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Une marche blanche pour réclamer « Justice pour Nahel » et des renforts pour maintenir l’ordre

Après la marche blanche en hommage à Nahel, tué mardi par un policier à Nanterre, le gouvernement s’attend à de nouvelles violences pendant la nuit. Un total de 40 000 policiers et gendarmes seront mobilisés en France dès ce soir
La mère de Nahel, sur une camionnette, portant un tee-shirt « Justice pour Nahel », a ouvert la manifestation, suivie de plusieurs milliers de participants (AFP/Bertrand Guay)
La mère de Nahel, sur une camionnette, portant un tee-shirt « Justice pour Nahel », a ouvert la manifestation, suivie de plusieurs milliers de participants (AFP/Bertrand Guay)
Par MEE

« Que tout le monde soit là s’il vous plaît, pour la marche. Toute la France s’il le faut […]. On sera tous là, on fera le parcours que mon fils faisait en moto. »

Jeudi dans la matinée, la mère de Nahel, le jeune de 17 ans tué mardi dans son véhicule par un policier après un refus d’obtempérer, a appelé sur le média Blast à une forte mobilisation pour la marche blanche organisée en hommage à son fils.

Cette marche a débuté à 14 h à la préfecture de Nanterre (Hauts-de-Seine).

« Le rectorat de Versailles a demandé aux parents de cinq écoles proches du quartier Pablo Picasso à Nanterre, théâtre des plus grosses échauffourées cette nuit et situées sur le trajet de la marche blanche, de venir récupérer leurs enfants », rapporte le site du quotidien Libération

« Quand il y a des marches, c’est une façon de canaliser la colère. Cela permet qu’on marche et qu’on parle tous ensemble. S’il n’y avait rien, ce serait pire. La parole sera toujours plus forte que la violence », a expliqué Yazid Kherfi, fondateur et directeur de l’association Médiation Nomade, ce jeudi sur RMC.

La mère de Nahel, sur une camionnette, portant un tee-shirt « Justice pour Nahel », a ouvert la manifestation, suivie de plusieurs milliers de participants regroupés derrière une banderole portant le même slogan, qu’ils scandaient, ainsi que « Plus jamais ça ».

Des tensions ont éclaté en fin de parcours, devant la préfecture du département, les Hauts-de-Seine, et la police a tiré du gaz lacrymogène.  

Un total de 40 000 policiers et gendarmes seront mobilisés en France jeudi soir, dont 5 000 à Paris et en proche banlieue, face au risque de nouvelles émeutes liées au décès de l’adolescent tué mardi par la police, a annoncé le gouvernement.

Les forces de l’ordre seront « quatre fois plus » nombreuses

Les forces de l’ordre seront « quatre fois plus » nombreuses que pendant la nuit de mercredi et jeudi pendant laquelle les heurts et les dégradations se sont amplifiés et étendus à plusieurs villes en France, a indiqué le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Parmi les visages connus du défilé, aux côtés de la mère de Nahel, Assa Traoré, sœur aînée d'Adama Traoré, mort après son interpellation par des gendarmes, fondatrice du Comité vérité et justice pour Adama, militante engagée contre les violences policières, filmait la marche en live sur Instagram.

Le député et coordinateur de La France insoumise (LFI, gauche radicale) était aussi présent et partageait en direct sur son fil Twitter des vidéos, tout comme Hélène Bidard, militante du Parti communiste, adjointe à la maire de Paris pour l’égalité femmes-hommes, la jeunesse et l’éducation populaire, ou encore Christophe Bex, député LFI.

Dans la matinée, le procureur de la République de Nanterre Pascal Prache a annoncé que le policier auteur du tir contre Nahel, un motard de 38 ans, devait être présenté dans la journée à deux magistrats instructeurs en vue de son inculpation.

« Le parquet considère que les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies », a-t-il dit. Il a requis le placement en détention du policier, un choix rarissime dans ce genre d’affaire.

« Nous déplorons que le procureur occulte la possible complicité d’homicide volontaire du second policier et les possibles faux en écritures publiques résultant des déclarations mensongères initiales du tireur, qui avait formellement affirmé que le jeune Nahel avait tenté de lui foncer dessus avec le véhicule », a indiqué un avocat de la famille Yassine Bouzrou, dans un communiqué.

Pour tenter d’éviter la réédition d’émeutes qui avaient éclaté en novembre 2005 dans les quartiers populaires, après la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur alors qu’ils s’y cachaient de la police, Emmanuel Macron a convoqué dans la matinée une cellule interministérielle de crise. 

Dans la nuit de mercredi à jeudi, 180 personnes ont été interpellées et 170 policiers et gendarmes blessés, selon le ministère de l’Intérieur.

« Il faut que tout cela cesse », a déclaré le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, qui s’est rendu dans une prison de la région parisienne, attaquée au mortier d’artifice par des personnes encagoulées. 

Le drame à l’origine de l’embrasement s’est produit lors d’un contrôle de police de la voiture conduite par Nahel, connu pour des refus d’obtempérer. Le précédent lui avait valu une présentation au parquet dimanche dernier, en vue d’une convocation en septembre devant un tribunal pour enfants.

L’affaire a relancé la controverse sur l’action des forces de l’ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d’obtempérer. 

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