Vague d’arrestations à l’approche des élections égyptiennes
Les forces de sécurité égyptiennes auraient arrêté environ 800 personnes depuis lundi, dans une vague d’arrestations qui intervient seulement quelques jours avant les élections législatives, qui sont attendues depuis longtemps.
Ces arrestations ont eu lieu dans tout le pays, où des millions d’Égyptiens doivent se présenter dans les bureaux de vote les 17 et 18 octobre pour élire un nouveau Parlement.
Les services de sécurité affirment que les personnes arrêtées sont « soupçonnées d’avoir commis des crimes terroristes ».
Une source parmi les services de sécurité a déclaré au site d’actualités al-Araby al-Jadeed, basé à Londres, que la plupart des détenus étaient des étudiants en lien avec des mouvements islamistes, accusés de « représenter une menace pour la sécurité nationale du pays ».
La sécurité est la principale priorité à l’approche du scrutin, et les représentants de l’État ont promis mardi de répondre « durement » à toute activité illégale en rapport avec les élections.
Les élections parlementaires sont l’une des étapes clefs qui s’inscrivent dans la feuille de route vers la transition démocratique établie en 2013 après que l’armée a chassé Mohamed Morsi lors d’un coup d’État qui avait emporté l’adhésion de certaines franges de la population.
À l’origine, le vote était prévu pour mars dernier, mais il a été repoussé indéfiniment suite à la décision de la Haute cour constitutionnelle selon laquelle plusieurs des lois encadrant les élections seraient anticonstitutionnelles.
La répression des étudiants
Les étudiants ont été enjoints de participer au scrutin en raison des craintes de faible participation.
Cependant, les représentants de l’État ont cherché à réprimer l’activité politique sur les campus après des années d’agitation.
Cette année, la sécurité a été accrue sur les campus de tout le pays, et le président de la prestigieuse université du Caire a menacé de « couper la tête » de ceux qui projetteraient d’organiser des manifestations politiques sur son campus.
Les recherches sur les suspects potentiels sont principalement effectuées par des entreprises de sécurité privées à l’instar de Falcon, qui est dirigée par un ancien chef des services de sécurité, et Queen Service, qui appartient aux forces armées.
Les étudiants de l’université de Zagazig, en Basse-Égypte, ont manifesté cette semaine après l’arrestation d’une de leurs camarades au motif qu’elle refusait de retirer son niqab, un voile qui lui couvrait le visage, lors d’une fouille menée par des gardiens de sexe masculin.
Sara Mechaal a été placée en détention pour quinze jours après avoir refusé de se plier à une fouille sur le campus.
Les femmes portant des « pantalons sexys » seront interdites de vote
Mardi, au cours d’une conférence de presse, le major général Rifaat Qamsan, qui conseille les ministres sur les questions électorales, a déclaré que toute femme vêtue de ce qu’il a appelé « un pantalon sexy » n’aura pas le droit d’entrer dans l’un des 11 000 bureaux de vote qui seront installés dans tout le pays.
« Nous devons respecter les lois et les traditions », a affirmé Rifaat Qamsan, qui est entré au comité électoral après avoir travaillé en tant qu’assistant d’Habib el-Adli, le ministre de l’Intérieur de l’ancien dictateur déchu Hosni Moubarak.
Rifaat Qamsan a également soutenu devant les journalistes que l’Égypte n’avait « rien à craindre » des observateurs internationaux qui assisteront aux élections, mettant l’accent sur le fait que Le Caire avait invité « un grand nombre » d’organismes internationaux à venir contrôler le vote.
Plus de 60 ambassades ont été autorisées à contrôler le scrutin, a déclaré la semaine dernière le Haut comité aux élections.
Parmi les pays représentés se trouvent les États-Unis, l’Allemagne et le Japon, ainsi que l’Union européenne.
Huit délégués de l’Union européenne sont arrivés à l’aéroport du Caire ce mardi afin de surveiller le vote, ont rapporté les médias locaux.
L’Union européenne avait déclaré en janvier qu’elle n’enverrait pas de mission complète pour assurer le contrôle des élections, dénonçant des violations des droits de l’homme qui, avait-elle déclaré, « assombrissaient les perspectives de stabilité à long terme de l’Égypte. »
Traduction de l’anglais (original) par Mathieu Vigouroux.
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