Culture : pour la première fois en près de 50 ans, l’Égypte laisse sortir le sarcophage de Ramsès II
Après l’exposition « Toutânkhamon, le trésor du pharaon », qui avait rassemblé quasi un million et demi de visiteurs en 2019, la Grande Halle de La Villette à Paris accueille à partir de demain, vendredi 7 avril, et jusqu’au 6 septembre, un autre pharaon superstar : Ramsès II.
À l’antenne de France Inter, Bénédicte Lhoyer, égyptologue, conseillère scientifique de l’exposition « Ramsès et l’or des pharaons », a rappelé jeudi 6 avril combien il s’agissait d’un « personnage extraordinaire », d’un roi « hors normes ».
« Le seul roi à n’avoir jamais été oublié. Il a traversé les époques, l’éternité », s’est-elle enthousiasmée en soulignant combien sa longévité était exceptionnelle pour l’époque.
Il serait né aux alentours de 1340 avant J.-C. et mort en 1213 avant J.-C. à l’âge de… 90 ans !
« Des générations d’Égyptiens n’ont connu que lui », a encore souligné l’égyptologue. « Quand il est mort, ça a dû être exactement ce qu’on a ressenti quand la reine d’Angleterre [Elizabeth II] est décédée ! »
Ramsès II est le pharaon qui a régné le plus longtemps (66 ans), qui a eu la plus grande famille (a minima 50 fils et 60 filles), les monuments les plus grands, et une épouse légendaire, Néfertari.
Ramsès II avait pris l’avion en 1976
Si cette exposition est exceptionnelle par sa tête d’affiche, elle l’est aussi par la dimension de l’événement.
Paris sera la seule ville d’Europe à l’accueillir, illustration de l’entente toute particulière entre Paris et Le Caire.
Pour la petite histoire, en 1976, pour son unique voyage hors d’Égypte, la momie du pharaon avait été transportée par avion en France pour être soignée des parasites et des champignons qui avaient colonisé le musée du Caire et commencé à la grignoter… Irradiée, elle avait été stérilisée et pu être sauvée.
À cette occasion, Ramsès II avait eu droit à un accueil digne d’un chef d’État à l’aéroport militaire du Bourget : tapis rouge, Garde républicaine au garde-à-vous sur le tarmac et présence de nombreuses personnalités dont la ministre Alice Saunier-Seïté, représentant le gouvernement.
Valéry Giscard d’Estaing, qui présidait la France depuis deux ans, avait convaincu son homologue égyptien Anouar el-Sadate de laisser la momie quitter l’Égypte en lui promettant qu’elle serait reçue « comme un souverain ».
Ce n’est donc pas un hasard si pour la première fois depuis près de 50 ans, l’Égypte accepte de prêter le sarcophage, un magnifique cercueil en bois peint (sans la momie) de Ramsès II.
« Cela représente une chance extraordinaire pour les enfants, mais aussi pour le public de tous les âges. C’est une émotion indescriptible », a déclaré lundi à l’AFPTV la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, lors du dévoilement du cercueil, en présence de l’ambassadeur d’Égypte.
Ce sarcophage où figure le roi – bras croisés sur la poitrine, tenant le sceptre héqa et le fouet nekhakha, et coiffé d’un némès orné du cobra dressé ainsi qu’une barbe postiche tressée sous son menton – n’est en réalité pas le sarcophage originel de Ramsès II.
« Lorsque le pillage du tombeau a été avéré, il a été urgent de mettre la momie à l’abri. Elle est restée près d’un siècle dans la tombe du pharaon Séthi Ier [le père de Ramsès II] », raconte Bénédicte Lhoyer.
Ce n’est que bien plus tard qu’elle a été installée dans le sarcophage montré dans l’exposition, où elle est restée plus de 2 800 ans.
Plus de 180 pièces originales
Au-delà du sarcophage, l’exposition propose une plongée dans plus de 3 000 ans d’histoire.
Au total, plus de 180 pièces originales, dont certaines jamais sorties d’Égypte, sont montrées au public.
Une animation en 3D transporte même le visiteur dans l’une des plus grandes batailles du roi : celle de Qadesh (dans le sud de la Syrie actuelle), qui opposait l’Égypte à l’Empire hittite.
La visite de la chambre mortuaire de ce roi bâtisseur est un autre défi de l’exposition.
Contrairement à l’exposition Toutânkhamon, les organisateurs ont dû faire preuve d’imagination pour celle de Ramsès II, qui faisait quelque 820 mètres carrés et a été entièrement pillée sous Ramsès IX.
Pour ce faire, ils sont allés chercher de précieux objets (masques, bijoux, etc.) découverts dans d’autres chambres funéraires, notamment celles des princesses égyptiennes.
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