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Afghanistan : les talibans entrent dans Kaboul, négociations en cours au Qatar

Le ministre qatari des Affaires étrangères a exhorté les talibans à se retirer et à « calmer l’escalade »
Des combattants talibans dans la province afghane de Laghman, le 15 août 2021 (AFP)
Des combattants talibans dans la province afghane de Laghman (est), le 15 août 2021 (AFP)

Une délégation du gouvernement afghan rencontre ce dimanche 15 août au Qatar des représentants des talibans, le groupe étant, selon les témoignages, déjà entré dans la capitale Kaboul.

Un membre de l’équipe de négociation de Kaboul, Fawzi Koofi, a déclaré à Reuters que la partie gouvernementale comprendra l’ancien vice-président afghan Abdullah Abdullah. Une information que Middle East Eye n’a pas pu vérifier de manière indépendante.

Selon Reuters, la délégation et les représentants des talibans doivent discuter de la transition politique et des responsables américains devraient être impliqués dans les pourparlers.

Abdullah Abdullah a annoncé que le président Ashraf Ghani avait « quitté » le pays.

Ce départ parachève la déroute des dernières semaines, après sept années au pouvoir au cours desquelles il ne sera pas parvenu à rebâtir son pays, contrairement à ses promesses.

« L’ancien président a quitté l’Afghanistan, laissant les gens dans cette situation. Il rendra ses comptes devant Dieu et les gens rendront leur jugement », a déclaré Abdullah Abdullah, également chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale.

« Les talibans ont gagné », a reconnu dimanche soir le président afghan tandis que les talibans criaient victoire dans le palais présidentiel à Kaboul.

Un accord de partage du pouvoir

L’avancée des talibans sur Kaboul marquera la fin victorieuse d’une offensive d’à peine dix jours pour reprendre le pouvoir après avoir été renversés par les forces dirigées par les États-Unis il y a deux décennies à la suite des attentats du 11 septembre.

Les talibans veulent prendre le contrôle du pouvoir en Afghanistan « dans les jours à venir » par un transfert « pacifique », a déclaré un de leurs porte-paroles à la BBC dimanche, alors que leurs troupes encerclent la capitale.

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Le Qatar a appelé samedi les talibans à cesser le feu et à arrêter leur offensive en pleine débâcle des forces du gouvernement local entraînées par les États-Unis.

Le ministre qatari des Affaires étrangères Mohammed ben Abderrahmane al-Thani, lors d’une réunion avec un haut représentant des talibans à Doha, a exhorté le groupe à se retirer et à « calmer l’escalade », a déclaré le ministère dans un communiqué.

Doha, qui abrite le bureau politique des talibans, a facilité des réunions ponctuelles entre les talibans et le gouvernement afghan pendant des mois, avec peu de signes de progrès.

Les négociateurs du gouvernement afghan au Qatar ont proposé aux talibans un accord de partage du pouvoir en échange de la fin des combats dans le pays, selon l’AFP, citant une source de la délégation gouvernementale.

Avec les deuxième et troisième villes du pays, Kandahar et Herat, désormais aux mains des talibans, la capitale, Kaboul, est effectivement la dernière position des forces gouvernementales, qui ont offert peu ou pas de résistance ailleurs.

Pendant ce temps, l’OTAN a annoncé dimanche qu’elle soutenait les efforts visant à parvenir à une solution politique « plus urgente que jamais ».

« Nous aidons à maintenir les opérations à l’aéroport de Kaboul pour garder l’Afghanistan connecté avec le monde », a déclaré à l’AFP un responsable de l’OTAN.

Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a laissé la porte ouverte à une éventuelle rencontre avec le chef officiel des talibans, qu’il n’a pas nommé, pour discuter de la situation concernant l’aéroport international de Kaboul, qu’Ankara veut continuer à protéger.

Un porte-parole du groupe a par la suite déclaré à MEE que les dirigeants talibans étaient disposés à rencontrer le président Erdoğan « dans les bonnes circonstances ».

Le chef spirituel des talibans, Haibatullah Akhundzada, n’a pas été vu en public depuis 2016. Le visage public actuel du groupe est le mollah Abdul Ghani Baradar, l’un des co-fondateurs des talibans, qui dirige le bureau politique et fait partie du groupe équipe de négociation à Doha.

Traduit de l’anglais (original) et actualisé.

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