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Coupe du monde 2026 : Washington a poussé Riyad à saboter la candidature de Rabat

Les Mémoires du gendre et ex-conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, révèlent le lobbying de Washington pour écarter le Maroc de la course à l’organisation de la Coupe du monde de football
Pour Kushner, le vote saoudien a été un véritable « point de bascule » dans le choix des pays qui accueilleront la Coupe du monde de 2026 (AFP/Brendan Smialowski)
Pour Kushner, le vote saoudien a été un véritable « point de bascule » dans le choix des pays qui accueilleront la Coupe du monde de 2026 (AFP/Brendan Smialowski)
Par MEE

L’ancien président Donald Trump a demandé à l’Arabie saoudite de soutenir la candidature de trois pays d’Amérique du Nord, dont les États-Unis, pour l’organisation de la Coupe du monde de football de 2026, aux dépens du Maroc.

C’est ce que révèle l’ex-conseiller de la Maison blanche et gendre de Trump, Jared Kushner, dans son livre paru le 23 août, Breaking History: A White House Memoir.

Dans ses Mémoires, Kushner explique que le président Trump lui avait demandé de contacter le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, très lié à Kushner, pour s’assurer de l’appui de l’Arabie saoudite à la candidature des trois pays d’Amérique du Nord pour accueillir la Coupe du monde de football de 2026.

Pour Kushner, le vote saoudien a été un véritable « point de bascule » dans ce vote qui a eu lieu en juin 2018.

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En lice face aux États-Unis, au Canada et au Mexique, dont la candidature a été intitulée United 2026, se trouvait le Maroc, qui ambitionnait d’organiser la compétition planétaire.

Mais les 203 fédérations de football membres de la FIFA ont choisi la candidature nord-américaine avec 134 voix, contre 65 pour le Maroc. Plusieurs pays arabes ont voté pour le Maroc, dont la Tunisie, le Qatar et même le voisin hostile, l’Algérie.

À l’époque, l’opinion publique marocaine s’était insurgée contre l’attitude saoudienne. Une attitude qui était parfaitement assumée par Turki al-Sheikh, conseiller du roi Salmane, président de la Fédération saoudienne de football et de l’Union des associations de football arabe (UAFA), qui avait twitté (messages effacés depuis) sur le sujet en mars 2018 : « Aucun pays n’a demandé le soutien de l’Arabie saoudite pour l’organisation du Mondial 2026, et le cas échéant, nous chercherons notre intérêt en premier. »

Et d’ajouter dans un autre tweet : « Si vous cherchez du soutien, Riyad est l’endroit […] Vous ne gagnerez rien avec le micro-État », en allusion au Qatar, alors soumis à un blocus régional mené par Riyad et Abou Dabi.

Cette sortie est à lier à la position de neutralité du Maroc face à la crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar à l’époque.

La pression de Washington sur les Saoudiens dans le vote à la FIFA a inquiété Jared Kushner, qui confie dans ses Mémoires qu’il craignait une détérioration des relations entre son pays et le Maroc.

Il appréhendait surtout l’accueil que lui réserverait le roi Mohammed VI, courant 2019, à Rabat, après ce coup peu délicat. Mais Kushner a été agréablement surpris par « l’accueil chaleureux » qu’il « n’attendait pas », alors qu’il craignait « une réponse froide à la suite du lobbying agressif exercé par […] Donald Trump pour remporter la candidature pour la Coupe du monde de football 2026 face à Rabat ». 

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