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Première apparition d’une policière turque voilée pendant son service

Les figures politiques d’opposition ont fustigé la fin d’une interdiction en vigueur depuis la fondation de l’État turc moderne en 1923
Capture d’écran tirée d’images des célébrations, où apparaît la première officière de police voilée aperçue en Turquie (YouTube)
Par MEE

Une policière turque a écrit l’Histoire et suscité la controverse la semaine dernière en devenant la première officière à porter un hijab lors de son service dans l’ère moderne laïque du pays.

La chef de police, qui n’a pas été officiellement nommée, a été photographiée vêtue d’un foulard noir sous son képi officiel lors des célébrations de la journée de la victoire sur l’emblématique place Taksim, mardi dernier à Istanbul.

Cette année, le jour de la victoire, qui a lieu le 30 août pour commémorer une victoire lors d’une bataille décisive de la guerre d’indépendance turque, est survenu quelques jours après que les femmes travaillant dans la force de police nationale ont obtenu le droit de porter le foulard.

http://www.youtube.com/watch?v=KSxBnFvnc2M

La Turquie reste soumise à une Constitution fortement laïque, mise en vigueur peu de temps après sa proclamation en tant qu’État moderne en 1923.

L’interdiction du foulard islamique dans les lieux publics a été un élément important de la laïcité turque ; pourtant, au cours des dernières années, le pays a connu un relâchement progressif de cette interdiction historique.

Suite à des modifications apportées à la loi en 2010, les étudiantes se sont vu accorder le droit de porter le foulard, avant d’être suivies par les fonctionnaires d’État en 2013, puis par les élèves du secondaire en 2014.

Cependant, jusqu’à peu, les membres de la force de police et du système judiciaire avaient toujours l’interdiction de couvrir leurs cheveux en service.

L’apparition historique d’une officière de police en foulard mardi dernier a provoqué de vives réactions chez les partisans des fondations laïques de la Turquie, qui déplorent fréquemment le fait que la nature de l’État risque d’être transformée sous l’influence de l’AKP au pouvoir et du président Recep Tayyip Erdoğan.

Can Ataklı, journaliste turc de premier plan, a accusé le gouvernement de « poser de la dynamite sur les fondations de l’État » dans un éditorial publié lundi dernier.

« [Le parti au pouvoir] essaie tout simplement de tester les limites de ce que la société pourra accepter », a écrit Ataklı, accusant le gouvernement d’« [ouvrir] la voie à un État islamique ».

Le vice-président du CHP, principal parti d’opposition en Turquie, a fustigé cette démarche : « La laïcité est vitale et tout aussi nécessaire que l’eau et l’air pour ce pays ».

Ce changement dans la législation turque est survenu au milieu d’âpres discussions en Europe sur le port de l’habit islamique en public.

Alors que la controverse enfle au sujet des tentatives d’interdiction du burkini en France, la police écossaise a intégré pour la première fois le voile à son uniforme officiel fin août, suivie quelques jours plus tard par la Gendarmerie royale du Canada.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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