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France : le Conseil du culte musulman dénonce la « libération de la parole raciste » dans l’Éducation nationale

Le CFCM déplore la multiplication de « dérapages parfois blessants, violents et illégaux avec des traumatismes durables » contre des musulmanes
L’odieux assassinat de Samuel Paty est instrumentalisé pour s’attaquer à des élèves musulmanes, déplore le Conseil français du culte musulman (Afp/Pascal Guyot)
L’odieux assassinat de Samuel Paty est instrumentalisé pour s’attaquer à des élèves musulmanes, déplore le Conseil français du culte musulman (AFP/Pascal Guyot)
Par MEE

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) dénonce la multiplication d’incidents et d’attaques contre des élèves et des étudiantes musulmanes.

Dans un communiqué publié le 23 juin, le CFCM « s’inquiète et déplore que de plus en plus de femmes et de jeunes filles sont victimes, au sein des sanctuaires que sont l’école et l’université, de propos et comportements discriminatoires dus notamment à une libération de la parole raciste et à une conception de la laïcité erronée et contraire à la loi ».

« Certaines personnes, à l’origine de ces propos et discriminations, font référence à l’assassinat odieux perpétré contre le professeur Samuel Paty et appellent à davantage de fermeté contre ceux qu’ils qualifient de promoteurs d’un ‘’islam politique’’, furent-il des enfants de moins de 10 ans »

Conseil français du culte musulman

Des « actes et propos discriminatoires » qui « portent atteinte à la dignité des élèves et étudiants visés, au bon déroulement de leur scolarité, et plus globalement à la sérénité et au cadre de nos établissements éducatifs qui doivent gérer tant de défis », note le CFCM.

« Certaines personnes, à l’origine de ces propos et discriminations, font référence à l’assassinat odieux perpétré contre le professeur Samuel Paty et appellent à davantage de fermeté contre ceux qu’ils qualifient de promoteurs d’un ‘’islam politique’’, furent-il des enfants de moins de 10 ans », dénonce encore le CFCM

Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, a été assassiné le 16 octobre 2020 par un jeune russe d’origine tchétchène pour avoir montré, en cours, des caricatures du prophète Mohammed afin de sensibiliser ses élèves à la question de la liberté d’expression. Son assassinat a provoqué un choc national. 

Le CFCM « exprime sa très grande inquiétude face à l’instrumentalisation de la mémoire de Samuel Paty dans des polémiques montées parfois de toutes pièces. Nous craignons que cela profane cette mémoire et ce qu’elle représente pour celles et ceux qui l’ont vécu dans leur chair ».

L’instance énumère plusieurs cas à travers la France liés à ces « propos et comportements discriminatoires ».

En Île-de-France, « une lycéenne aurait été exclue définitivement du cours et exposée à un renvoi du lycée pour une affaire provoquée par sa tenue vestimentaire qui ne présentait d’ailleurs pas de signe religieux ostentatoire au sens de la loi de mars 2004. Le professeur à l’origine aurait déclaré que cette situation lui faisait penser à ce qui s’était passé avec Samuel Paty ».

Un autre cas concerne une collégienne qui a été exclue des cours « au motif qu’elle portait une robe longue avec une ‘’intention religieuse’’, car elle aurait été aperçue, trois jours avant, avec un foulard lors d’un événement extra-scolaire ».

Selon le CFCM, « le professeur aurait dit à l’élève, laissée assise sur une chaise toute l’après-midi, ‘’Je vais apprendre à ta mère la laïcité’’ ».

« Disproportionné et inquiétant »

Dans une école à Marseille, « une élève aurait été convoquée en vue de son exclusion pour port de ‘’robe kabyle’’ avant que le directeur de l’école ne reconnaisse une ‘’erreur manifeste’’ en invoquant le climat actuel et ‘’les instructions contradictoires qu’il reçoit et les échanges qu’il avait eus avec des collègues’’ ».

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À l’Université Paris Dauphine, une étudiante voilée « aurait été prise à partie par une examinatrice » lors de sa soutenance de fin d’année. L’examinatrice lui a déclaré : « On est en France ici. Retournez en Afghanistan. » Ces propos, signalés au procureur de la République, ont été qualifiés par l’Université d’inadmissibles et intolérables dans un mail adressé aux étudiants.

Dans une école primaire à Nice, « une polémique sur des prétendues imitations de prières musulmanes a fait l’objet de réactions et d’un emballement politico-médiatique que nous jugeons disproportionnés et contreproductifs », affirme le CFCM.

« Des parents d’élèves ayant participé à ces imitations et qui ne sont pas forcément de confession musulmane ont finalement dénoncé cette affaire montée de toutes pièces selon eux, en reconnaissant qu’il s’agissait d’un jeu d’enfants. Ce jeu pourrait être qualifié d’inapproprié mais parler de séparatisme ou de mise en danger de la République, pour des enfants âgés de 9 à 10 ans, est à la fois disproportionné et inquiétant », déplore l’instance.

Tout en appelant à « l’extrême vigilance et au respect le plus strict des textes et lois », le CFCM « apporte son soutien aux élèves et aux étudiantes, victimes de ces dérapages parfois blessants, violents et illégaux avec des traumatismes durables, ainsi qu’à leurs familles et les appelle à faire confiance aux institutions de la République et aux valeurs qui animent l’immense majorité de nos concitoyens ».

« Le CFCM tient aussi à apporter son soutien au personnel et aux responsables éducatifs qui, dans leur immense majorité, mènent leur mission dignement, malgré les défis et les difficultés rencontrées, et qui voient toutes ces polémiques détourner l’attention sur les réels problèmes auxquels ils sont confrontés », conclut le communiqué.

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