EN IMAGES : Le Palais de la rose à La Manouba
Le Palais de la rose, considéré comme une des merveilles de l’art architectural tunisien, a été construit en 1798 par Hamouda Pacha. Ce bey husseinite, qui régna de 1782 à 1814, habitait principalement au Palais du Bardo – actuel siège du Parlement tunisien – et avait fait du Palais de la rose sa résidence secondaire. Il s’y reposait et y venait pour ses parties de chasse.
Le palais, appelé aussi Bordj El Kebir (grand palais), construit au milieu des vergers de La Manouba, dans une plaine dont le climat est réputé pour sa douceur, tout en étant près du Bardo, fut le plus majestueux des palais de la région, qui compte près d’une vingtaine de palais beylicaux.
La commune de La Manouba, aujourd’hui quartier résidentiel près de Tunis, était à cette époque un ensemble de terres agricoles.
L’architecture dans sa globalité est d’influence ottomane et andalouse.
À sa construction, le palais comportait un élégant kiosque, qui a été transféré en haut de la colline du parc du Belvédère, il est appelé actuellement Koubet El Houa. (MEE/Ahlem Mimouna)
Le palais abrite aujourd’hui le siège du musée militaire national. Il retrace, avec ses 23 000 pièces (armes à feu, chars, plans, maquettes, tenues, tableaux, etc.), l’histoire militaire de la Tunisie depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.
Cinq principales salles composent le palais, chacune est consacrée à une période : l’époque ancienne, l’époque médiévale, l’époque ottomane et mouradite (de la dynastie des Mouradites qui régna sur la régence de Tunis de 1613 à 1702), l’époque husseinite (dernière dynastie tunisienne avant l’instauration du régime républicain), et celle de la résistance armée.
Les salles secondaires sont réservées à la création du premier noyau de l’armée nationale, aux matériels médicaux militaires ou encore aux différents uniformes des différentes unités militaires à travers les époques.
Les grands engins, comme les chars, les hélicoptères ou les canons, sont exposés dans les jardins qui s’étendaient à perte de vue à l’époque de son bâtisseur, aujourd’hui réduits à quelques mètres carrés.
Des photos ont été récemment ajoutées, montrant le rôle de l’armée au cours de la révolution de 2011. On y voit notamment un tableau exposant les photos des militaires tombés depuis cette date, pour leur rendre hommage. (MEE/Ahlem Mimouna)
Après la mort de son bâtisseur, Hamouda Pacha, le palais a changé de fonction à plusieurs reprises. En 1839, Ahmed Bey le transforma en une caserne d’artillerie et de cavalerie. Sous le protectorat français, il servit de quartier général pour les forces de l’occupation. Après l’indépendance, il abrita l’école des sous-officiers puis d’autres services relevant du ministère de la Défense. En 1977, le ministère de la Défense entreprit une grande restauration qui dura sept ans.
C’est Habib Bourguiba qui décida d’en faire un musée militaire. Il l’inaugura le 25 juin 1984, à l’occasion du 28e anniversaire de la création du premier noyau de l’armée tunisienne. Il était réservé aux militaires et à leurs familles. Ce n’est qu’en 1989 qu’il sera ouvert au public. L’entrée coûte 1 dinar. (MEE/Ahlem Mimouna)
Une longue et large allée dessert la porte principale du palais vers une pièce voutée appelée Driba (ou vestibule), conçue comme une salle d’attente pour les visiteurs du bey. Elle comporte des banquettes avec des niches, à droite et à gauche, des murs en céramique et des ouvertures arquées de part et d’autre. Elle ouvre sur une grande cour pavée.
En face, se trouve le luxueux palais auquel on accède par un escalier étroit en marbre blanc d’Italie. À droite, se trouve une petite mosquée.
Le palais comprend un rez-de-chaussée et un étage. Le rez-de-chaussée fut réservé autrefois aux services (cuisine, ménage) et l’étage comportait les chambres d’habitation.
Dès l’entrée, on distingue onze arcades successives blanches et noires, avec des colonnes effilées en marbre, de vieille tradition tunisienne. Une deuxième Driba accueille le visiteur. (MEE/Ahlem Mimouna)
La salle à droite du hall d’entrée était auparavant la salle de justice et des audiences. Le bey, en vacances, n’y exerçait que le mercredi.
Aujourd’hui, elle accueille une exposition sur l’histoire militaire de la Tunisie à l’époque punique et romaine. On y trouve des statues de soldats romains, des maquettes des flottes carthaginoises, une reproduction des ports puniques de Carthage ou encore les batailles de Hannibal.
Toujours dans la salle des arcades et des colonnes en marbre, on distingue aussi des voûtes finement décorées de plâtre sculpté selon la technique de naksh-hdîda (technique de décoration manuelle du stuc).
Les alcôves des fenêtres qui donnent sur la cour extérieure sont couvertes de carreaux en céramique tunisienne. (MEE/Ahlem Mimouna)
Les trois salles principales sont en forme de T. Les pièces secondaires, appelées mkasoura, se trouvent aux extrémités. La salle d’honneur donne sur le patio mais aussi sur la porte d’entrée, permettant au bey d’apercevoir son invité dès son arrivée depuis le portail principal.
Le revêtement en stuc décore aussi les trois dômes de cette pièce. Des motifs husseinites tels que les éléments étoilés et les cyprès ornent les voûtes et les arcs.
Dans cette « salle de la résistance armée », on trouve une exposition sur l’occupation française, une série de tenues et de photos des résistants, des extraits de journaux relatant les événements de l’époque, des armes ainsi que de l’artillerie. (MEE/Ahlem Mimouna)
Les salles du palais entourent un vaste patio avec un bassin et une fontaine. Ils ont été construits lors de la rénovation, remplaçant le grand jardin du bey avec ses palmiers et ses agrumes.
Le décor en stuc, les arcades ainsi que les colonnes en marbre se poursuivent aussi dans les couloirs du patio.
La céramique d’Italie, d’Espagne ou de Tunisie occupe la totalité des murs, intérieurs et extérieurs, sur plus de 3,50 mètres de hauteur.
Les carreaux de céramique sont à dominante verte, bleue et brune avec des motifs floraux. Le décor est soigneusement conservé dans son état initial. La restauration se distingue dans les pièces fraîchement ajoutées. (MEE/Ahlem Mimouna)
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].