Décès de Sinead O’Connor, chanteuse irlandaise emblématique convertie à l’islam et soutien de la Palestine
La célèbre chanteuse irlandaise Sinead O’Connor est décédée mercredi 26 juillet à l’âge de 56 ans. « C’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de notre Sinead bien aimée », a indiqué la famille dans une communiqué publié par la chaîne publique irlandaise RTE, sans que soient précisées les circonstances de sa mort. « Sa famille et ses amis sont dévastés. »
Née le 8 décembre 1966 à Dublin, elle connaît une enfance difficile au cours de laquelle elle a dit avoir été victime d’abus « sexuels, physiques, psychologiques, spirituels, émotionnels et verbaux ».
Son décès survient après le suicide en 2022 de son fils Shane, 17 ans. Bouleversée par sa disparition, elle avait été hospitalisée après avoir indiqué sur les réseaux sociaux qu’elle songeait elle aussi au suicide.
Connue pour ses chansons passionnées, comme son tube « Nothing Compares 2 U », l’artiste irlandaise a sorti dix albums solo, depuis « The Lion and the Cobra » (1987) jusqu’à « I’m Not Bossy, I’m the Boss » en 2014, touchant à tous les styles, de la musique traditionnelle irlandaise au blues en passant par le reggae.
Sa tête rasée, ses yeux pénétrants et sa voix mélodieuse ont fait d’elle une star dans le monde entier, se produisant toujours à guichet fermé.
Elle était également connue pour ses prises de position en faveur des droits des femme et ses critiques des agressions sexuelles au sein de l’Église catholique d’Irlande.
« J’avais tellement de préjugés sur l’islam »
En 1992, elle a dénoncé les abus sexuels contre les enfants dans l’Église en déchirant une photo du pape Jean-Paul II lors de l’émission de télévision américaine « Saturday Night Live ». Elle a fait de nouveau scandale en 1999 quand une église irlandaise dissidente l’a ordonnée « prêtresse ».
À partir du milieu des années 1990, son succès a décliné. Elle déversait ses états d’âmes sur les réseaux sociaux, menaçant ses anciens associés de poursuites judiciaires, s’épanchant sur ses problèmes de santé physiques et mentaux et sur ses relations compliquées avec sa famille et ses enfants.
En 2018, Sinead O’Connor s’est convertie à l’islam et a changé son nom en Shuhada (martyr) Sadaqat.
« C’est pour annoncer que je suis fière d’être devenue musulmane », tweetait-elle en octobre 2018. « C’est la conclusion naturelle du parcours de tout théologien intelligent. Toute étude des Écritures conduit à l’islam. Ce qui rend toutes les autres écritures redondantes. »
« J’ai commencé à étudier les écritures de différentes religions, en essayant de trouver la ‘’vérité’’ sur Dieu… Je n’aurais jamais pensé que j’adhérerais à une religion »
- Sinead O'Connor
Dans une interview avec Ryan Tubridy dans l’émission irlandaise « The Late Late Show » en 2019, elle a évoqué son voyage vers l’islam.
« J’ai commencé à étudier les écritures de différentes religions, en essayant de trouver la ‘’vérité’’ sur Dieu… Je n’aurais jamais pensé que j’adhérerais à une religion. J’ai laissé l’islam de côté jusqu’à la fin parce que j’avais tellement de préjugés sur l’islam », a-t-elle témoigné.
« Mais ensuite, quand j’ai commencé à lire, et je n’ai lu que le chapitre deux du Coran, j’ai réalisé : ‘’Oh mon Dieu, je suis à la maison. J’ai été musulmane toute ma vie et je ne m’en rendais pas compte. »
Interrogée sur le port du hijab, elle a répondu qu’elle ne le portait pas tout le temps. « Il n’y a pas de règles à ce sujet. Je m’associerais à l’aspect soufi de l’islam, je ne suis pas obligée à mon âge de porter le hijab… Je le porte parce que j’aime ça. »
Sinead O’Connor était aussi un fervent soutien de la cause palestinienne.
La chanteuse, qui arborait régulièrement un drapeau palestinien pendant ses concerts, avait refusé de se produire en Israël en 2014, à la demande du mouvement pro-palestinien Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), qui appelle à un boycott culturel d’Israël en réponse à son occupation des terres palestiniennes.
En 1997, alors qu’elle devait donner un concert organisé par des femmes palestiniennes et israéliennes sur le thème « Partager Jérusalem, deux capitales pour deux États », Sinead O’Connor avait finalement renoncé après des menaces de mort proférées par le groupuscule suprémaciste juif le Front idéologique.
Elle avait écrit une lettre ouverte à Itamar Ben Gvir, aujourd’hui ministre israélien de la Sécurité nationale d’extrême droite, qui à l’époque était membre du Front idéologique.
Dans ce courrier, elle expliquait : « J’ai toujours eu pour le peuple juif l’amour le plus passionné et de la tristesse pour ce qu’il a subi au cours des siècles. Comment peut-il y avoir la paix partout sur Terre s’il n’y a pas la paix à Jérusalem ? »
Sa lettre se terminait par un avertissement à Ben Gvir : « Dieu ne récompense pas ceux qui sèment la terreur parmi les enfants du monde. Vous n’avez donc réussi à rien sinon à l’échec de votre âme. »
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