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Égypte : des activistes s’inquiètent des dégâts dans l’historique Cité des morts

Une nouvelle route va relier Le Caire à la nouvelle capitale administrative, mais selon les activistes, celle-ci endommage des sites du patrimoine
Des photos partagées en ligne montrent des bâtiments endommagés dans la Cité des morts au Caire (capture d’écran/Twitter)

Des écologistes et activistes égyptiens redoutent les éventuels dommages causés à des objets et structures datant de plusieurs siècles dans l’historique Cité des morts au Caire.

Les autorités prévoient de bâtir une nouvelle autoroute reliant le centre du Caire à la nouvelle capitale administrative controversée du président Abdel Fattah al-Sissi, mais d’après les opposants au projet, l’intégrité des sites du patrimoine n’est pas suffisamment prise en considération.

La Cité des morts est une nécropole médiévale située dans le centre du Caire, à l’origine cimetière qui s’est transformé en quartier prospère.

Elle est réputée pour ses tombes converties en bâtiments d’habitation.

Ces dernières semaines, des activistes ont partagé des publications virales d’anciens objets déterrés par les travaux de terrassement dans la zone.

Blue Cairo, compte populaire sur Twitter, a signalé qu’une tablette de pierre de plus d’un millier d’années rédigée en arabe coufique avait été découverte lors des travaux dans la Cité des morts.

Les activistes utilisent le hashtag arabe « sauvez les cimetières d’Égypte » pour sensibiliser aux dommages causés, y compris à des tombes de personnalités historiques.

Réaction typique, une internaute s’est émue de la situation et la qualifie de « catastrophe », ajoutant que des « couches d’histoire de l’Égypte, datant de 1 400 ans, disparaissent pour qu’une route s’étende ». 

Certains partagent également des photos de volontaires qui se précipitent sur le site pour sauver les objets restants qui ont été jetés sur le côté, parmi les décombres et entre les bulldozers. 

Traduction : « Les gens jouent contre la montre pour sauver ce qu’ils peuvent des griffes des excavatrices et des pelleteuses. Des jeunes Égyptiens tentent de sauver ce qu’ils peuvent, il y a des blocs de marbre avec des gravures perses et des pierres tombales qui ont plus de 1 223 ans rédigées en coufique, ainsi que d’autres choses encore. » 

La construction de cette autoroute et l’expansion des industries égyptiennes sont en projet depuis plus d’un an.

L’année dernière, un habitant du quartier a témoigné auprès du Financial Times que de nombreuses familles étaient touchées par les projets de construction.

« Tout le monde dans ma famille se sent brisé… toute notre famille est enterrée ici. Ce sont des gens qui ont servi l’Égypte », confiait-il au quotidien économique. 

Des sources au Caire signalent à Middle East Eye des restrictions concernant les reportages dans le quartier alors que les autorités égyptiennes tentent de gérer les retombées en matière de relations publiques des rapports faisant état de dommages.

Traduction : « Ces tombes ne sont pas moins importantes que d’autres sites historiques en Égypte, tels que les temples, les pyramides, les mosquées et les églises. Elles constituent un héritage historique qui comprend les restes de personnalités qui ont écrit l’histoire de l’Égypte, des inscriptions et des peintures de plus de 1 300 ans. »

En réponse à la campagne sur les réseaux sociaux qui appelle au sauvetage des artefacts, le Conseil des ministres égyptien a publié un communiqué sur Facebook le 30 mai. 

« Certaines plateformes de réseaux sociaux diffusent des allégations selon lesquelles le gouvernement détruit des cimetières historiques et nous avons été contactés par le ministère du Tourisme et des Antiquités qui dément, soulignant qu’il n’y a là pas la moindre vérité », affirme le communiqué.

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Ce dernier cite par ailleurs une loi sur la protection des antiquités, énonçant que tout acte de destruction d’une antiquité est illégal, et ajoute que l’État égyptien souhaite préserver le patrimoine du pays. 

« Nous appelons toute la presse et tous les internautes à faire preuve de prudence et à s’assurer de l’exactitude et de l’objectivité des informations avant de les diffuser. Nous appelons en outre la population à contacter les autorités compétentes pour s’assurer du caractère factuel des informations avant de les diffuser, afin de ne pas provoquer la confusion parmi la population », poursuit le communiqué. 

Les autorités égyptiennes assurent également qu’aucun des quartiers historiques officiellement enregistrés de la Cité des morts n’a été rasé ou endommagé. Cependant, leurs détracteurs avancent que de nombreux sites historiques ne sont pas enregistrés et demandent aux autorités d’expliquer la présence des bulldozers sur le site.  

Des cimetières historiques 

La Cité des morts est un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et contient des mausolées de dirigeants et personnalités historiques, ainsi que des objets de l’ère mamelouk.

La région abrite le cimetière Sayyida Nafisa et le cimetière de l’imam Shafi, en fonction depuis la conquête arabe il y a 1 400 ans.

Plusieurs personnalités connues de la politique et des arts sont également inhumées en ces lieux, y compris des membres de familles royales, des poètes et des intellectuels.

Le gouvernement de Sissi affirme que son projet ne menace pas les zones historiques de la Cité des morts (Flickr/Charlie Phillips)
Le gouvernement de Sissi affirme que son projet ne menace pas les zones historiques de la Cité des morts (Flickr/Charlie Phillips)

Historiquement, cette zone, située sous les collines de Mokattam au Caire, fut aussi un cimetière public.

Plus récemment et à cause de la surpopulation, des Égyptiens parmi les plus pauvres ont déménagé dans le quartier et vivent parmi les tombes

Si certains habitants se sont vu offrir des indemnisations pour déménager dans des appartements situés dans d’autres quartiers du Caire, tout le monde n’a pas pu le faire, ce qui met leur maison et leur famille en danger. 

Les pyramides menacées

Les égyptologues et écologistes s’inquiètent par ailleurs de l’impact des projets de construction de routes sur les pyramides. 

Selon certains experts, ces routes pourraient déstabiliser le plateau sur lequel reposent les pyramides et la pollution résultant du trafic pourrait corroder les monuments. 

Selon certains experts, ces routes pourraient déstabiliser le plateau sur lequel reposent les pyramides et la pollution résultant du trafic pourrait corroder les monuments

Franck Monnier, ingénieur spécialisé dans l’architecture de l’Égypte ancienne, a déclaré au Times que certains sites du patrimoine avaient déjà été impactés.

« La chaussée monumentale antique de la pyramide de Djédefrê à Abou Rawash a été tout simplement ravagée et irrémédiablement endommagée par la création d’une nouvelle route », a-t-il déclaré au quotidien britannique. 

Bassam al-Shamaa, maître de conférences en égyptologie, confiait lui aussi au Times qu’il s’agissait d’une « catastrophe civilisationnelle », car des antiquités toujours enfouies dans le sol attendant d’être découvertes pourraient être menacées. 

Le secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités égyptiennes affirme que les autorités ont examiné les emplacements avant de lancer les chantiers et assure qu’aucun monument n’est endommagé. 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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