Un nombre non divulgué de « personnel de liaison » britannique travaille au « QG aérien et maritime de la coalition saoudienne », selon Mordaunt.

La ministre n’a pas fourni de détails sur la nature du travail entrepris au QG de la coalition, mais a toutefois indiqué qu’« aucun membre du personnel ne participe directement dans les opérations militaires saoudiennes ».

Elle a ajouté que d’autres Britanniques, dont le nombre n’a pas non plus été spécifié, étaient stationnés au « centre de coordination maritime de la coalition à Bahreïn pour aider à faciliter le flux de l’assistance humanitaire au Yémen ».

Des militants des droits de l’homme, cependant, ont déclaré à Middle East Eye que la déclaration du gouvernement britannique ne spécifiait pas clairement le rôle de la Grande-Bretagne dans la coalition menée par l’Arabie saoudite.

« Le rôle de la Grande-Bretagne dans le bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite, si tant est qu’elle en joue un, demeure obscur malgré ce communiqué du gouvernement », a affirmé Sayed al-Wadaei, directeur du plaidoyer à l’Institut pour les droits de l’homme et la démocratie de Bahreïn, une ONG basée à Londres.

« La réponse donnée par Penny Mordaunt ne dit pas clairement ce que tout ce personnel britannique est en train de faire au QG aérien et maritime de la coalition saoudienne, où, je présume, est coordonnée la campagne de bombardement du Yémen. »

La crise humanitaire au Yémen a été aggravée par la campagne de bombardement de la coalition menée par l’Arabie saoudite, ainsi que par des combats féroces sur le terrain entre les différents groupes qui rivalisent pour le contrôle du pays le plus pauvre du monde arabe.

Plus de 80 % des 21 millions d’habitants que compte le Yémen ont besoin d’assistance humanitaire, selon l’International Rescue Committee, qui a prévenu que le pays était au bord de la famine. La coalition a également été accusée par un coordinateur onusien de l’aide humanitaire au Yémen de violer le droit international lors de ses frappes. Les milices houthies ont aussi été accusées d’avoir commis de possibles crimes de guerre. 

Dans ses questions au gouvernement, la députée de Brighton, Caroline Lucas, a demandé quelles mesures avait pris le gouvernement pour s’assurer que la coalition n’était pas en train d’enfreindre le droit humanitaire international.

Mordaunt a répondu que le gouvernement « avait reçu des garanties de la part des Saoudiens qu’ils se conforment au droit humanitaire international et [que Londres] continuait à travailler avec eux sur ce point ».

La ministre des Forces armées a aussi divulgué certains détails du soutien militaire britannique à  l’Arabie saoudite, qui a lieu « selon des accords entre les gouvernements des deux pays ».

Onze militaires britanniques « conseillent » la garde nationale saoudienne, une branche spéciale des forces saoudiennes chargée de protéger la famille royale d’éventuelles crises, y compris de coups d’État.

Soixante-seize militaires et quarante-deux civils britanniques travaillent en outre avec le ministère de la Défense saoudien, « assurant l’engagement de la Grande-Bretagne en faveur de la défense de l’Arabie saoudite via l’approvisionnement en avions et navires militaires modernes, en armes et en services de support aux forces armées saoudiennes ».

Au début du mois de juin, le gouvernement, par la voix du ministre d’État à la Défense le comte Howe, avait indiqué que le pays « ne participait pas directement aux opérations militaires dirigées par l’Arabie saoudite au Yémen ».

Howe avait toutefois indiqué que la Grande-Bretagne avait fourni « un soutien technique et des armes à guidage de précision, et avait échangé des renseignements avec les forces armées saoudiennes ». Il avait en outre confirmé la présence de personnel britannique au QG aérien et maritime de la coalition saoudienne.

L’Arabie saoudite est le premier marché d’exportation d’armes du Royaume-Uni. Le gouvernement de coalition britannique, au pouvoir de mai 2010 à mai 2015, avait pendant son mandat approuvé la vente d’armes à Riyad pour un montant de 4 milliards de livres sterling.

Dans une tribune récemment écrite pour Middle East Eye, David Wearing, conseiller auprès de la Campagne contre le commerce des armes, a accusé Londres de complicité dans la crise humanitaire qui sévit au Yémen et appelé le gouvernement à revoir sa relation avec l’Arabie saoudite.

Traduction de l’anglais (original).

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