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Une résolution du Parlement européen sur la liberté de la presse provoque la colère d’Alger

Les deux chambres du Parlement algérien ont dénoncé la résolution adoptée jeudi 11 mai au Parlement de l’Union européenne demandant la « libération immédiate et inconditionnelle » du patron de presse Ihsane El Kadi
Poursuivi pour « financement étranger de son entreprise », Ihsane el Kadi a été condamné le 2 avril à cinq années de prison dont deux avec sursis (RSF)
Poursuivi pour « financement étranger de son entreprise », Ihsane el Kadi a été condamné le 2 avril à cinq années de prison dont deux avec sursis (RSF)

« Un ramassis de contre-vérités et de faux jugements qui dénotent clairement une volonté obstinée de nuire à l’image de l’Algérie » : la résolution du Parlement européen adoptée, jeudi 11 mai, appelant les « autorités algériennes à libérer le journaliste Ihsane El-Kadi et toutes les personnes détenues arbitrairement » et dénonçant « les atteintes aux libertés dans le pays » a été très mal accueillie par les autorités algériennes qui ont exprimé leur mécontentement via l’APS, l’agence de presse officielle.

L’Assemblée populaire nationale (APN) a aussi condamné, dans un communiqué, cette résolution « au contenu infondé et erroné » et manifesté sa « profonde indignation » face à « une immixtion éhontée du Parlement européen dans les affaires internes de notre pays ».

L’APN a, par ailleurs, exprimé, « son extrême étonnement » face à l’attitude du Parlement européen qui a « ignoré le canal direct de communication entre les deux instances, à savoir « la Commission parlementaire mixte Algérie-Union européenne ».

Le Sénat algérien a quant à lui fustigé, dans son communiqué, ce qu’il considère comme « une flagrante contrevérité véhiculée sous le couvert des principes du droit international, ce qui constitue une immixtion éhontée dans les affaires internes d’un État souverain ».

Une visite d’État compromise

L’arrestation d’Ihsane El Kadi, dirigeant d’un des derniers groupes de presse indépendants d’Algérie – qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Emergent – a suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe.

Poursuivi pour « financement étranger de son entreprise », le patron de presse a été condamné le 2 avril à cinq années de prison dont deux avec sursis.

Le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger a également prononcé la dissolution de sa société Interface Médias et la confiscation de tous ses biens saisis.

Amnesty appelle à la libération d’un patron de presse algérien
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Dans une résolution largement adoptée jeudi par 536 voix pour, quatre contre et 18 abstentions, les eurodéputés appellent les autorités algériennes à autoriser de nouveau les médias qu’elles ont interdits, et à mettre un terme aux arrestations et aux détentions d’activistes politiques, de journalistes, de défenseurs des droits de l’homme et de syndicalistes. 

Reporters sans frontières s’est pour sa part félicité de l’adoption de cette résolution qui montre selon l’ONG que le Parlement européen « n’entend pas rester silencieux face à la répression menée par les autorités algériennes contre les derniers médias indépendants du pays, quand bien même il s’agit d’un partenaire économique important ».

« Alors que le procès en appel du journaliste El Kadi est attendu dans les jours qui viennent, RSF demande à la Commission européenne et aux États membres de tout faire pour que le journaliste retrouve sa liberté ».

À quelques semaines d’une visite d’État annoncée pour juin mais encore incertaine en France du président algérien Abdelmadjid Tebboune, les eurodéputés invitent les institutions de l’UE ainsi que les États membres à aborder l’affaire El Kadi avec les autorités algériennes et à condamner ouvertement la répression exercée contre la liberté des médias. 

Ils les prient d’exhorter Alger à garantir l’octroi de visas et d’accréditations aux journalistes étrangers et de laisser ceux-ci travailler librement.

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