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En France, des dizaines de milliers de personnes marchent contre les violences policières

À l’appel de plusieurs organisations et groupes politiques de gauche, plus d’une centaine de manifestations se sont tenues dans tout le pays. À Paris, trois policiers ont été légèrement blessés dans l’attaque de leur voiture
Les organisateurs des manifestations dénoncent « une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique » (AFP/Bertrand Guay)
Les organisateurs des manifestations dénoncent « une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique » (AFP/Bertrand Guay)
Par MEE

« Police partout, justice nulle part », « Pas de justice, pas de paix » ou encore « Justice pour Nahel », en référence à l’adolescent tué le 27 juin près de Paris lors d’un contrôle routier et sont la mort avait déclenché une vague d’émeutes

Tels étaient les slogans qui ont animé les 116 manifestations recensées samedi 23 septembre « contre les violences policières, le racisme systémique et pour les libertés publiques », organisées à l’appel d’une centaine d’associations, de syndicats et de partis tels que La France insoumise (LFI, gauche radicale), la CGT et Exctinction Rebellion.

Dans un communiqué commun, les organisations dénonçaient « une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique ».

Quelque 31 300 personnes (dont 9 000 à Paris) ont marché dans plusieurs villes de France selon le ministère de l’Intérieur, et environ 80 000 (dont 15 000 à Paris), selon le syndicat CGT et LFI.

Une centaine d’organisations syndicales, politiques et autres collectifs de quartiers populaires avaient appelé à cette manifestation, qui a aussi reçu le soutien de 150 personnalités du cinéma, dont la réalisatrice Palme d’or 2023 du festival de Cannes Justine Triet.

Dans la capitale, après un départ dans le calme, un pré-cortège de centaines d’individus encagoulés s’est constitué, dégradant les vitrines d’agences bancaires et lançant des pierres sur une voiture de police, a constaté un journaliste de l’AFP. Cette voiture, coincée dans la circulation, a été attaquée « à coups de barre de fer », selon la préfecture de police.

L’un des policiers est alors brièvement sorti du véhicule arme à la main pour tenir à distance les manifestants, selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, confirmées par une source policière.

D’autres policiers arrivés en renfort ont fait cesser cette attaque. Trois des quatre policiers qui circulaient à bord de la voiture ont été légèrement blessés, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez sur la chaîne BFMTV.

« Nous sommes actuellement en train de travailler […] pour essayer d’identifier les auteurs de cette attaque. D’ores et déjà nous avons trois personnes qui sont présumées être impliquées dans ces faits qui ont été interpellées », a ajouté M. Nuñez. 

Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin assurait à toutes les forces de l’ordre son « soutien ».

Il a aussi dénoncé un peu plus tard des « violences inacceptables » contre les forces de l’ordre. « On voit où mène la haine anti police », a-t-il commenté.

« La loi tue »

Au total, six personnes ont été interpellées dans toute la France, selon un bilan communiqué dans la soirée par le ministère de l’Intérieur.

« La loi tue », dénonçait une pancarte, avec une statue figurant la justice aux yeux barrés de rouge, critiquant un article du code de sécurité intérieure qui élargit la possibilité pour les forces de l’ordre de faire feu en cas de refus d’obtempérer.

En juillet, le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) avait dénoncé la pratique « persistante » en France « du profilage racial combinée à l’usage excessif de la force dans l’application de la loi, en particulier par la police, contre les membres de groupes minoritaires, notamment les personnes d’origine africaine et arabe ».

Paris s’était élevé contre ces accusations jugées « excessives » et « infondées », assurant que « toute mesure de profilage ethnique par les forces de l’ordre [était] interdite en France ».

« Toutes ces injustices, ça détruit des familles », a regretté auprès de l’AFP Mohamed Leknoun, 27 ans, dont le frère Amine avait été tué en août 2022 à Tourcoing après un refus d’obtempérer.

Venu manifester à Lille, où le cortège a rassemblé 400 à 500 personnes, il déplore n’avoir été informé d’aucune avancée de l’enquête depuis l’inculpation du policier auteur du tir.

La mère de Nahel s’est aussi exprimée pour réclamer « justice » pour son fils en confiant : « Quand je rentre chez moi, je me sens vide. »

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