Cinéma : Le Jeune imam salué pour son regard sur les banlieues et la pratique de l’islam en France
« Le film pose un regard salutaire, sans œillères – et que l’on devine très juste – sur la cité, sa jeunesse et ses musulmans, stigmatisés à longueur de journée par les chaînes d’info. »
Les critiques de L’Obs ne sont pas les seules à saluer le dernier film de Kim Chapiron pour son approche de la vie dans les banlieues françaises et de la pratique de l’islam.
Le Jeune imam, sorti dans les salles en France le 26 avril, raconte la vie d’Ali, un adolescent à la dérive dans une cité de Montfermeil (93). Sa mère, qui l’élève seule, ne trouve d’autres solutions que de l’envoyer au village au Mali pour finir son éducation.
Dix ans plus tard, Ali revient. Malgré les doutes de sa mère, auprès de qui il est prêt à tout pour briller, il devient l’imam de la cité. Adulé de tous et poussé par ses succès, Ali décide d’aider les fidèles à réaliser le rêve de tout musulman : faire le pèlerinage à La Mecque.
Dans l’émission radio de référence sur le cinéma, « Le Masque et la plume », Charlotte Lipinska de Vogue juge aussi « très intéressante la façon dont il [Kim Chapiron] nous montre le quotidien des banlieues sans drogue, sans violence, avec une normalisation de la pratique de l’islam ».
« De la pratique religieuse de ces jeunes issus de l’immigration, le réalisateur a cherché à en tirer un récit qui sonne juste avant tout, en étant au plus près de la réalité sociale des cités », commente le site Lyon Capitale.
Des sujets « qui saturent tous les espaces »
Dans un débat organisé sur Twitter avec l’équipe du film, Toufik Ayadi, coproducteur du film avec Christophe Barral, à la tête de la société Srab, ont raconté à ce sujet les difficultés rencontrées au moment de la recherche de financements.
« On connaît un peu le système […] On se doutait que le parcours allait être semé d’embûches », a témoigné Toufik Ayadi.
« On n’imaginait pas que ce serait aussi dur », a ajouté Kim Chapiron, en soulignant combien ils avaient envie de « faire un film [sans traiter de sujets] comme le terrorisme, le radicalisme, l’islamisme », des sujets « qui saturent tous les espaces ».
Selon eux, le cadre dans lequel les investisseurs obligent les films à rentrer en dit long sur « la fébrilité » en France dès que l’on traite de l’islam.
Or comme l’explique Toufik Ayadi, « le but de ce film était aussi : comment sortir de cette impasse, de ces sujets qui ne créent que des polémiques ».
L’hebdomadaire Le Journal du dimanche écrit ainsi : « Avec audace et nuance, jusque dans son titre qui aura un effet repoussoir sur certains spectateurs, Kim Chapiron filme un islam simple, moderne et humaniste sans pour autant l’enjoliver. »
« Ce film ne cède pas aux représentations dominantes, c'est à dire un islam représenté comme un problème. Sans le vouloir, la manière dont on regarde l'islam est problématique » @hichbenaissa, sociologue
— C ce soir (@Ccesoir) April 26, 2023
La suite :
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Mais sur les réseaux sociaux, la journaliste Nassira el Moaddem demande : « Quand sortira-t-on du sempiternel et inintéressant débat du récit d’un islam positif versus islam négatif ? »
« Je peux vous dire que j’ai été captivée par les histoires et la psychologie des personnages. Captivée par une histoire qui montre l’islam comme une religion parfaitement banale d’une vie en collectivité […]. J’y ai surtout vu le décor du quotidien d’une ville de banlieue parisienne comme un village pourrait être rythmé par d’autres rites, religieux ou non. L’islam dans le film n’est rien d’autre qu’un ciment qui unit des gens animés par une foi, sans qu’il me soit montré, à moi spectatrice, comme un gyrophare annonçant un danger à venir ou le bien absolu. L’islam est là, et c’est tout. »
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