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Cinq antiquités exposées dans des musées étrangers que l’Égypte veut récupérer

L’Égypte demande la restitution d’objets anciens conservés au British Museum, au Louvre et au Neues Museum, entre autres
Ce buste de la reine Néfertiti d’Égypte est exposé au Neues Museum de Berlin (AFP)
Ce buste de la reine Néfertiti d’Égypte est exposé au Neues Museum de Berlin (AFP)

Depuis des décennies, l’Égypte exige la restitution de ses antiquités, dont beaucoup sont aujourd’hui exposées dans des musées du monde entier, de la Suisse aux États-Unis.

Alors que le Musée égyptien du Caire abrite plus de 120 000 objets de l’Égypte antique, ceux conservés dans des musées à l’extérieur du pays ont souvent été acquis illégalement, selon des experts et des militants.

Début janvier, les États-Unis ont rendu un sarcophage vieux de 2 700 ans à l’Égypte, après qu’un musée a établi qu’il avait été volé.

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Depuis dix ans, le pays a procédé au retour de plus de 29 000 pièces antiques qui n’auraient jamais dû quitter son territoire.

Les Égyptiens ne sont pas les seuls à tenter de récupérer leurs trésors archéologiques dans les musées étrangers. Les marbres du Parthénon du British Museum, par exemple, sont considérés comme l’un des trésors les plus contestés au monde, et la Grèce a fait à de nombreuses reprises la demande de leur restitution.

Si les responsables égyptiens ont réussi à obtenir le retour de certains objets, dont un cercueil vieux de 2 100 ans acquis par le Metropolitan Museum of Art de New York, nombreux sont ceux qui demeurent disséminés à travers le monde.

Pour ceux qui exigent ces restitutions, s’assurer que ces objets retournent en Égypte serait un dédommagement pour l’exploitation subie pendant la période coloniale, quand des archéologues étrangers se sont injustement appropriés des milliers d’antiquités.

Le retour de ces œuvres renforcerait en outre l’industrie touristique égyptienne, qui dépend fortement de son passé antique.

Ici, Middle East Eye examine certains des objets anciens que l’Égypte veut récupérer.

1. La pierre de Rosette, British Museum, Londres

Les responsables égyptiens ont demandé à plusieurs reprises au British Museum, à Londres, de rendre la pierre de Rosette.

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Celle-ci a été découverte dans la ville de Rashid (Rosette en français), dans le delta du Nil en 1799 par un membre les troupes napoléoniennes lors de la construction d’un fort pendant la brève occupation française de l’Égypte.

Au fil des siècles, la pierre est devenue l’un des objets historiques les plus renommés au monde en plus d’avoir joué un rôle crucial dans le déchiffrement des hiéroglyphes.

La pierre de granit vieille de 2 200 ans contient un texte gravé en hiéroglyphes, en grec ancien et en démotique, une forme cursive des hiéroglyphes.

Grâce à la présence du grec ancien, langue bien connue à l’époque de sa découverte, des linguistes comme le Français Jean-François Champollion ont pu déchiffrer la signification des symboles égyptiens antiques au XIXe siècle.

Cela a ouvert la voie à la traduction d’autres textes de l’Égypte antique et aidé à percer certains des mystères de cette civilisation.

Après l’échec de l’invasion française de l’Égypte en 1801, la Grande-Bretagne a fait l’acquisition de la tablette, qu’elle détient depuis.

Des touristes observent la pierre de Rosette au British Museum à Londres (AFP)
Des touristes observent la pierre de Rosette au British Museum à Londres (AFP)

Zahi Hawass, archéologue et ancien ministre égyptien des Antiquités, a réitéré ses appels à la restitution de la pierre. Une pétition internationale, signée par plus de 2 500 archéologues, a récemment été lancée à cette fin.

« La pierre de Rosette est l’icône de l’identité égyptienne », a affirmé Hawass. « Le British Museum n’a pas le droit de montrer cet objet au public. »

Mais alors que des milliers de personnes visitent le musée londonien chaque année pour voir la pierre, il est peu probable que l’Égypte la récupère de si tôt.

2. Buste de la reine Néfertiti, Neues Museum, Berlin

Un autre artefact au sommet de la liste des vestiges que l’Égypte souhaite récupérer est le buste de la reine Néfertiti, qui se trouve actuellement dans la capitale allemande Berlin.

La statue de Néfertiti, conçue par le sculpteur Thoutmôsis, a été découverte en décembre 1912 par un archéologue allemand du nom de Ludwig Borchardt dans la région d’al-Minya en Haute-Égypte. Elle est remarquablement bien conservée, notamment ses couleurs, encore intactes.

Datant de 1340 avant notre ère, sous la dynastie du Nouvel Empire, le buste est fait de calcaire, de cristal, de gypse et de cire. Bien que l’on sache peu de choses sur la reine, sa statue est considérée comme l’un des objets de l’Égypte antique les plus beaux et les plus importants. Néfertiti est souvent représentée comme un personnage royal et puissant, au même titre que son mari le pharaon Akhenaton.

Un visiteur observe le buste de la reine Néfertiti, la pièce la plus célèbre du Neues Museum (AFP)
Un visiteur observe le buste de la reine Néfertiti, la pièce la plus célèbre du Neues Museum (AFP)

Le Caire affirme que l’Allemagne a pris le buste de manière illégale et en violation des règles déterminant la nature des découvertes archéologiques autorisées à quitter l’Égypte.

Ces règles stipulent que les objets exceptionnels trouvés par les équipes de fouilles doivent être remis à l’Égypte, tandis que d’autres artefacts de moindre importance peuvent être distribués aux équipes qui les ont découverts, ainsi qu’au Musée égyptien du Caire.

En 1946, le roi d’Égypte Farouk Ier a écrit une lettre au Conseil de contrôle allié à Berlin pour demander le retour du buste. Une autre lettre officielle a été envoyée en 2011 par l’ancien secrétaire du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass.

Toutes deux ont été rejetées par Berlin. L’Allemagne insiste sur le caractère légal de sa possession du buste.

3. Le zodiaque de Dendérah, Louvre, Paris

Considéré par certains comme le premier horoscope de l’humanité, le zodiaque de Dendérah est un bas-relief carré datant approximativement de l’an 50 avant notre ère.

Il a été retrouvé au plafond d’une chapelle dédiée à Osiris, dans le temple d’Hathor, en janvier 1799 par les troupes françaises. Il détaille les mouvements des étoiles et des constellations. Des théories sur la fin du monde y sont également gravées.

Le zodiaque comprend en outre les 360 jours de l’année égyptienne et des détails sur la divinité correspondant à chaque signe zodiacal.

Le zodiaque de Dendérah au Louvre est un artefact important que l’Égypte veut récupérer (Wikimedia Commons)
Le zodiaque de Dendérah au Louvre est un artefact important que l’Égypte veut récupérer (Wikimedia Commons)

Le plafond a été transporté de son lieu d’origine à environ 70 km au nord de Louxor au musée du Louvre à Paris en 1821.

En août 2022, Zahi Hawass a demandé la restitution du zodiaque, mais aussi du buste de la reine Néfertiti et de la pierre de Rosette.

En 2009, le responsable égyptien a coupé les ponts avec le Louvre, invoquant son refus de restituer ces objets.

4. Statue d’Hémiounou, musée Roemer et Pelizaeus, Allemagne

Cette statue grandeur nature en calcaire a été découverte en 1912 par l’archéologue Hermann Junker de la Société allemande d’Orient.

On pense qu’Hémiounou était un haut responsable de l’Ancien Empire, neveu du pharaon Khéops, qui a régné il y a environ 4 500 ans.

En sa probable qualité de grand vizir, Hémiounou est associé à la construction de la pyramide de Khéops, plus communément appelée grande pyramide de Gizeh.

Les statues étaient considérées comme un foyer pour les défunts et un moyen d’adorer leur image. Alors qu’il était courant à l’époque de représenter les sujets tels qu’ils apparaîtraient dans l’au-delà – une représentation généralement plus flatteuse –, la représentation d’Hémiounou est considérée comme étant plus proche de son apparence réelle.

Les chercheurs pensent que le fait que sa silhouette soit complète signale également sa richesse et son pouvoir.

La statue d’Hémiounou exposée au musée Roemer et Pelizaeus de Hildesheim est une représentation réaliste (Wikimedia Commons)
La statue d’Hémiounou exposée au musée Roemer et Pelizaeus de Hildesheim est une représentation réaliste (Wikimedia Commons)

Les inscriptions sur le piédestal de la statue – aujourd’hui conservée au musée Roemer et Pelizaeus de Hildesheim en Allemagne – le décrivent comme « maître des scribes du roi », « superviseur de tous les travaux du roi » et « prêtre du bélier de Mendes ».

Selon Hawass, les équipes qui ont mis au jour les artefacts en Égypte ont menti sur l’importance de leurs découvertes dans le but de tromper les autorités et de justifier leur transfert dans leurs pays.

5. Buste du prince Ânkhkhâf, musée des Beaux-Arts, Boston

Le buste du prince Ânkhkhâf est fait de calcaire recouvert d’une couche de plâtre et représente peut-être la personne responsable de la construction de l’une des pyramides de Gizeh et de la sculpture du Sphinx.

Découverte en 1925 par une expédition de l’université Harvard, le buste est exposé au musée des Beaux-Arts de Boston.

Sa découverte a représenté une avancée majeure dans la mesure où il est considéré comme l’une des œuvres les plus importantes de l’Ancien Empire égyptien.

Le buste du prince Ânkhkhâf, de Gizeh, est en calcaire recouvert de plâtre (Wikimedia Commons)
Le buste du prince Ânkhkhâf, de Gizeh, est en calcaire recouvert de plâtre (Wikimedia Commons)

Ânkhkhâf était associé à la famille royale de la quatrième dynastie. Le ton rouge du plâtre recouvrant la statue était généralement utilisé pour la peau des hommes. Bien que la date exacte de la production de la statue soit inconnue, les historiens pensent qu’Ânkhkhâf a vécu sous le règne de Khéops.

Les demandes de l’Égypte pour que la statue lui soit restituée ont été rejetées plus d’une fois par le musée des Beaux-arts de Boston.

L’un des principales pierres d’achoppement vient du fait que le buste a été donné au musée par un gouvernement égyptien précédent, ce qui signifie que les dirigeants actuels n’ont aucune base légale pour en exiger la restitution.

Traduit de l’anglais (original).

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