Le rapport sur les droits de l’homme de l’administration Biden enterre le meurtre de Shireen Abu Akleh
Le rapport annuel sur les droits de l’homme du département d’État américain s’en est remis à la version israélienne concernant le meurtre de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh et n’a pas mentionné la mort d’un citoyen américain décédé après avoir été arrêté par les forces israéliennes l’année dernière.
Le rapport, publié lundi, n’a pas qualifié la mort de la journaliste d’exécution extrajudiciaire ou arbitraire, la mentionnant seulement dans sa section sur la liberté d’expression.
En mai dernier, les forces israéliennes ont tué Shireen Abu Akleh lors d’un raid israélien sur la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée. Sa mort a suscité l’indignation palestinienne et une condamnation internationale.
Une enquête de l’armée israélienne sur le meurtre de la journaliste a conclu qu’elle avait probablement été abattue par un soldat israélien mais qu’elle n’avait pas été délibérément prise pour cible. Or plusieurs enquêtes indépendantes ont révélé qu’Abou Akleh et ses collègues étaient explicitement visés bien qu’identifiables comme membres de la presse.
« Il est temps que l’administration Biden arrête de donner à ses alliés un laissez-passer pour les droits de l’homme »
- Paul O’Brien, Amnesty International
Le rapport du département d’État ne mentionne pas non plus la mort du Palestino-Américain Omar Asaad, décédé après avoir été arrêté par Israël. Sur la base du rapport d’un médecin légiste, le New York Times a affirmé que l’homme de 80 ans aurait été victime d’une crise cardiaque induite par le stress, probablement causé par le fait d’avoir été bâillonné dans le froid sur un chantier de construction.
Bien que le meurtre de ShireenAbu Akleh n’ait pas été placé dans la section des exécutions extrajudiciaires, le rapport du département d’État pointe du doigt les enquêtes d’Israël sur ses forces de sécurité et les cas d’abus, d’exécutions illégales et arbitraires ainsi que les restrictions mises en place à l’encontre des Palestiniens.
« Les systèmes judiciaires militaires et civils israéliens ont rarement conclu que des membres des forces de sécurité avaient commis des abus », indique le rapport du département d’État.
« Il y a eu plusieurs rapports selon lesquels le gouvernement ou ses agents ont commis des exécutions arbitraires ou illégales », est-il ajouté.
« Deux poids, deux mesures »
Des organisations de défense des droits de l’homme critiquent l’administration Biden, depuis des années, pour ne pas avoir tenu sa promesse de placer les droits de l’homme au centre de sa politique étrangère. Selon les défenseurs des droits des Palestiniens, le soutien diplomatique et militaire que les États-Unis continuent de fournir à Israël alimente la violence et les violations des droits des Palestiniens.
« Lorsque le secrétaire d’État Blinken a annoncé la stratégie des États-Unis en matière de politique étrangère, il a affirmé qu’elle serait centrée sur les droits de l’homme », a déclaré lundi Paul O’Brien, directeur exécutif d’Amnesty International USA, dans un communiqué.
« Pourtant, le rapport annuel sur les droits de l’homme démontre que l’administration Biden poursuit une politique de deux poids, deux mesures lorsqu’il s’agit de ne pas dénoncer les violations des droits de l’homme des principaux partenaires [des États-Unis en matière] de sécurité. »
« Il est temps que l’administration Biden arrête de donner à ses alliés un laissez-passer pour les droits de l’homme. »
Traduit (partiellement) de l’anglais (original).
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