Marine Le Pen prédit « le réveil de l’Europe » pendant que la gauche peine à se choisir un candidat
À trois mois de la présidentielle française, le camp socialiste doit départager ce dimanche sept candidats lors du premier tour d’une primaire imprévisible, dont le vainqueur aura fort à faire pour rassembler la gauche et peser dans une campagne dominée par la droite et l'extrême droite.
Parmi les prétendants à l'investiture de la gauche, un trio de tête se détache dans les intentions de vote : l'ex-Premier ministre Manuel Valls, 54 ans, tenant de l'aile droite du Parti socialiste (PS), tente le grand écart. Cet ambitieux au tempérament sanguin, qui rêve de « moderniser » la gauche française en brisant ses tabous, mais dont le style autoritaire et le discours pro-entreprises hérissent une partie de son camp, assure avoir « changé » et prône la réconciliation.
Bénéficiant au contraire d'une dynamique favorable dans les sondages, Benoît Hamon, qui joue à l'aile gauche du parti, confiait pour sa part avoir le « sentiment que (son) heure est arrivée ». Éphémère ministre de l'Education (avril-août 2014), cet homme de 49 ans, débarqué du gouvernement au même moment qu'Arnaud Montebourg, s'inscrit plus à gauche que son ancien allié, avec qui il partage la même volonté d'un État interventionniste en économie. Il a été jugé particulièrement convaincant lors des débats télévisés avant le scrutin, au point d'être désormais au coude-à-coude dans les sondages avec Arnaud Montebourg.
Remercié en août 2014 pour avoir critiqué le virage libéral du président Hollande, l'ex-ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, 54 ans, est un électron libre de l'aile gauche du PS, autoproclamé candidat « du travail » et du « made in France ».
En plus de ces trois favoris et de l'ex-ministre socialiste Vincent Peillon, sont également en lice la présidente du Parti radical de gauche Sylvia Pinel et deux écologistes, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias.
Grande inconnue du scrutin, la participation sera particulièrement surveillée par les observateurs. Seule une mobilisation conséquente des électeurs donnera au candidat socialiste désigné le 29 janvier une légitimité suffisante face à deux personnalités restées à l'écart de la primaire : Emmanuel Macron, à la droite du PS, et le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon.
Pour l'instant, l'élection présidentielle (23 avril et 7 mai) s'annonce comme un duel serré entre le candidat conservateur de la droite François Fillon et la présidente du Front national Marine Le Pen.
Cette dernière a prédit samedi, à Coblence, en Allemagne, lors d'une réunion de partis membres du groupe Europe des nations et des libertés (ENL) du Parlement européen fondée en 2015 (droites extrêmes et populistes européennes), une révolte électorale cette année en Europe lors d'une série de scrutins cruciaux.
Galvanisée par le Brexit et l'investiture vendredi de Donald Trump à la présidence américaine, Marine Le Pen a jugé qu'en 2017 les électeurs français, allemands et néerlandais pourraient « changer la face de l'Europe ».
« 2016 a été l'année où le monde anglo-saxon s'est réveillé. 2017 sera, j'en suis sûre, l'année du réveil des peuples de l'Europe continentale », a-t-elle déclaré.
« Il faut passer à l'étape suivante, l’étape où nous serons majoritaires dans les urnes à chaque élection », a proclamé celle qui, selon les sondages, serait au second tour de la présidentielle du printemps.
S’attaquant à l'euro, à la « tyrannie » de l'Union européenne (UE), à la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel, saluant au passage Donald Trump et le choix des Britanniques du Brexit, elle a également rappelé sa volonté d'organiser, si elle était élue en mai, un référendum sur l'appartenance de la France à l'UE.
Geert Wilders, chef du parti néerlandais anti-islam Parti de la liberté (PVV), lui a succédé à la tribune sur le même ton.
« Hier une nouvelle Amérique, aujourd'hui Coblence, demain une nouvelle Europe, nous sommes à l'aube d'un printemps patriotique », a dit celui dont la formation pourrait arriver en tête des législatives de mars.
Parallèlement, 5 000 manifestants, selon la police, ont dénoncé cette réunion. Des effigies en carton d'Hitler et de Mussolini notamment ont été exposées et les protestataires, ont brandi des pancartes barrées de slogans comme « celui qui dort en démocratie peut se réveiller dans une dictature ».
Le congrès était aussi l'occasion d'entériner un rapprochement entre le FN et l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), jeune formation populiste anti-islam et anti-élites qui est en pleine ascension électorale, surfant sur les inquiétudes générées par l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015.
L'AfD espère entrer à la chambre des députés à l'issue des législatives du 24 septembre, ce qui serait une première pour un tel parti depuis la chute du nazisme.
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