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Guerre à Gaza : des centaines de corps découverts dans des charniers dans l’hôpital de Khan Younès

Les sauveteurs ont récupéré plus de 200 corps, dont ceux d’enfants, de femmes âgées et de jeunes hommes
Des professionnels de la santé palestiniens effectuent des fouilles pour retrouver les corps enterrés par les forces israéliennes dans l’enceinte de l’hôpital al-Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024 (AFP)
Des professionnels de la santé palestiniens effectuent des fouilles pour retrouver les corps enterrés par les forces israéliennes dans l’enceinte de l’hôpital al-Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024 (AFP)
Par MEE

La Défense civile palestinienne a déclaré dimanche 21 avril avoir retrouvé des centaines de corps de Palestiniens enterrés par les forces israéliennes dans des fosses communes dans la cour de l’hôpital al-Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Au moins 200 corps avaient été retrouvés dans deux fosses communes en milieu de journée. Alors que les recherches se poursuivent, les sauveteurs estiment qu’il y aurait au moins 400 corps.

Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré que certains des corps retrouvés avaient été décapités et que leur peau et leurs organes avaient été prélevés.

Traduction : « Des équipes médicales évacuent les corps de dizaines de Palestiniens retrouvés dans une fosse commune dans les cours de l’hôpital Naser de la ville de Khan Younès. »

Selon Al Jazeera, les corps d’enfants, de femmes âgées et de jeunes hommes figuraient parmi ceux retrouvés.

Selon les équipes de secours, certains corps avaient les mains liées derrière le dos, ce qui suggère qu’ils ont été exécutés et enterrés sur place.

Middle East Eye n’a pas pu vérifier de manière indépendante l’état des corps.

Alors que la nouvelle des charniers se répandait, de nombreuses personnes sont arrivées à l’hôpital dans l’espoir de retrouver les membres de leurs familles portés disparus.

Les charniers ont été découverts quelques semaines après la fin de l’invasion de Khan Younès, qui a duré trois mois au cours desquels les forces terrestres ont attaqué à plusieurs reprises l’hôpital al-Nasser.

L’hôpital, le deuxième plus grand de la bande de Gaza et « la colonne vertébrale » du système de santé du sud du territoire, a été mis hors service après des raids israéliens meurtriers en février, alors que 10 000 personnes s’étaient réfugiées dans le complexe médical.

Pris pour cibles par les snipers

L’armée a pris d’assaut l’hôpital à deux reprises après un siège d’une semaine en janvier, au cours duquel 200 personnes ont été arrêtées selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), et des centaines de patients et de personnes déplacées qui s’abritaient dans le bâtiment ont été évacuées de force.

Le personnel médical a déclaré avoir été déshabillé, battu et humilié par les forces israéliennes. De nombreux membres du personnel et des patients ont été pris pour cibles par des tirs de snipers.

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En mars, la BBC a publié des images vérifiées montrant des personnes détenues et agenouillées à l’intérieur du complexe après le raid. Il a également vérifié des images documentant 21 cas de tirs visant le personnel et les patients pendant le siège.

Les responsables de la santé ont déclaré qu’il n’y avait pas d’électricité et pas assez de personnel à l’hôpital pour soigner les quelque 200 patients restés sur place après le siège.

Selon le porte-parole du ministère palestinien de la Santé, Ashraf al-Qudra, les générateurs de l’hôpital sont tombés en panne, interrompant l’approvisionnement en eau, tandis que les eaux usées ont inondé les salles d’urgence, rendant impossible pour le personnel restant de soigner les patients en soins intensifs.

Il a ajouté que le manque d’approvisionnement en oxygène, également dû à l’absence d’électricité, a causé la mort d’au moins sept patients.

Israël a déclaré que l’hôpital abritait des combattants du Hamas, une affirmation régulièrement formulée lors de ses attaques contre des hôpitaux à Gaza, bien qu’il n’ait produit aucune preuve crédible d’une présence militaire à l’intérieur de ces établissements.

Un autre charnier à l’hôpital al-Chifa

Il ne s’agit pas du premier charnier découvert dans un hôpital de la bande de Gaza.

Cette découverte fait suite à une autre découverte au début du mois dans le complexe médical al-Chifa, dans la ville de Gaza, qui était autrefois le plus grand hôpital de Gaza, resté en ruines après deux semaines d’assaut des forces israéliennes fin mars.

Plusieurs corps ont été retrouvés lundi dans la cour de l’hôpital, dont au moins une personne en sous-vêtements qui semble avoir été « exécutée récemment », selon un journaliste arabe d’Al Jazeera présent sur les lieux.

Traduction : « Des images d’Al Jazeera montrent l’existence d’une fosse commune de Palestiniens enterrés par les forces d’occupation dans la cour du complexe médical al-Shifa à Gaza. C’est l’une des premières fosses communes dans ce complexe. »

Après le retrait des forces israéliennes de l’hôpital le 1er avril, une fois détruite la majeure partie du complexe médical, des équipes de plusieurs ministères gouvernementaux ont été déployées à al-Chifa pour évacuer et identifier les corps.

Les recherches ont été lancées après les récits de survivants qui témoignaient de l’exécution sommaire de Palestiniens par les forces israéliennes lors du raid.

Les responsables militaires israéliens ont déclaré que leurs forces avaient tué 200 personnes et en avaient arrêté 900 au cours de l’assaut de quinze jours contre l’hôpital. La Défense civile de Gaza a déclaré qu’environ 300 personnes avaient été tuées.

L’armée a affirmé avoir mené son raid sans blesser les civils ni le personnel médical. Les organisations médicales et les témoins oculaires ont fermement démenti.

Ahmad al-Maqadmeh, chirurgien plasticien palestinien, et sa mère, Yusra al-Maqadmeh, médecin généraliste, figuraient parmi les personnes tuées.

Traduit de l’anglais (original).

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