Crise sur l’immigration : Giorgia Meloni met en garde la France
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a mis en garde la France lundi contre toute « utilisation » de l’Italie dans des problèmes de politique intérieure.
« Je mettrais en garde contre l’utilisation d’autres pays pour régler des problèmes de politique intérieure, car c’est quelque chose qu’on ne fait habituellement pas », a déclaré à la presse la dirigeante d’extrême droite.
Précisant qu’elle s’était entretenue avec le président français Emmanuel Macron la veille des déclarations du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin mettant en cause sa gestion de l’immigration, Giorgia Meloni a estimé qu’il y avait clairement une différence entre le discours que la France tenait « en privé et en public ».
🟥 FACE AUX #GG : Gérald Darmanin envoie un message à @J_Bardella sur la crise migratoire à la frontière italienne : "De qui se moque-t-il ?! Si les enfants mineurs veulent quitter l'Italie, c'est bien parce que l'extrême droite est incapable de les accueillir !"#GGRMC pic.twitter.com/jC218hvyOC
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) May 4, 2023
« Cela me fait penser qu’il s’agit d’une affaire de politique intérieure française », a-t-elle commenté.
Le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a exigé vendredi des excuses de Gérald Darmanin. Il avait annulé jeudi 4 mai sa première visite à Paris, où il devait rencontrer son homologue Catherine Colonna.
La visite de Giorgia Meloni, envisagée pour juin, semble renvoyée à un horizon plus lointain tandis que les diplomates de part et d’autre des Alpes se sont désolés de voir leurs longs mois de travail réduits à néant en quelques minutes.
Le ministre français de l’Intérieur reproche notamment à Rome d’être responsable de l’« afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs » dans le sud de la France.
Selon lui, la dirigeante d’extrême droite arrivée au pouvoir en octobre est confrontée à « une très grave crise migratoire ».
« C’est une insulte gratuite et vulgaire adressée à un pays ami, allié » et « quand quelqu’un offense de façon gratuite une autre personne le minimum est qu’elle présente ses excuses », a estimé Antonio Tajani dans un entretien au quotidien Il Corriere della Sera.
« Un coup de poignard dans le dos »
Catherine Colonna a rapidement publié un message en italien sur Twitter, affirmant que « la relation entre l’Italie et la France est basée sur le respect mutuel ». Elle a appelé dans la foulée Antonio Tajani.
« Catherine Colonna m’a appelé deux fois, pour me dire qu’elle était désolée, elle a été très cordiale », a également assuré le ministre des Affaires étrangères tout en estimant que les explications de Paris restaient « insuffisantes ».
« Il s’agit d’une attaque à froid, un coup de poignard dans le dos de la part d’un membre de premier plan du gouvernement français. Il y a des choses qu’on ne peut ignorer. Le reste de l’exécutif de Macron cependant ne pense certainement pas comme Darmanin », a-t-il insisté.
La Première ministre française Elisabeth Borne a appelé vendredi 5 mai à un « dialogue apaisé » entre la France et l’Italie. Interrogée par la presse, elle a fait valoir : « Je voudrais redire que l’Italie est un partenaire essentiel de la France, que notre relation est fondée sur le respect mutuel, et qu’on va privilégier la concertation et un dialogue apaisé pour continuer à travailler ensemble. »
L’immigration est depuis des années un sujet ultra-sensible dans les relations franco-italiennes.
En novembre, les deux pays avaient connu une poussée de fièvre lorsque le gouvernement Meloni, à peine au pouvoir, avait refusé de laisser accoster un navire humanitaire de l’ONG SOS Méditerranée qui avait fini par être accueilli par la France à Toulon (sud) avec plus de 200 migrants à bord.
L’épisode avait suscité la colère de Paris qui avait convoqué une réunion européenne pour que ce scénario inédit ne se reproduise pas.
Depuis, le nombre des traversées clandestines par bateaux augmente. Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 42 000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année contre environ 11 000 sur la même période en 2022.
Près de la moitié d’entre eux proviennent de pays francophones (Côte d’Ivoire, Guinée, Tunisie, Cameroun, Burkina Faso, Mali), selon les chiffres du ministère malien de l’Intérieur.
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