Aller au contenu principal

Un acte de violence politique a lieu toutes les 90 minutes en Egypte

Selon les conclusions d'un rapport, les Egyptiens ont subi plus de 1 500 actes de violence politique au cours des trois premiers mois de l’année 2015
Plus de 250 engins explosifs improvisés et bombes assourdissantes ont secoué l'Egypte au cours des trois premiers mois de l'année (AFP)

L'Egypte a connu 1 641 actes de « violence politique et de militantisme » au cours du premier trimestre 2015, soit en moyenne un incident toutes les 1,5 heures, d'après les conclusions d'un nouveau rapport.

174 Egyptiens ont été tués et plus de 600 autres ont été blessés suite à des violences politiques survenues dans les trois premiers mois de l'année, selon un rapport publié cette semaine par le Democracy Index, basé au Caire.

Ce programme de surveillance non gouvernemental, financé par l'International Development Centre, a constaté une baisse constante du nombre d'incidents depuis le début de l'année ; le nombre le plus élevé d'actes violents (664) a été enregistré en janvier, mois du quatrième anniversaire du soulèvement égyptien de 2011 contre Hosni Moubarak.

Fréquence des actes de violence politique (janvier-mars)

Le Caire a été la région la plus violente de l'Egypte au cours du premier trimestre, suivie de près par la province agitée du Sinaï Nord, où le gouvernement mène des opérations de répression militaire contre les groupes militants.

Le rapport comptabilise les incidents relatifs à des bombes posées mais désamorcées plus tard, sans causer de blessés. Ces incidents constituent la grande majorité des « actes de violence » au cours du premier trimestre de l'année (535).

Des explosions d'engins explosifs improvisés et de bombes assourdissantes ont eu lieu à 286 reprises, selon le rapport, soit trois fois par jour.

La fréquence des attentats à la bombe au cours du premier trimestre 2015 a poussé Bey2ollak, une application égyptienne populaire proposant des informations routières afin de « donner aux gens les moyens de vaincre le trafic », à lancer un service de média social pour informer les gens de l'emplacement des explosions.

Ce service rassemble des informations fournies par des utilisateurs de Twitter via le hashtag #Bey2ollak_Où_est_la_bombe puis vérifie les données et envoie une mise à jour aux utilisateurs de l'application.

Les bombes sont généralement placées de manière à tuer et blesser des personnes travaillant dans la police et l'armée, et visent également des infrastructures telles que des pylônes électriques, qui, d’après le rapport, ont été ciblées à 115 reprises entre janvier et mars.

Cependant, les civils et les passants sont aussi fréquemment tués par des explosions dans les lieux publics ; début mars, une explosion à l'extérieur des locaux de la Cour suprême au Caire a entraîné la mort de deux personnes, dont un jeune avocat qui venait de signer sa prestation de serment pour être admis dans la profession.

La troisième forme la plus courante de violence politique est « la dispersion des protestations et des affrontements entre manifestants et policiers ».

Selon le rapport, la police a été « la cause principale de 228 actes de violence ».

Le 25 janvier, jour de l'anniversaire des soulèvements, vingt personnes ont été tuées en un seul jour, dont un officier de police.

Le meurtre la veille de Shaimaa al-Sabbagh, une manifestante non armée qui était en route pour la place Tahrir, place emblématique du Caire, pour y déposer des fleurs en mémoire des personnes tuées au cours des manifestations de 2011, a également provoqué l'indignation en Egypte, et de nombreux militants ont signalé que le problème de l'impunité de la police, qui a conduit au soulèvement contre Moubarak, n’avait toujours pas été traité.

Un officier de police a été remis à la justice pour le meurtre de la manifestante.

Le rapport du Democracy Index a été publié au moment où le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé de nouvelles mesures visant à réprimer la violence politique perpétrée par les citoyens.

S'exprimant ce jeudi lors d'une réunion avec le ministre égyptien de l'Intérieur, le chef des services de renseignement et des responsables de la sécurité et de l'armée, Sissi a souligné la nécessité de continuer à cibler les « sources du terrorisme et de la criminalité » dans le pays.

La « coordination complète du travail de terrain » par l'armée et la police se poursuivra, a déclaré le Président, cité par le journal gouvernemental al-Ahram.


Traduction de l'anglais (original) par VECTranslation.
 

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].