L’EI se tourne vers des « tactiques de gangsters » pour remplacer la perte des revenus du pétrole
L’industrie pétrolière de l’État islamique (EI) a été gravement touchée par les bombardements de la coalition mais le groupe se tourne désormais vers des tactiques de « gangsters », notamment l’extorsion, pour compenser ses pertes, selon le responsable des efforts britanniques dans la lutte contre les finances de l’EI.
Le vice-maréchal des forces armées Edward Stringer a déclaré mardi au sous-comité parlementaire des Affaires étrangères britannique que la coalition dirigée par les États-Unis avait ébranlé la capacité du groupe à produire et vendre du pétrole en Irak et en Syrie.
Il a indiqué cependant que l’EI optait pour d’autres formes de génération de revenus afin de maintenir ses coffres remplis.
Stringer a déclaré que pour contrer et vaincre le groupe, il fallait toujours le considérer comme un « pseudo-État », mais il a ajouté qu’il pensait que l’organisation s’en remettait à des tactiques de « gangsters » pour se maintenir à flot.
Il a indiqué que de précédentes estimations suggéraient que l’économie de l’EI se basait à hauteur de 40/40/20 % respectivement sur le pétrole, les impôts, et les activités criminelles et donations.
Suite aux efforts de la coalition visant à détruire l’infrastructure pétrolière du groupe, ce ratio, selon Stringer, est passé à 20/50/30.
« Daech [l’EI] fonctionne comme un pseudo-État, et nous menons une guerre économique », a-t-il dit. « Daech s’adaptera de même que nous nous adaptons. »
Il a précisé qu’il existait des preuves d’une augmentation des pratiques d’extorsion à l’encontre des populations locales et d’un usage accru du racket de protection. Il a déclaré n’avoir jamais été convaincu « que la part des revenus issus des pratiques criminelles était si faible ».
« Daech cherche à obtenir plus d’argent liquide grâce à l’extorsion de la population locale », a-t-il ajouté. « Nous commençons à apercevoir des pratiques de corruption et de détournement de fonds chez les hauts responsables du groupe, ce qui suggère que nous remportons un certain succès. »
Il a indiqué que l’EI gérait une « économie d’argent liquide » et avait pillé un milliard de dollars qu’il conserve dans de « grands locaux de stockage ». Les frappes de la coalition dans le nord de l’Irak ont ciblé ces réserves, a-t-il dit, et « nous pensons que nous avons retiré des centaines de millions de la circulation ».
« Micro » trafics
Stringer a également dit que, contrairement à la croyance populaire, la plupart du pétrole du groupe n’était pas vendue à l’étranger mais à l’intérieur de son territoire.
« La vaste majorité du pétrole est produite par l’EI sur son territoire », a-t-il affirmé.
« Il y a des preuves de micro-trafics, mais aucune d’un trafic de pétrole à grande échelle. Il n’est pas vendu en Turquie. »
« Nous pensons qu’une importante source de revenus est le marché interne du pétrole. Les commerces et habitations locaux ont des générateurs ».
Ceci, à son tour, permet au groupe de supporter la chute mondiale des prix du pétrole, opérant un « marché interne fermé ». « Si vous imaginez ceci comme s’apparentant à un trafic de narcotiques, vous savez que si vous divisez l’offre par deux, vous pouvez doubler les prix. Daech a pu procéder ainsi ».
Selon lui, la campagne de la coalition a réduit de 25 % la production de brut de l’EI, qui tournait à 30 000 barils par jour à son pic – mais cela reste une estimation, a-t-il précisé.
« Nous les avons empêchés d’extraire le pétrole et de le transporter. Nous les avons obligés à passer du déplacement du pétrole à sa vente à la source.
« Nous avons attaqué les têtes de puits et les raffineries et nous examinons la difficulté qu’ils rencontrent pour les réparer. »
Il a ajouté que la coalition avait aussi ciblé les additifs et les produits chimiques dont l’EI a besoin pour raffiner les produits pétroliers, indiquant que ce qui était désormais produit était du « brut à tout point de vue ».
Il a toutefois admis que la plupart des preuves étaient de « second ordre » et qu’il était difficile de « saisir ce qui se passe sur le terrain » à l’intérieur du territoire de l’EI.
Traduction de l’anglais (original).
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