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Pour Erdoğan, le processus de paix avec les Kurdes ne peut se poursuivre au milieu des attaques

Les membres de l’OTAN discutent de la crise à la frontière turco-syrienne à l’occasion d’une réunion d’urgence à Bruxelles
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan donne un discours au parlement (AFP)
Par MEE

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a déclaré ce mardi qu’Ankara ne pouvait pas poursuivre le processus de paix avec les Kurdes si des attaques continuent de viser des cibles turques.

« Il est impossible de poursuivre le processus [de paix] avec ceux qui visent notre unité nationale et notre fraternité », a-t-il déclaré, faisant référence au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), jugé illégal.

La Turquie, qui considère le PKK comme une organisation terroriste, a initié des négociations de paix à la fin de l’année 2012 avec Abdullah Öcalan, leader emprisonné du groupe, mais les deux parties ne sont pas encore parvenues à un accord.

Ankara a étendu sa campagne transfrontalière contre l’État islamique en Syrie, et a commencé la semaine dernière à inclure parmi ses cibles des positions du PKK dans le nord de l’Irak, suite à une série d’attaques meurtrières en Turquie dont les séparatistes kurdes sont accusés.

Lundi soir, dans une région à prédominance kurde de l’est de la Turquie, des hommes armés ont abattu un commandant de police paramilitaire ; il s’agit de la dernière attaque attribuée par Erdoğan aux militants kurdes.

« Ceux qui exploitent la tolérance et la patience du peuple et de l’État recevront la réponse qu’ils méritent dès que possible », a-t-il annoncé.

Erdoğan a promis que les opérations de la Turquie contre les militants kurdes et l’État islamique se poursuivraient « avec détermination ».

« Il est hors de question de reculer. C’est un long processus et ce processus se poursuivra avec la même détermination », a-t-il déclaré aux journalistes à l’aéroport d’Ankara avant de s’envoler pour la Chine dans le cadre d’une visite officielle.

Il a également affirmé espérer que l’OTAN, qui a tenu une réunion d’urgence mardi, prendra les mesures nécessaires.

« La Turquie utilisera jusqu’au bout tous les droits utilisables découlant du droit international » pour se protéger contre les attaques, a-t-il ajouté.

La « forte solidarité » de l’OTAN avec la Turquie

Pendant ce temps, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré ce mardi que l’alliance militaire se tenait résolument aux côtés de la Turquie, membre clé de l’organisation, face aux « terribles actes de terrorisme » et à l’instabilité qui sévissent le long de sa frontière méridionale.

« L’OTAN suit les développements de très près et nous assurons notre allié turc de notre forte solidarité », a déclaré Stoltenberg à l’ouverture de la réunion d’urgence rassemblant les ambassadeurs de l’ensemble des 28 pays membres, demandée par Ankara.

« Le terrorisme sous toutes ses formes ne peut en aucun cas être toléré ou justifié. Il est juste et opportun que nous tenions cette réunion aujourd’hui afin de répondre à l’instabilité aux portes de la Turquie et aux frontières de l’OTAN », a affirmé Stoltenberg.

La Turquie, seul membre musulman de l’alliance, et qui compte parmi les plus puissants de cette dernière, a appelé à la tenue de cette réunion suite à un attentat sanglant qui a touché la semaine dernière la ville méridionale de Suruç, et qu’Ankara a attribué à des « terroristes ».

Stoltenberg n’a pas commenté la décision de la Turquie de lancer des frappes contre les combattants de l’État islamique et les militants kurdes en Syrie, regroupant ainsi ses campagnes contre les Kurdes et contre l’État islamique au sein d’une même « guerre contre le terrorisme », bien que les deux groupes soient eux-mêmes farouchement opposés.

Cette mesure a soulevé des doutes quant à savoir si la Turquie s’intéresse plus à limiter les capacités des Kurdes en Syrie et en Irak qu’à lutter contre l’État islamique.

Stoltenberg a déclaré à la BBC ce dimanche que « la légitime défense [devait] être proportionnée » ; il était également prévu qu’à l’occasion de la réunion organisée ce mardi, la Turquie soit interrogée quant à son changement manifeste de stratégie.

Les alliés de l’OTAN, les États-Unis en tête, ont jusqu’à présent considéré les groupes kurdes en Syrie et en Irak comme étant parmi les acteurs militaires les plus efficaces contre l’État islamique.

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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