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La campagne de boycott des marques occidentales accusées de soutenir Israël gagne de l’ampleur

Sur les réseaux sociaux, des vidéos virales propagent les appels au boycott initiés par le mouvement BDS
Des voitures passent devant un panneau publicitaire avec la photo d’un enfant palestinien et une inscription en arabe indiquant « Avez-vous tué un Palestinien aujourd’hui ? #boycott » à Koweït City le 26 octobre 2023 (AFP/Yasser al-Zayyat)
Des voitures passent devant un panneau publicitaire avec la photo d’un enfant palestinien et une inscription en arabe indiquant « Avez-vous tué un Palestinien aujourd’hui ? #boycott » à Koweït City le 26 octobre 2023 (AFP/Yasser al-Zayyat)

Pepsi, KFC, L’Oréal, Carrefour, Disney, Giorgio Armani… La liste est longue. Plus de 150 marques, recensées par le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), sont accusées de soutenir Israël dans sa guerre contre les Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie occupée.

Cette liste n’est pas nouvelle mais depuis le début de la nouvelle phase dans le conflit, le 7 octobre, les appels au boycott se sont faits plus nombreux et plus forts, et ont trouvé sur les réseaux sociaux de précieux relais, notamment sur TikTok, où les internautes se filment en train de jeter des cosmétiques et des vêtements, ou en train d’expliquer les principes du BDS.

Mohamed, finaliste de l’émission « Koh-Lanta » en 2005, s’est filmé en train de jeter des bouteilles de soda.

« L’État israélien rejette le droit international. La majorité des gouvernements dans le monde ne fait rien pour l’en empêcher ou l’aide dans ses méfaits », souligne le mouvement.

Sur le site de BDS, il est possible de télécharger le tract où sont développés les argumentaires pour chaque marque.

Carrefour y est ainsi décrit comme « un supermarché au service de l’apartheid » pour « avoir envoyé des colis aux soldats israéliens qui participent au génocide des Palestiniens de Gaza ».

On peut aussi y lire que l’entreprise allemande Pumpa est « le principal sponsor de l’Association israélienne de football qui affilie des clubs des colonies ». Ou encore que Hewlett Packard « fournit des services aux bureaux des génocidaires Netanyahou et Smotrich [ministre des Finances et ministre de tutelle de la Cisjordanie au sein de la Défense] ».

Une extension sur Google Chrome

Le mouvement a notamment gagné du terrain dans le monde arabe depuis le début de la guerre.

Pour protester contre l’offensive israélienne, la Jordanie a rappelé son ambassadeur en Israël tandis que l’Arabie saoudite a suspendu ses discussions sur une possible normalisation des relations.

À Bahreïn, la chambre basse du Parlement a annoncé la suspension des relations commerciales avec Israël, mais l’information n’a pas été confirmée par le gouvernement. 

Portée par une jeunesse férue de nouvelles technologies, la campagne de boycott propose des sites, des extensions et des applications mobiles pour identifier les produits à bannir. 

@lodoniri Continuez à boycotter les marques pro Israël #freepalestine #marque ♬ son original - Lodoniri - Philosophie & co

Sur le navigateur Google Chrome, l’extension PalestinePact, gratuite, permet aussi de flouter les publicités de produits figurant sur la liste. « Cette extension vise à soutenir le mouvement BDS en offrant un moyen pratique d’identifier et de boycotter les marques qui soutiennent l’apartheid israélien », peut-on lire sur la présentation de l’extension.

« L’extension analyse automatiquement les produits sur les principaux sites web et les floute s’ils sont liés à la liste BDS. Cette fonctionnalité permet aux utilisateurs d’identifier rapidement et d’éviter d’acheter des produits de marques impliquées dans le soutien à l’apartheid israélien. En simplifiant le processus d’identification de ces marques, PalestinePact permet aux utilisateurs de prendre des décisions éclairées conformes à leurs convictions. »

Les méthodes traditionnelles ne sont pas en reste. Sur les abords d’une autoroute à quatre voies au Koweït, d’énormes panneaux d’affichage montrent des images d’enfants avec des bandages, tachés de sang. Un slogan choc s’adresse aux consommateurs qui n’ont pas encore suivi le mouvement : « Avez-vous tué un Palestinien aujourd’hui ? »   

Le soutien de l’Occident à l’offensive israélienne à Gaza « a renforcé le mouvement de boycott au Koweït » en démontrant que ses principes en matière « de droits de l’homme ne s’appliquent pas à nous », affirme à l’AFP le militant Mishari al-Ibrahim.  

Traduction : « Les gens normaux boycottent Israël. » [affiche à Londres]

Le géant américain de la restauration rapide McDonald’s est devenu une cible de choix après que sa franchise en Israël a annoncé le mois dernier offrir des milliers de repas gratuits à l’armée israélienne. 

Face aux appels au boycott, l’entreprise a publié un communiqué pour rappeler que la marque « ne finance ni ne soutient aucun gouvernement impliqué dans ce conflit ».

McDonald’s Koweït s’est engagée à verser plus de 160 000 dollars d’aides aux habitants de Gaza, tandis que les propriétaires de l’enseigne au Qatar ont annoncé une aide similaire de 275 000 dollars, en prenant soin de préciser qu’ils n’avaient rien à avoir avec la structure israélienne. 

Le café américain Pura Vida Miami et la pâtisserie britannique Maître Choux ont indiqué, dans des communiqués, avoir fermé leurs portes au Qatar après les positions jugées favorables à Israël affichées par leurs propriétaires sur les réseaux sociaux. 

Traduction : « Des partisans qataris pro-palestiniens ont été filmés dimanche en train d’agiter le drapeau palestinien devant Pura Vida Miami à Lusail, après que le propriétaire du café a exprimé son soutien à Israël dans une série de publications controversées sur Instagram. »

En Égypte, une vieille marque de soda locale, écrasée par la concurrence étrangère, indique avoir fait un retour en force.

Pour répondre à la hausse de la demande, Spiro Spathis a affirmé avoir lancé de nouveaux recrutements et reçu plus de 15 000 candidatures. 

Le mouvement est tel en Égypte qu’il risque de nuire à l’économie, a prévenu la Fédération des chambres de commerce égyptiennes. « L’impact sur les investisseurs égyptiens et les dizaines de milliers de travailleurs sera profond », s’est-elle inquiétée dans un communiqué, en soulignant que les licences de distribution et les franchises visées étaient détenues par des entreprises égyptiennes. 

Dans une épicerie de la capitale jordanienne Amman, où des messages sur les réseaux sociaux appellent les consommateurs à ne pas « payer pour des balles », Abou Abdallah examine attentivement l’étiquette d’une bouteille de lait aromatisé. « Ah, c’est fabriqué en Tunisie », constate auprès de l’AFP le père de famille, en défendant vigoureusement le boycott. « C’est le moins que l’on puisse faire pour nos frères de Gaza », dit-il. 

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