La Confédération africaine de football lance sa Super League, mais des zones d’ombre persistent
Après la Ligue des champions féminine, la Confédération africaine de football (CAF) a officiellement lancé, ce mercredi à Arusha (Tanzanie), sa nouvelle compétition : la Super League africaine, une compétition sportive fermée qui devrait voir le jour en août 2023 et rapporter 200 millions de dollars.
Vingt-quatre clubs de seize pays différents se partageront le prix de 100 millions de dollars, soit 3,5 millions de dollars par club, tandis que le vainqueur empochera près de 11,6 millions de dollars, soit près de trois fois le montant versé au Sénégal et à l’Algérie, les deux derniers vainqueurs de la Coupe africains des nations (CAN).
Difficultés financières
Des chiffres bien loin de la réalité financière de la CAF. « La situation financière de la CAF reste trop fragile, d’où la nécessité d’implémenter des réformes », a précisé le Marocain Fouzi Lekjaa, ministre délégué du roi et président de la commission des finances de la CAF.
Les réserves de cette dernière sont passées en l’espace de cinq ans, soit depuis la fin du règne du Camerounais Issa Hayatou en 2017, de 135 millions de dollars cette année-là à environ 30 millions fin 2021.
Plus grave encore, la CAF, sous contrôle de la Fédération internationale de football (FIFA), a mis fin unilatéralement, en 2019, au contrat de 1 milliard de dollars qui la liait au groupe Lagardère jusqu’en 2028.
Un dossier qui fait l’objet d’un arbitrage international, alors que l’Égypte, pays dans lequel se trouve le siège de l’instance, réclame près de 12 millions de dollars d’indemnités pour violation des règles de concurrence dans le cadre de la signature du contrat Lagardère.
Des interrogations
Et il n’y a pas que le volet financier qui interroge. Si la CAF a levé le voile sur le déroulement de la compétition et en a fixé les dates, l’identité des clubs concernés n’a toujours pas été révélée.
Le déroulement de la compétition pose aussi un problème, principalement à la zone Nord (UNAF ; la CAF compte six zones géographiques), qui regroupe les équipes habituées à jouer les finales de la Ligue des champions de la CAF.
Sur les vingt dernières éditions, le trophée a échappé, à seulement cinq reprises, aux équipes de la zone Nord. En Super League, seuls les deux premiers du groupe sont qualifiés pour la suite de la compétition.
Des zones d’ombre qui n’ont pas empêché le président de la CAF, Patrice Motsepe, de considérer que « la Super League africaine est l’un des développements les plus excitants de l’histoire du football africain ».
Le président de la FIFA Gianni Infantino partage son enthousiasme.
Soupçonné d’être impliqué dans la tentative de création d’une Super League européenne menée par des clubs anglais, italiens et espagnols dissidents – laquelle avait échoué face à l’opposition de l’Union européenne des associations de football (UEFA), organisatrice de la Ligue des champions –, le président du foot mondial s’était ensuite officiellement opposé à ce projet en Europe.
« On ne peut que fermement désapprouver la création de la Super League. C’est en dehors du système », avait expliqué l’Italo-Suisse lors du Congrès de l’UEFA en mai 2021, après la fronde qu’il avait suscitée sur le Vieux Continent
Mercredi à Arusha, Gianni Infantino est venu dire tout le bien qu’il pensait de la version africaine, dont il est le principal architecte dès 2019. « Il faut prendre les vingt meilleurs clubs d’Afrique et les faire jouer dans une ligue africaine », avait déclaré le président de la FIFA à partir de Lubumbashi (République démocratique du Congo) pour les 80 ans du club Tout-Puissant Mazembe.
Trois ans après, Gianni Infantino n’a pas caché sa satisfaction de voir cette idée prendre forme : « Ce projet est historique. C’est la première Confédération qui adopte ce projet et s’y intéresse. Le rêve deviendra réalité en août 2023 et ce projet profitera au continent », a-t-il assuré. Un rêve bien célébré, le soir même, en compagnie de Patrice Motsepe.
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