Un policier tué par des hommes armés dans le sud tunisien
TUNIS - Les images sont floues mais on peut distinguer un fourgon de police dans la nuit, à l’arrêt, et deux corps à terre.
À minuit et quarante minutes, dans la nuit du dimanche 12 mars, quatre hommes armés sur deux mobylettes sont arrivés à l’entrée de la ville Kebili, au sud de la Tunisie, et sont entrés en confrontation avec la patrouille de police.
La première vidéo prise par un amateur ayant filtré sur le net montre donc deux des agresseurs tués dans l’attaque, aux côtés d’un policier, Moudhafer Ben Ali, âgé de 25 ans, lui aussi mort dans l’affrontement.
Deux de ses collègues sont actuellement hospitalisés à Gabès, ville voisine, avec le troisième terroriste, qui a pu être arrêté.
Le quatrième agresseur a été arrêté dans la soirée, selon le ministère de l'Intérieur.
Le ministère de l'Intérieur a également indiqué que les motos étaient équipées d'« engins explosifs de fabrication artisanale ».
« Tout est calme mais la police est partout » décrit à Middle East Eye, Majda Amara correspondante pour la radio tunisienne à Kebili. « Les hommes qui ont attaqué sont des jeunes âgés de 20 à 25 ans, originaires de la région. »
Selon les médias tunisiens, une brigade spéciale a été dépêchée peu après l’attaque pour désamorcer les explosifs encore présents sur les lieux. Les premiers témoignages racontent aussi que des habitants ont tenté de s’interposer entre les hommes armés et les policiers.
« Un des hommes, blessé, a essayé de déclencher le dispositif, mais j’ai réussi à l’empêcher de faire exploser la moto. J’ai saisi l’arme d’un des terroristes pour aider la patrouille à sécuriser l’endroit. J'ai découvert que l’éclairage public ne fonctionnait pas dans la zone sauf où se trouvait la patrouille fixe », témoigne un habitant à la radio Mosaïque FM.
Pour l’instant, l’attaque n’a pas été revendiquée.
« Nous avons démontré que le terrorisme n’a pas d’avenir en Tunisie »
C’est une première pour l’étape touristique de Kebili située en plein cœur d’une oasis, près de Tozeur, autre site très fréquenté du Sud tunisien.
Des menaces sécuritaires pesaient pourtant sur la ville, où le 7 mars, le ministère de l’Intérieur avait annoncé « l’arrestation d’un dangereux terroriste ».
Le 18 novembre 2016, un autre communiqué annonçait l’arrestation d’un homme de tendance « takfiriste » (extrémistes dissidents des Frères musulmans) qui projetait une attaque contre les forces de l’ordre et s’était renseigné sur la façon de fabriquer des explosifs. Les autorités n’ont pour l’instant pas fait de lien entre cette arrestation et l’attaque d’aujourd’hui.
C’est aussi une des premières attaques du genre depuis le début de l’année. Elle survient près d’une semaine après la date anniversaire de l’attaque de Ben Guerdane, le 7 mars 2016 qui avait fait treize morts parmi les forces de sécurité.
Le Premier Ministre Youssef Chahed s’est rendu pour l’occasion à Ben Guerdane la semaine dernière. « Aux habitants de [la ville] résistante de Ben Guerdane, votre victoire dans la bataille du 7 mars, la victoire de nos agents sécuritaires et de nos militaires, ont été un tournant dans la lutte contre le terrorisme », avait-il déclaré.
Le ministre de la Défense, Farhat Horchani, lui avait fait écho en ajoutant : « Nous avons démontré que le terrorisme n’a pas d’avenir en Tunisie ».
La Tunisie vit sous état d’urgence depuis le 24 octobre 2015, date à laquelle un attentat contre un bus de la garde présidentielle avait fait douze morts. L’état d’urgence avait été prolongé successivement en octobre 2016 et janvier 2017 par le président de la république Béji Caïd Essebsi.
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