Égypte : trois féminicides en une semaine illustrent l’« épidémie » de violence sexiste dans le pays
Trois féminicides ont eu lieu en Égypte en l’espace de deux jours la semaine dernière.
Jeudi, une employée de l’Université du Caire a été tuée sur le campus. Selon le journal gouvernemental Al-Ahram, la femme, identifiée uniquement par son prénom, Nourhan, a été abattue par un collègue dont elle avait rejeté la demande en mariage, après des mois de harcèlement.
L’agresseur se serait ensuite suicidé avec la même arme.
La veille, Shaimaa Abdel Karim, 32 ans, avait été abattue par son ex-fiancé de 36 ans alors qu’elle quittait son travail à Héliopolis, une banlieue du Caire.
L’homme aurait traqué et harcelé la jeune femme à plusieurs reprises depuis qu’elle avait mis fin à leurs fiançailles il y a douze ans.
Toujours mercredi, une troisième femme, identifiée par les médias locaux sous le nom de Sumayya, 33 ans, a été poignardée à mort par son ex-mari à Omraniya alors qu’elle quittait son travail dans une usine.
Selon les informations relayées, l’agresseur aurait harcelé Sumayya pendant deux ans après leur divorce et l’aurait menacée lorsqu’elle s’était engagée dans une nouvelle relation.
L’avocate des droits de l’homme Mai El-Sadany a qualifié la série de meurtres de « crise ».
Un problème de fond
Ces féminicides ne sont pas des incidents isolés en Égypte, ils font partie d’une tendance dans un pays où les femmes souffrent depuis longtemps de violence et de harcèlement sexuel.
En septembre 2022, Amany Abdel Karim, une étudiante de 19 ans, a été tuée par un homme dont la demande de mariage avait été rejetée par sa famille, selon les médias.
Plusieurs autres meurtres avaient eu lieu cette année-là, notamment celui de Salma Baghat, une étudiante de 20 ans tuée par un camarade dans la ville de Zagazig, et Nayera Ashraf, une étudiante de 21 ans poignardée dix-neuf fois devant l’université de Mansoura, au nord du Caire.
« L’une des choses les plus problématiques dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes... [c’est que] les gens en parlent comme si c’était la première fois, sans comprendre qu’il existe une épidémie de violence à l’égard des femmes », indique à Middle East Eye Mozn Hassan, défenseure des droits des femmes et fondatrice de l’organisation féministe Nazra.
« Je pense que c’est le problème qui se présente quand on considère les questions de genre comme quelque chose de parallèle à la société. Ce n’est pas le cas, cela fait partie de ce qui se passe [au sein de la société].
« Les gens sont choqués… mais [ces faits sont] systématiquement signalés depuis 2011, et [ils] augmentent. »
Près de huit millions d’Égyptiennes ont été victimes de violences commises par leur partenaire ou leurs proches, ou par des inconnus dans l’espace public, selon une enquête des Nations unies menée en 2015.
En 2021, la Fondation égyptienne Edraak pour le développement et l’égalité a enregistré plus de 813 cas de violence à l’encontre des femmes et des filles, contre 415 l’année précédente.
Traduit de l’anglais (original).
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