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Selon une étude, des sécheresses extrêmes au VIe siècle en Arabie sont liées à l’essor de l’islam

Une étude universitaire indique que des périodes de sécheresse intense au VIe siècle pourraient avoir contribué à la chute du royaume de Himyar au Yémen, laquelle est susceptible d’avoir participé à l’essor de l’islam au VIIe siècle
Les déserts autour d’al-Ula au nord-ouest de la région de Médine, en Arabie saoudite (AFP/photo d’archives)
Les déserts autour d’al-Ula au nord-ouest de la région de Médine, en Arabie saoudite (AFP/photo d’archives)
Par MEE

D’intenses sécheresses dans la péninsule arabique au VIe siècle pourraient avoir joué un rôle dans l’essor et l’expansion de l’islam, selon un article de recherche publié récemment.

Les auteurs de cet article, publié par l’université de Bâle en Suisse et l’université du Massachusetts à Amherst, ont étudié les conditions climatiques dans les décennies qui ont mené à la naissance de l’islam au VIIe siècle.

En combinant des archives archéologiques, historiques et climatiques, l’étude observe qu’au moment même où le Himyar commençait à décliner dans l’Arabie du début du VIe siècle, la région subissait une intense sécheresse.

Les historiens ont longtemps débattu des conditions socio-économiques qui pourraient avoir mené au déclin du royaume de Himyar.

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À l’aide d’échantillons de stalagmites trouvées dans la grotte d’al-Hoota dans ce qui est aujourd’hui Oman, Dominik Fleitmann (professeur de sciences environnementales à l’université de Bâle et principal auteur de l’étude) a découvert qu’il y avait une fluctuation significative de la formation de ces stalagmites entre 520 et 532.

« Même à l’œil nu, on voit sur les stalagmites qu’il a dû y avoir une période sèche de plusieurs décennies », explique Fleitmann.

Avec une équipe de chercheurs, ils ont passé vingt ans à étudier les sécheresses qui ont eu lieu dans la péninsule Arabique il y a plus d’un millénaire. D’autres sources, notamment les données historiques sur les niveaux de la mer Morte, confirment une sécheresse régionale longue et particulièrement intense.

« La voie qui mène à l’eau »

Cette étude avance prudemment qu’il y a certes une corrélation entre les conditions climatiques de l’époque et le déclin du royaume de Himyar, mais que la sécheresse n’a pas provoqué directement sa chute et que cela n’a pas non plus été une cause de l’essor éventuel de l’islam dans la région.

« Cependant, la sécheresse fut un facteur d’importance dans ce contexte de bouleversement dans le monde arabe au VIe siècle », indique Fleitmann, auteur principal de l’étude.

Le royaume de Himyar fut officiellement créé au IIIe siècle dans ce qui est aujourd’hui le Yémen et prospéra pendant les siècles suivants.

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Au milieu du VIe siècle cependant, le royaume souffrait d’un déclin du commerce, de querelles intestines et d’interventions de forces extérieures, parmi lesquelles les empires byzantin et sassanide.

D’une population principalement juive, Himyar fut assiégé par le royaume chrétien d’Aksoum, son voisin dans ce qui correspond à l’Éthiopie moderne, qui finit par conquérir le royaume.

La vacance de pouvoir laissée par la chute de Himyar provoqua des changements sociétaux et l’étude suggère que cela pourrait avoir préparé la région à l’essor de l’islam au VIIe siècle.

L’idée selon laquelle le changement climatique a contribué à l’environnement social dans lequel l’islam a vu le jour n’est pas nouvelle. Des intellectuels musulmans du Moyen Âge avaient fait allusion à l’idée que le climat avait joué un rôle dans le façonnement de l’islam selon Omar Sayfo, chercheur à l’Institut Avicenne de recherche sur le Moyen-Orient. 

Même le mot « charia » utilisé pour désigner le code de conduite et les traditions juridiques de l’islam dérive d’un mot arabe archaïque signifiant « la voie qui mène à l’eau », indicateur de l’aridité de l’époque.

Aujourd’hui, l’islam est l’une des religions les plus pratiquées au monde : environ un quart de la population mondiale est de confession musulmane selon une estimation du Pew Research Center datant de 2015.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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