Une trentaine d’incendies ravagent le nord de l’Algérie
Une trentaine d’incendies attisés par un épisode de canicule ont débuté lundi soir dans le nord de l’Algérie, notamment en Kabylie, tuant cinq personnes selon les pompiers et les autorités forestières locales.
Les équipes de la Protection civile tentent d’éteindre 31 incendies dans quatorze wilayas (préfecture) du nord du pays. Dix sont en cours à Tizi Ouzou, l’une des villes les plus peuplées de Kabylie. Quatre autres ont éclaté à Jijel (est).
Les villes de Bouira, Sétif, Khenchela, Guelma, Bejaïa, Bordj Bou Arreridj, Boumerdès, Tiaret, Médea, Tébessa, Blida et Skikda sont également touchées par des incendies, a indiqué sur Twitter la direction générale de la Protection civile.
Ces incendies ont causé la mort de deux personnes à Aït-Yenni. Une autre est décédée à Yakourène, poumon forestier de la région, et une autre encore près d’Azazga, non loin de Tizi Ouzou, a précisé Youcef Ould Mohamed, le conservateur local des forêts, cité par l’agence de presse algérienne APS.
« Nous déplorons malheureusement sept décès. Six dans la région (Tizi Ouzou) et un à Sétif », dans le nord, a déclaré à la télévision le ministre de l’Intérieur Kamel Beldjoud, qui s’est rendu accompagné d’une délégation ministérielle à Tizi Ouzou.
Les incendies se propagent en raison d’un vent fort qui complique la tâche des secouristes, a souligné Ould Mohamed auprès d’APS.
Ces feux surviennent alors que l’Algérie connaît un été caniculaire marqué par une raréfaction de l’eau dans le pays. Les services météorologiques prévoient ce mardi des températures allant jusqu’à 46 degrés.
Des images impressionnantes de ces incendies circulent sur les réseaux sociaux et les appels à la solidarité avec les villageois assiégés par les flammes se sont également multipliés.
Lors d’un Conseil des ministres tenu le 25 juillet, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’élaboration d’un projet de loi punissant sévèrement les auteurs d’incendies criminels de forêts, avec des peines allant jusqu’à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l’incendie a causé la mort d’individus.
Selon le conservateur local des forêt, Youcef Ould Mohamed, les incendies dans plusieurs communes de la wilaya de Tizi Ouzou « sont d’origine criminelle ».
Depuis le début juillet, 8 500 hectares de forêt ont brûlé, selon le ministère de l’Agriculture
« Le déclenchement simultané d’une trentaine de feux, dont dix importants, dans différentes communes de la wilaya le jour même où un bulletin météorologique spécial (BMS) lance une alerte canicule ne peut avoir une origine naturelle », a soutenu ce responsable, ajoutant : « De par notre expérience, il est impossible que l’origine de ces départs de feux soit naturelle, il s’agit d’incendies criminels. »
Un rapport établi par l’Agence spatiale algérienne (ASAL) avait indiqué que les feux de forêts étaient partis, « tous sans exception », des bordures des forêts.
Début juillet, trois personnes soupçonnées d’être impliquées dans des incendies ayant ravagé 1 500 hectares de forêts dans le massif des Aurès (nord-est de l’Algérie) ont été arrêtées.
Depuis le début juillet, 8 500 hectares de forêt ont brûlé, selon le ministère de l’Agriculture, soit plus du triple de la surface forestière ravagée par les flammes l’année dernière à la même période (2 600 hectares).
Pays le plus étendu d’Afrique, l’Algérie ne compte que 4,1 millions d’hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76 %.
Chaque année, le pays est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44 000 hectares de taillis sont ainsi partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d’incendies criminels.
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