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Détenues par Israël, des femmes et des filles palestiniennes sont victimes de viols et d’agressions sexuelles, selon des experts de l’ONU

Les rapporteurs des Nations unies ont également condamné les « exécutions arbitraires » de femmes et d’enfants commises au cours de la guerre d’Israël à Gaza
Des femmes longent un bâtiment détruit après un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 octobre 2023 (AFP)
Des femmes longent un bâtiment détruit après un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 octobre 2023 (AFP)

Des experts de l’ONU ont dénoncé lundi 19 février des cas de viols et d’agressions sexuelles commis sur des femmes et des filles palestiniennes détenues par les autorités israéliennes.

Les experts indépendants, qui font partie des mécanismes d’établissement des faits et de suivi du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, ont confirmé dans un communiqué avoir obtenu des informations selon lesquelles des détenues palestiniennes auraient été soumises à de « multiples formes d’agression sexuelle », dont au moins deux auraient été violées, tandis que d’autres auraient été menacées de viol et de violence sexuelle.

Les experts ont également fait état de fouilles à nu de femmes par des officiers israéliens de sexe masculin et de la diffusion en ligne d’images dégradantes de détenues par des soldats israéliens.

Dans une cage en plein vent et sous la pluie

Le communiqué mentionne également au moins un cas rapporté d’une femme qui aurait été détenue dans une cage en plein vent et sous la pluie.

Le communiqué indique que des « centaines » de femmes et de filles palestiniennes ont été détenues arbitrairement depuis le 7 octobre et soumises à des « traitements inhumains et dégradants », notamment des agressions sexuelles, des passages à tabac et la privation de nourriture, de médicaments et de produits hygiéniques.

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Les experts se sont également déclarés « choqués » par les informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires de femmes et d’enfants palestiniens dans des lieux où ils ont cherché refuge ou alors qu’ils fuyaient l’agression israélienne.

« Certains d’entre eux auraient tenu des morceaux de tissu blanc lorsqu’ils ont été tués par l’armée israélienne ou des forces affiliées », rapportent les experts.

En janvier, une vidéo publiée par Middle East Eye montrait Hala Rashid Abd al-Ati abattue alors que son petit-fils brandissait un drapeau blanc et qu’ils tentaient de fuir la ville de Gaza.

Le communiqué signale qu’un nombre indéterminé de femmes et d’enfants palestiniens auraient disparu après un contact avec l’armée israélienne.

Les experts ont ajouté avoir reçu « des rapports inquiétants [faisant] état d’au moins un bébé de sexe féminin transféré de force par l’armée israélienne en Israël, et d’enfants séparés de leurs parents, dont on ne sait pas où ils se trouvent ».

Au moins 142 Palestiniennes détenues en Israël

Israël a rejeté ces allégations, les qualifiant de « méprisables et infondées ». « Il est clair que les cosignataires ne sont pas motivés par la vérité, mais par leur haine d’Israël et de sa population », ont déclaré les autorités israéliennes dans un communiqué.

Les experts ont demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur ces allégations qui, selon eux, « constituent des crimes graves au regard du droit pénal international qui pourraient faire l’objet de poursuites en vertu du Statut de Rome ».

« Les responsables de ces crimes manifestes doivent répondre de leurs actes et les victimes et leurs familles ont droit à une réparation complète et à la justice », affirment-ils.

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En décembre, la Commission chargée des affaires des prisonniers et ex-prisonniers de l’Autorité palestinienne a confirmé qu’au moins 142 femmes – dont des femmes âgées et des enfants en bas âge – étaient actuellement détenues dans les prisons israéliennes.

Dans une déclaration conjointe avec le Club des prisonniers palestiniens, la commission a mis en garde contre les « crimes horribles » perpétrés à l’encontre des prisonnières.

Les femmes et les filles représentent 70 % des morts à Gaza depuis le 7 octobre, alors qu’entre 2008 et le 7 octobre 2023, les femmes et les filles représentaient moins de 14 % des 6 542 morts palestiniens recensés par les Nations unies.

« Le massacre cautionné de dizaines de milliers de civils à Gaza, dont 70 % sont des femmes et des enfants, ne peut être considéré que comme la codification d’une tendance qui se profile depuis longtemps : notre entrée officielle dans un espace et une époque qui méprisent la vie, la dignité et l’humanité des femmes et des enfants. Un point c’est tout », a écrit Reem Alsalem, rapporteuse spéciale sur la violence à l’égard des femmes et des filles, pour MEE en janvier.

L’attaque menée par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre a fait 1 139 morts, pour la plupart des civils. Environ 240 personnes ont été retenues en otage à Gaza.

Les attaques d’Israël qui ont suivi à Gaza ont fait près de 30 000 morts parmi les Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, et ont détruit la plupart des infrastructures civiles et des habitations de l’enclave.

Les bombardements féroces d’Israël sur des cibles civiles ont incité l’Afrique du Sud à saisir la Cour internationale de justice pour accuser Israël de génocide à l’encontre du peuple palestinien de Gaza.

Le 26 janvier, la Cour a déclaré des mesures provisoires exigeant d’Israël qu’il prévienne et punisse les actes génocidaires et l’incitation au génocide.

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

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