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Soudan : des combattants des FSR ont tué et mangé des animaux d’un zoo près de Khartoum

Des sources civiles au Darfour, au Kordofan et à Khartoum ont déclaré à MEE que faute de pouvoir se nourrir de manière régulière, les combattants des FSR dépendaient du pillage des biens ou du paiement de la nourriture avec de l’argent volé
Selon le responsable de la réserve animalière, deux cerfs, deux gazelles et un chameau ont été abattus et mangés par les paramilitaires (photo fournie)
Selon le responsable de la réserve animalière, deux cerfs, deux gazelles et un chameau ont été abattus et mangés par les paramilitaires (photo fournie)

Des combattants des Forces de soutien rapide (FSR) – ces paramilitaires soudanais commandés par le général Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemetti, qui depuis le 15 avril, combattent l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane – ont fait irruption dans un zoo à la périphérie de Khartoum, abattu et emporté un chameau et deux gazelles, a déclaré le responsable du sanctuaire à Middle East Eye.

Mansour Babiker Hamid, directeur général de Sudan Animal Rescue, qui gère la réserve, a déclaré que c’était la deuxième fois que les FRS prenaient d’assaut le zoo au cours de la semaine, volant des animaux pour la viande et laissant le personnel sur place terrifié.

La réserve abrite 26 lions et cinq hyènes, ainsi que différents types de chats sauvages, des autruches et des oiseaux, des singes et des reptiles

« Il y a quatre employés au zoo en ce moment », a-t-il précisé à MEE. « Hier, j’ai parlé à l’un d’entre eux, Santino, qui m’a dit que les FSR avaient attaqué un des chameaux du zoo pour le manger. Le chameau a été abattu et emmené avec eux. La veille, un autre groupe a pris d’assaut la réserve, a agressé deux cerfs et les a emportés pour les manger. » 

Le chameau qui a été abattu était un chamelon et se trouvait à ce moment-là avec sa mère. Deux gazelles ont également été capturées.

Le Sudan Animal Rescue Centre se trouve à 35 km du centre de Khartoum, la capitale du Soudan. La réserve abrite 26 lions et cinq hyènes, ainsi que différents types de chats sauvages, des autruches et des oiseaux, des singes et des reptiles, selon Mansour Babiker Hamid, qui a parlé à MEE au téléphone.

Menace sur les clôtures électriques des lions

Depuis le déclenchement du conflit, le personnel du zoo a du mal à assurer la sécurité des animaux – ainsi que sa propre sécurité.

Avant les incursions des FSR, le zoo avait été touché par des frappes aériennes de l’armée, qui ont coupé l’alimentation électrique et gravement perturbé les animaux.

Les lions du zoo sont contenus par des clôtures électrifiées, qui ont été affectées par des pannes de courant. La réserve dispose de panneaux solaires pour fournir une alimentation de secours, mais ils ne suffisent pas à faire fonctionner les pompes à eau, ce qui signifie que les animaux ont également été privés d’eau potable.

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Cet approvisionnement en électricité extrêmement précaire a également laissé entrevoir la possibilité pour les lions de s’échapper de leurs enclos et d’errer dans le Soudan déchiré par la guerre.

Fournir de la nourriture et de l’eau aux animaux sauvages est extrêmement difficile pour le personnel du zoo.

Les 26 lions doivent manger 135 kilos de viande chaque jour, a déclaré le directeur général à MEE. Le directeur et son personnel ont travaillé sans relâche pour assurer la livraison de nourriture et d’eau à partir des marchés et des installations, principalement dans l’État d’Al-Jazirah, qui borde l’État de Khartoum.

« Nous recevons de l’eau apportée par des camions-citernes », a déclaré Mansour Babiker Hamid. « Il est si difficile de trouver de la nourriture. Il y a [toutefois] des endroits sûrs au Soudan. Nous appelons différents commerçants pour préparer de la viande pour les animaux et ils l’amènent de l’État d’Al-Jazirah. Nous les payons en espèces ou par virement bancaire. La viande est de la vache, du cheval, de l’âne, tout ce qui est disponible. »

Le Sudan Animal Rescue Centre est à vingt minutes de route du centre de Khartoum (photo fournie)
Le Sudan Animal Rescue Centre est à vingt minutes de route du centre de Khartoum (photo fournie)

Les livraisons proviennent de différentes sources et sont effectuées chaque semaine. La nourriture est apportée en voiture et les chauffeurs passent par les points de contrôle de l’armée et des FSR jusqu’au zoo.

Avant la guerre, le zoo disposait de son propre véhicule, qui se rendait sur différents marchés pour rapporter des provisions aux animaux. Mais le véhicule a été volé par les FSR au début de la guerre.

Depuis le début de la guerre, Mansour Babiker Hamid tente désespérément d’assurer le transfert sécurisé de ses animaux du zoo vers un pays voisin ou une zone plus sûre du Soudan. Il cherche à lever des fonds en ligne, a parcouru le Soudan et a négocié avec les autorités éthiopiennes et égyptiennes.

« Depuis plus de deux mois, j’appelle les organisations internationales travaillant dans la protection de la faune sauvage à transférer les animaux vers un lieu sûr ou un pays voisin »

- Mansour Babiker Hamid, directeur général du Sudan Animal Rescue Centre

« Depuis plus de deux mois, j’appelle les organisations internationales travaillant dans la protection de la faune sauvage à transférer les animaux vers un lieu sûr ou un pays voisin », a-t-il déclaré à MEE.

« Mais, jusqu’à présent, nous n’avons pas pu déplacer les animaux hors du centre, ce qui rend la situation très très difficile. C’est dangereux pour nos animaux et pour les travailleurs du zoo, surtout depuis que ces forces ont commencé à attaquer les bêtes. »

Des sources civiles au Darfour, au Kordofan et à Khartoum ont déclaré à MEE que faute de pouvoir se nourrir de manière régulière, les combattants des FSR dépendent du pillage des biens ou du paiement de la nourriture avec de l’argent volé.

Ces derniers jours, le directeur du zoo s’est rendu à Port-Soudan et à Wadi Halfa, à la frontière avec l’Égypte. « Je suis allé en Égypte pour rencontrer des responsables là-bas pour organiser le transport, mais je suis confronté à un problème pour obtenir un visa », a-t-il expliqué.

« J’ai contacté la Croix-Rouge pour sécuriser une sortie pour les animaux, mais, jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de réponse de leur part. La situation empire de jour en jour. »

MEE a contacté les FSR et la Croix-Rouge internationale pour obtenir des commentaires mais n’a pas obtenu de réponse au moment de la publication de cet article. 

Traduit de l’anglais (original).

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