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Gérald Darmanin critiqué pour son hommage à un monument dédié à la guerre d’Algérie

Des personnalités algériennes et françaises ainsi que des internautes ont fustigé l’hommage du ministre de l’Intérieur français le qualifiant de « honteux » et d’« insultant », pour des raisons parfois différentes​​​​​​​
Gérald Darmanin, dont le grand-père était Algérien, s’est récemment rendu en Tunisie et en Algérie pour discuter de lutte contre le terrorisme et d’immigration illégale (Twitter)
Gérald Darmanin, dont le grand-père était Algérien, s’est récemment rendu en Tunisie et en Algérie pour discuter de lutte contre le terrorisme et d’immigration illégale (Twitter)

Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a suscité la controverse lors de sa visite en Algérie après avoir publié une vidéo où il rend hommage aux combattants algériens tombés lors de la guerre d’indépendance contre la France.

Si le monuments des Martyrs est un passage obligé pour les dirigeants étrangers en visite en Algérie, cet hommage a été condamné par certains en France qui le qualifient d’« insulte » et de « honte ».

Gérald Darmanin a débuté sa visite de deux jours à Alger samedi dans le cadre d’une tournée axée sur la lutte contre le terrorisme et l’immigration illégale, à la suite d’un attentat perpétré par un migrant tunisien qui a tué trois personnes dans la ville française de Nice le mois dernier.

Le ministre français, qui a rencontré son homologue algérien Kamel Beldjoud, le Premier ministre Abdelaziz Djerad, le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum et le ministre des Affaires religieuses Youcef Belmehdi, a souligné l’importance d’améliorer les relations bilatérales « fortes » entre les deux nations.

Un grand-père algérien

Gérald Darmanin espère que sa tournée au Maghreb – il était vendredi à Tunis – et ses visites en Italie et à Malte contribueront à renforcer la posture de la France en matière de sécurité et contribuera à la répression de l’extrémisme au niveau national, en particulier au projet d’expulsion d’un certain nombre de ressortissants maghrébins considérés comme une menace pour la sécurité.

Gérald Darmanin, dont le grand-père était Algérien et a combattu avec les forces de la résistance française en 1944, a également rendu hommage aux soldats français au cimetière Saint-Eugène de Bologhine.

Mais l’hommage au monument algérien n’a pas été bien accueilli, que ce soit par les Algériens ou par les Français. 

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Le député européen Thierry Mariani, des Républicains (droite), a dénoncé l’hommage de Gérald Darmanin en le qualifiant d’« insulte » et d’« affront » aux harkis (terme faisant référence aux Algériens ayant combattu pour la France), aux pieds-noirs et aux anciens combattants de l’armée française.

D’autres personnalités politiques ont également condamné cet hommage aux combattants de la résistance algérienne, notamment le maire de Béziers, Robert Ménard, qui a été condamné en 2017 pour avoir promu la théorie complotiste du « grand remplacement » (celle de la population française par une population originaire d’Afrique en particulier du Maghreb).

Valérie Boyer, autre membre des Républicains, a également critiqué Gérald Darmanin en parlant de « trahison ».

Dans le même temps, certains internautes ont appelé le gouvernement français à la « cohérence » concernant sa position sur la colonisation. 

De nombreux Algériens ont également réagi à la vidéo, la qualifiant de « honte » pour le gouvernement algérien.

Certains internautes ont rappelé les remarques du ministre français en 2017, qui avait jugé « inacceptables » les propos d’Emmanuel Macron sur la colonisation (ce dernier avait déclaré qu’il s’agissait d’un crime contre l’humanité).

Régulièrement moqué sur les réseaux sociaux

La visite en Algérie de Gérald Darmanin fait suite à celle du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui s’est rendu en Algérie le mois dernier et avait été accueilli par le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé en Allemagne depuis le 28 octobre après avoir contracté le COVID-19

L’Algérie ne s’est pas encore prononcée sur le fait d’accepter la liste de ses ressortissants que la France entend expulser en raison de leurs liens avec l’extrémisme, mais des informations officieuses assurent déjà que l’Algérie rejette cette demande de rapatriement. 

À l’inverse, la Tunisie a exprimé sa volonté de rapatrier ses ressortissants suspectés d’être « radicalisés » sous réserve que leurs droits juridiques soient garantis en France. 

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Ce n’est pas la première fois que Gérald Darmanin suscite la controverse depuis qu’il a pris la tête de la récente campagne visant les « ennemis de la République » après le meurtre de Samuel Paty. Cet enseignant de 47 ans avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mohammed publiées par le magazine Charlie Hebdo.

L’organisation caritative musulmane BarakaCity a été dissoute par les autorités françaises, Gérald Darmanin affirmait que l’organisation « avait justifié des actes terroristes ».

Le mois dernier, le ministre a également fait l’objet de moqueries sur les réseaux sociaux après avoir donné une interview au cours de laquelle il laissait entendre que certains rayons des supermarchés, notamment les rayons casher et halal, contribuaient au « séparatisme ».

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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