Égypte : trois hommes détenus pour « chant et danse dans une mosquée »
Le parquet égyptien a indiqué avoir placé en détention trois hommes après la diffusion d’une vidéo montrant l’un d’eux chantant et dansant dans une mosquée d’el-Marg, banlieue populaire au nord-est du Caire.
Largement partagée sur les réseaux sociaux, la vidéo montre un homme dansant, sautant et chantant micro au poing dans une mosquée sur la musique du chanteur Ahmed Moza, l’une des figures des mahraganate.
Les mahraganate (festivals) aussi connus sous le nom d’« électro-chaâbi » sont devenus le style musical le plus écouté en Égypte.
Issus des quartiers populaires du Caire, leurs musiciens utilisent des logiciels gratuits ou bon marché pour remixer de la musique traditionnelle avec des sons électroniques tout en s’inspirant du rythme des rappeurs.
Pointés du doigt par les autorités, ils se voient régulièrement interdits de scène en raison de leurs chansons jugées trop vulgaires.
Identifiés comme « le protagoniste, l’auteur et la personne ayant diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux », le communiqué publié tard mardi par le parquet ne précise pas les charges retenues contre les trois hommes « placés en détention provisoire pour les besoins de l’enquête ».
Accusation de « terrorisme »
Mona Seif, sœur du détenu politique le plus célèbre d’Égypte, Alaa Abdel Fattah, assure sur Facebook que les trois hommes ont été « interrogés par la Sûreté de l’État ».
Ils ont été arrêtés pour des accusations de « terrorisme » et de « diffusion de fausses informations », ajoute la militante qui alerte chaque jour en ligne sur le sort de son frère et des autres détenus d’opinion, dans un pays régulièrement épinglé sur les droits humains avec plus de 60 000 détenus d’opinion derrière les barreaux selon les ONG.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, le président Abdel Fattah al-Sissi est accusé par les défenseurs des droits humains d’avoir progressivement muselé la population, notamment en recourant aux procès pour « terrorisme » et « fausses informations ».
Les milieux de la musique et du cinéma indépendants se plaignent également régulièrement de subir des pressions ou de ne plus trouver de bailleurs dans un pays où l’État ou les différentes branches de l’appareil sécuritaire tiennent de plus en plus de compagnies de production.
Début mai, trois comédiens avaient été libérés après plus d’un mois de détention pour « fausses informations » et « terrorisme », après avoir posté sur TikTok une chanson dénonçant l’inflation largement relayée en ligne.
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