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Afghanistan : un taliban donne à son insu une interview à la télé israélienne

Le porte-parole des talibans s’est exprimé sur la télé publique israélienne par téléphone depuis le Qatar
Suhail Shaheen, porte-parole et négociateur taliban, assiste à une conférence de presse à Moscou, le 9 juillet 2021 (AFP)
Suhail Shaheen, porte-parole et négociateur taliban, assiste à une conférence de presse à Moscou, le 9 juillet 2021 (AFP)
Par MEE

Sans le vouloir, les talibans ont accordé une interview à un média israélien et affirmé à cette occasion que les minorités – notamment le dernier juif supposé d’Afghanistan – ne seraient pas persécutées sous leur règne.

S’exprimant sur la chaîne publique israélienne Kan par téléphone, Suhail Shaheen, porte-parole des talibans basé au Qatar, a déclaré que les membres des minorités seraient en sécurité en Afghanistan tandis que s’exacerbent les craintes à leur sujet après leur prise de contrôle du pays. Beaucoup restent sceptiques face aux assurances données par le groupe.

« Nous nous sommes présentés comme la chaîne d’information Kan, mais nous n’avons pas souligné que nous sommes un média israélien », a déclaré Roi Kais, le reporter de Kan qui s’est entretenu avec Shaheen, dans un article concernant cette interview.

Traduction : « Je fais de nombreuses interviews avec des journalistes chaque jour après la chute des centres des provinces d’Afghanistan et de la capitale Kaboul face à l’Émirat islamique, certains journalistes peuvent dissimuler leur identité mais je n’ai pas fait d’interview avec une personne se présentant comme travaillant pour un média israélien. »

Admettant qu’il ne connaissait pas « le dernier juif » d’Afghanistan, le porte-parole des talibans a indiqué qu’il y avait des « sikhs et des hindous dans le pays » et qu’ils bénéficiaient de la « liberté de religion ».

Par le passé, les talibans auraient eu un discours antisémite et anti-israélien.

Emprisonné et torturé

La présence juive en Afghanistan remonterait au VIIe siècle. Si plusieurs milliers de juifs – certains disent des dizaines de milliers – vivaient en Afghanistan au début du XXe siècle, la persécution des gouvernements successifs les ont amenés à pratiquement tous fuir le pays, faisant de Zebulon Simentov l’unique représentant de la communauté au milieu des années 2000.

Simentov, qui dirige la seule synagogue active de Kaboul, avait déclaré en avril qu’il allait quitter l’Afghanistan et rejoindre sa famille en Israël.

Mais selon le média indien WION, il a déclaré mardi qu’il ne partirait pas.

« Je ne vais pas quitter ma maison. Si j’étais parti, il n’y aurait eu personne pour entretenir la synagogue », explique-t-il. « J’ai eu l’occasion de partir pour les États-Unis, mais j’ai laissé tomber. »

À son retour en Afghanistan en 1998 après plusieurs années au Turkménistan, Simentov a été emprisonné et torturé par les talibans, qui contrôlaient alors le pays, parce qu’ils pensaient qu’il était un espion.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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