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Guerre à Gaza : le Hamas propose un cessez-le-feu de 135 jours en trois étapes avec Israël

Otages, aide humanitaire, mosquée al-Aqsa... MEE a pu consulter la nouvelle proposition de cessez-le-feu faite par le Hamas
De la fumée s’élève d’une zone de la bande de Gaza alors que les soldats israéliens avancent vers le centre et le sud de l’enclave assiégée (AFP/Handout/Israeli army)
De la fumée s’élève d’une zone de la bande de Gaza alors que les soldats israéliens avancent vers le centre et le sud de l’enclave assiégée (AFP/Handout/Israeli army)
Par MEE

Le Hamas a proposé mercredi 7 février une nouvelle proposition de cessez-le-feu, en trois étapes, qui durerait 135 jours et conduirait à la libération de tous les otages israéliens restants et mettrait un terme à la guerre à Gaza.

Selon une ébauche de la proposition consultée par Middle East Eye, la contre-proposition du Hamas prévoit trois phases de chacune 45 jours.

Toutes les femmes israéliennes retenues en otages, les enfants de moins de 19 ans, les personnes âgées et les malades seraient libérés au cours de la première phase de 45 jours, en échange de la libération de toutes les femmes, de tous les enfants, de toutes les personnes malades et de toutes les personnes âgées qu’Israël détient prisonniers.

Des Israéliens allument des bougies à la mémoire des jeunes capturés ou tués par des combattants du Hamas le 7 octobre 2023, sur le site du festival de musique Supernova, dans le sud d'Israël, le 7 février 2024 (AFP/Jack Guez)
Des Israéliens allument des bougies à la mémoire des jeunes capturés ou tués par des combattants du Hamas le 7 octobre 2023, sur le site du festival de musique Supernova, dans le sud d'Israël, le 7 février 2024 (AFP/Jack Guez)

Tous les otages israéliens hommes, y compris les soldats capturés, seront libérés en échange de 1 500 prisonniers palestiniens hommes.

La première étape prévoit également le retrait des forces israéliennes des zones peuplées de Gaza et l’autorisation pour les Nations unies d’installer des campements de tentes.

Cette phase initiale verrait également la cessation de toute forme d’activité aérienne au-dessus de Gaza, y compris les opérations de reconnaissance, pour toute la durée de la période.

La proposition prévoit « une cessation temporaire des opérations militaires, une cessation de la reconnaissance aérienne et un repositionnement des forces israéliennes loin des zones peuplées dans l’ensemble de la bande de Gaza ».

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Au cours de la deuxième phase, les otages hommes restants seront libérés. Les dépouilles des otages décédés seront échangées au cours de la troisième phase.

À la fin de la troisième phase, le Hamas s’attend à ce que les deux camps soient parvenus à un accord pour mettre fin à la guerre.

La trêve permettrait également d’accroître le flux d’aide alimentaire et d’autres aides vers le territoire assiégé, où deux millions de Palestiniens sont confrontés à la famine et à de graves pénuries de produits essentiels.

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Dans l’annexe de la proposition, le Hamas a également appelé à la fin de la violence israélienne contre la mosquée al-Aqsa, exigeant un retour au statut de la mosquée d’avant 2002. À la suite d’affrontements en 2000, Israël avait pris des mesures pour renforcer son contrôle sécuritaire sur le mont du Temple, ce qui a entraîné de nouvelles restrictions pour les fidèles musulmans souhaitant accéder à la mosquée. 

Une autre demande litigieuse, qui sera très certainement rejetée par Israël, appelle à la « reprise de tous les services humanitaires offerts à la population, dans toute la bande de Gaza, par les Nations unies et ses agences, en particulier l’UNRWA ».

L’UNRWA représente une planche de salut pour la population palestinienne. Elle soutient quelque six millions de réfugiés qui vivent à l’intérieur et à l’extérieur des territoires occupés.

Créée il y a 75 ans, l’agence fournit une assistance directe aux Palestiniens, notamment en matière d’éducation, de soins de santé primaires et d’autres services sociaux.

Pourtant, ces dernières semaines, les autorités israéliennes ont discrédité l’agence à plusieurs reprises et ont allégué que douze des plus de 13 000 employés de l’agence à Gaza étaient impliqués dans les attaques du 7 octobre.

Une réaction  « globalement positive »

Des nations de premier plan, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont retiré leur soutien financier à l’agence la semaine dernière, mais selon un dossier obtenu par MEE, composé de six pages seulement, Israël n’a fourni aucune preuve attestant que les douze employés étaient membres du Hamas ou d’autres groupes armés, ni mentionné le rôle qu’ils auraient pu jouer dans les attentats du 7 octobre.

La proposition de ce mercredi 7 février répond à un plan présenté la semaine dernière par les médiateurs qataris et égyptiens et soutenu par les États-Unis et Israël.

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Mardi, lors d’une conférence de presse dans la capitale qatarie Doha, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim al-Thani, a qualifié de « globalement positive » la réaction du Hamas à une proposition d’accord de trêve avec Israël, sans donner plus de détails.

La guerre en cours à Gaza a été déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël, qui a fait au moins 1 140 morts du côté israélien. Israël a riposté en bombardant sans relâche l’enclave palestinienne et en lançant une invasion terrestre, tuant au moins 27 700 Palestiniens et détruisant de larges pans de l’infrastructure civile de l’enclave.

Les responsables israéliens ont déjà fait part de leur intention de poursuivre la guerre jusqu’à la défaite décisive du Hamas, affirmant que même la Cour internationale de justice (CIJ) ne les arrêterait pas.

Israël est actuellement accusé d’avoir enfreint la convention sur le génocide devant la CIJ, à la suite d’une plainte déposée par l’Afrique du Sud. En attendant la décision de la CIJ, la Cour a ordonné à Israël de prendre des mesures provisoires pour prévenir les actes de génocide à Gaza et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.

Dans un communiqué paru mercredi, l’Arabie saoudite a réfuté l’affirmation américaine selon laquelle le royaume normaliserait ses relations avec Israël avant l’instauration d’un cessez-le-feu à Gaza, et a également réitéré son insistance sur la création d’un État palestinien indépendant.

Pour sa part, la Chine a accusé les États-Unis d’attiser les tensions au Moyen-Orient en raison de leur « incapacité à instaurer un cessez-le-feu » à Gaza et de leurs récentes frappes de représailles contre les groupes soutenus par l’Iran en Irak et en Syrie.

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

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