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France : l’avocate de l’imam Hassan Iquioussen cible de menaces

Maître Lucie Simon et l’une des juges qui ont signé l’ordonnance de suspension de l’expulsion de l’imam ont porté plainte pour menaces, alors que l’appel du ministère de l’Intérieur doit être examiné ce vendredi par le Conseil d’État
Le ministre de l’Intérieur avait annoncé le 28 juillet l’expulsion de Hassan Iquioussen (Twitter)
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé le 28 juillet l’expulsion de l’imam de nationalité marocaine Hassan Iquioussen (Twitter)

Depuis qu’elle a pris la défense de l’imam Hassan Iquioussen, l’avocate Lucie Simon a reçu de nombreux messages de menaces et d’injures. L’une des trois magistrats qui ont signé l’ordonnance de suspension de l’expulsion de l’imam de France a elle aussi été menacée et a vu son nom publié sur Twitter. Les deux femmes ont déposé plainte auprès du tribunal judiciaire de Paris.

« Depuis l’annonce, via Twitter par [le ministre de l’Intérieur] Gérald Darmanin, de la volonté du ministère de l’Intérieur d’expulser M. Iquioussen, notre consœur est personnellement la cible d’un odieux déferlement de haine et d’injures, en raison de sa seule qualité d’avocate », écrivent ses avocats, Nino Arnaud et Romain Ruiz, dans un communiqué.

L’appel du ministère examiné ce vendredi

Le ministre de l’Intérieur avait annoncé le 28 juillet l’expulsion de Hassan Iquioussen, prédicateur dans le Nord, accusé d’avoir exprimé des appels à la haine et à la violence contre la communauté juive notamment.

Le tribunal administratif de Paris a suspendu le 5 août cette demande, estimant que cette expulsion porterait une « atteinte disproportionnée » à la « vie privée et familiale » de l’imam, âgé de 57 ans et né en France, mais de nationalité marocaine.

L’appel du ministère doit être examiné ce vendredi 26 août par le Conseil d’État.

« Consécutivement à cette décision, d’innommables menaces de viol et de mort se sont adjointes aux injures dont notre consœur était d’ores et déjà victime », selon les deux avocats de maître Lucie Simon.

« De plus en plus souvent, les juges, les avocat.es, les journalistes, les militant.es, les associations font l’objet d’actes d’intimidation, de menaces ou de campagne de harcèlement dès lors qu’elles expriment leur soutien ou défendent des personnes étrangères », a estimé le Syndicat des avocats de France.

« L’attitude du ministre de l’Intérieur qui médiatise à outrance des cas individuels et part en croisade sur les réseaux sociaux contre les personnes qu’il considère unilatéralement comme ennemis de la République ou comme étant ‘’une minorité d’emmerdeurs’’, met incontestablement de l’huile sur le feu », poursuit le syndicat.

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« Nous espérons que notre consœur bénéficiera de la même inclinaison du ministre de l’Intérieur à s’élever publiquement pour protéger les policiers objets de menaces, ou a minima, de celle de notre ancien confrère devenu garde des Sceaux [Éric Dupond-Moretti] à protéger la justice des tentatives de déstabilisation dont elle fait trop fréquemment l’objet », écrivent les avocats de Me Lucie Simon.

La Ligue des droits de l’homme, qui, sans cautionner les propos de l’imam, s’est élevée contre la demande d’expulsion le visant au nom du « respect des principes de droit », a également porté plainte le 3 août pour « menaces de mort réitérées » à l’encontre de ses membres, selon son président, l’avocat Patrick Baudouin.

« On ne peut qu’être scandalisé devant de telles menaces alors que la LDH ne fait que remplir sa mission, la défense du respect des principes qui fondent l’État de droit », a réagi Me Baudouin.

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