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Pour la fiancée de Khashoggi, MBS devrait être « arrêté pour meurtre » lors de son atterrissage à Londres

Opposants et militants des droits de l’homme s’insurgent contre le déplacement du prince héritier saoudien à Londres pour les obsèques de la reine lundi 19 septembre
Selon The Guardian, Mohammed ben Salmane doit se rendre au Royaume-Uni pour présenter les condoléances de son royaume à la famille royale (AFP/Ludovic Marin)
Selon The Guardian, Mohammed ben Salmane doit se rendre au Royaume-Uni pour présenter les condoléances de son royaume à la famille royale (AFP/Ludovic Marin)
Par MEE

« Le décès de la reine est un événement vraiment triste. MBS [Mohammed ben Salmane] ne doit pas être autorisé à entacher [la] mémoire [d’Elizabeth II] par sa présence. Ce n’est ni le moment ni le lieu pour lui de chercher une normalisation pour ses actes meurtriers. MBS doit être tenu responsable et puni pour avoir tué Jamal et d’innombrables autres », a twitté Hatice Cengiz, la fiancée du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué et démembré au consulat saoudien à Istanbul en octobre 2018.

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Hatice Cengiz a ainsi réagi aux informations annonçant la venue à Londres de Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien, pour présenter ses condoléances à la famille royale.

Selon The Guardian, « le prince Mohammed doit se rendre au Royaume-Uni pour présenter les condoléances de son royaume à la famille royale, bien qu’il n’y ait eu aucune confirmation ou information sur sa présence aux funérailles à l’abbaye de Westminster ».

Hatice Cengiz a également souhaité que Mohammed ben Salmane « soit arrêté pour meurtre lors de son atterrissage à Londres », mais elle dit craindre que « les autorités du Royaume-Uni ferment les yeux sur les allégations sérieuses et crédibles contre le futur roi », selon le compte-rendu du Guardian.

D’après le même média, le déplacement du prince héritier a également consterné des opposants saoudiens exilés, à l’image de Abdullah Alaoudh, un dissident saoudien basé à Washington, aussi directeur de recherche de Dawn, une organisation à but non lucratif fondée par Khashoggi, qui promeut la démocratie au Moyen-Orient.

« MBS veut une pleine reconnaissance de son pouvoir »

Selon les propos de Abdullah Alaoudh rapportés par The Guardian, le voyage du prince saoudien intervient alors que l’Arabie saoudite sévit « de plus en plus durement » contre les défenseurs des droits humains dans son pays.

Il cite en exemple la récente arrestation de Salma al-Shehab, une doctorante de 34 ans de l’université de Leeds, arrêtée à son retour dans le royaume et condamné à 34 ans de prison pour avoir utilisé Twitter.

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« Il s’enhardit à parcourir le monde après l’affaire Khashoggi à la suite du processus de réhabilitation opéré – qu’ils l’appellent ainsi ou non – par les dirigeants occidentaux », commente Abdullah Alaoudh, fils d’un religieux saoudien de renommée internationale condamné  à la peine capitale en Arabie saoudite.

Selon CNN Arabic, Mohammed ben Salmane « n’assistera pas aux funérailles ». « Il devrait être assis derrière d’autres personnalités puissantes », ajoute Abdullah Alaoudh au Guardian. « Mais MBS veut une pleine reconnaissance de son pouvoir, de son existence, en se retrouvant au premier rang. Il se soucie beaucoup de ces symboles et ne veut pas être humilié ».

Des manifestations sont prévues contre la visite à Londres du prince saoudien, du roi Hamad ben Issa al-Khalifa de Bahreïn et des dirigeants des Émirats arabes unis.

Sayed Ahmed Alwadaei, de l’Institut de Bahreïn pour les droits et la démocratie, a indiqué au Guardian : « Le Royaume-Uni ne devrait tout simplement pas accueillir des dictateurs d’États réputés pour leurs bilans atroces en matière de droits humains ».

« Le Royaume-Uni ne devrait tout simplement pas accueillir des dictateurs d’États réputés pour leurs bilans atroces en matière de droits humains »

- Sayed Ahmed Alwadaei, de l’Institut de Bahreïn pour les droits et la démocratie

Agnès Callamard, la secrétaire générale d’Amnesty International, qui a enquêté sur le meurtre de Khashoggi et dont la vie a été menacée par un haut responsable saoudien, a déclaré que le voyage de Mohammed ben Salmane rappelait le meurtre du journaliste du Washington Post, dont la propre famille s’était vu « refuser le droit d’enterrer Jamal avec la dignité qu’il méritait ».

Pour rappel, en 2020, le Royaume-Uni a sanctionné six Saoudiens pour leur meurtre de Khashoggi. Certains d’entre eux étaient de hauts conseillers du prince héritier, dont Ahmed al-Asiri, chef adjoint des services de renseignement saoudiens ; Saoud ben Abdullah al-Qahtani, conseiller du prince héritier à la cour royale ; Salah Mohammed al-Tubaigy, médecin légiste au ministère saoudien de l’Intérieur ; Mustafa al-Madani, général de brigade et officier du renseignement en Arabie saoudite ; Naif Hassan al-Arifi, premier lieutenant pour le renseignement extérieur ; et le général de division Mansour Othman Abahussein.

Un juge britannique a décidé le mois dernier qu’une affaire contre le royaume intentée par un satiriste dissident ciblé par un logiciel espion pouvait être instruite, une décision qui a été saluée comme un important précédent.

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