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Colère après la nomination d’un député d’extrême droite à la vice-présidence du groupe d’amitié France-Algérie

José Gonzales, doyen de l’Assemblée nationale, s’est déjà fait remarquer lors du discours inaugural de la nouvelle législature en juillet 2022, en affirmant que l’armée française n’avait commis aucun crime en Algérie
Député de la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière du Rassemblement national (extrême droite) dont il est membre de 1978, José Gonzales est également membre de la commission de la défense nationale et des forces armées (AFP/Christophe Archambault)
Député de la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière du Rassemblement national (extrême droite) dont il est membre depuis 1978, José Gonzales est également membre de la commission de la défense nationale et des forces armées (AFP/Christophe Archambault)
Par MEE

« Une nouvelle provocation », « à vomir », « une insulte » : la nomination de José Gonzales, 79 ans, député français, comme vice-président du groupe parlementaire d’amitié France-Algérie a provoqué surprise et indignation, notamment dans certains médias algériens, au sein de la gauche en France, et sur les réseaux sociaux.

Il faut dire que le profil de José Gonzales a de quoi interpeller : député de la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière du Rassemblement national (extrême droite), dont il est membre depuis 1978, il est également membre de la commission de la défense nationale et des forces armées.

Son âge – 79 ans – fait de lui le doyen du palais Bourbon et c’est à ce titre qu’il a prononcé le discours inaugural du nouveau Parlement français en juillet 2022.

Ce discours avait d’ailleurs été très médiatisé puisque l’élu, né en 1943 à Oran, avait notamment évoqué avec émotion son passé de pied-noir en Algérie. « J’ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d’amis. Je suis un homme qui a vu à jamais son âme meurtrie », avait-il déclamé sous les applaudissements d’une partie de l’Hémicycle.

Mais il avait aussi déclaré aux journalistes qu’il n’était « pas là pour juger si l’OAS [Organisation de l’armée secrète] avait commis des crimes » et qu’il ne savait pas ou presque ce qu’était cette organisation.

José Gonzalez s’était également improvisé avocat de l’armée française, en soulignant que cette dernière n’avait pas commis de crimes en Algérie, « et encore moins des crimes contre l’humanité ». 

« Si je vous emmène avec moi en Algérie […] dans le djebel [montagnes], vous verrez beaucoup, beaucoup, beaucoup d’Algériens qui n’ont jamais connu la France et qui nous disent : “Monsieur, quand est-ce que vous revenez ?” », avait-il enchaîné.

« Tel un cheveu sur la soupe »

Un vice-président de groupe d’amitié est nommé par le bureau de ce même groupe dont la mission est, selon les termes de l’Assemblée nationale, de « tisser un réseau de liens personnels entre les parlementaires français, leurs homologues étrangers et les acteurs de la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays concerné ».

Le groupe d’amitié France-Algérie comprend en tout dix vice-présidents.

« Comment le gouvernement français accepte-t-il de désigner ce député révisionniste dans un groupe d’amitié censé rapprocher les deux nations ? », s’interroge le site Dernières infos d’Algérie.

« Après une année de brouille, et au moment où elles se réchauffent sous l’impulsion des présidents des deux pays, les relations algéro-françaises avaient besoin d’autre chose que d’un tel cheveu sur la soupe », commente le site Tout sur l’Algérie.

En France, Louis Boyard, député de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), et Mathilde Panot, président du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, se sont aussi insurgés sur Twitter, à l’instar d’autres personnalités de la gauche française et de militants contre l’extrême droite.

Sur Médiapart, l’enseignant et historien Fabrice Riceputti se demande aussi : « Nous ignorons quel degré de nuisance pourra avoir José Gonzalez au sein du groupe d’amitié France-Algérie auquel il a été nommé, avec l’aval de la présidence macroniste de l’Assemblée. Mais quel genre d’"amitié" peut donc se construire sur le déni, le mensonge, le négationnisme des crimes du colonialisme ? »

Cette nomination est selon le chercheur « un symptôme parmi d’autres d’une véritable aphasie postcoloniale, d’une incapacité à reconnaître la réalité de la colonisation et de la guerre coloniale d’Algérie, pourtant fort bien connue. Soixante ans plus tard, la République ne parvient toujours pas à dire sa responsabilité première et essentielle de puissance colonisatrice dans tous les malheurs de cette guerre, y compris dans celui de José Gonzalez. »

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