Noël sanglant à Gaza : les frappes s’intensifient, Netanyahou dit « travailler au transfert ethnique des Palestiniens »
Les Palestiniens n’accepteront pas « les excuses de ceux qui sont complices du génocide en cours à Gaza ». Dans un message de Noël envoyé dimanche depuis la ville occupée de Bethléem, le pasteur chrétien palestinien Munther Isaac a prononcé un discours dans lequel il a déclaré que la guerre actuelle contre Gaza était « le coup le plus dur » et que les chrétiens n’accepteraient pas des mots de « remords tardifs ».
Commençant son discours par « Jésus est sous les décombres », Munther Isaac a affirmé que les chrétiens palestiniens étaient en colère et offensés et qu’ils portaient le deuil au lieu de se réjouir à Noël.
Depuis dimanche, des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des frappes. Lundi avant l’aube, l’aviation israélienne a massivement bombardé la bande de Gaza.
Une frappe près du village d’al-Zawaida (centre) a fait 12 morts et une autre au moins 18 morts à Khan Younès (sud), selon le ministère de la Santé du Hamas.
Dimanche soir, au moins 70 personnes ont été tuées dans une frappe sur le camp de réfugiés d’al-Maghazi (centre), d’après cette même source.
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré que le nombre de morts risquait de s’alourdir car les civils restent coincés sous les décombres des bâtiments détruits.
En novembre, une attaque israélienne contre al-Maghazi avait déjà entraîné la mort d’au moins 50 Palestiniens, et ces derniers jours le camp a encore été bombardé, a rapporté Al Jazeera. L’attaque de dimanche a été décrite comme l’une des « plus meurtrières » depuis le début du conflit début octobre.
Selon Ashraf al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé, les frappes aériennes visaient une zone civile entièrement résidentielle. Selon Al Jazeera, le camp est l’une des zones les plus densément peuplées de la bande de Gaza, et c’est également une zone vers laquelle l’armée israélienne a demandé à la population de se diriger pour évacuer le nord.
« Massacre horrible »
Toujours selon Al Jazeera, les routes détruites lors des attaques précédentes ont empêché les services d’urgence et les équipes de la protection civile d’atteindre les blessés.
Après l’attaque, les corps se sont entassés à l’hôpital des martyrs d’al-Aqsa de Deir al-Balah, en grande partie devenu non fonctionnel en raison des attaques israéliennes continues et de la pénurie de carburant et d’électricité.
Le Hamas a qualifié l’attaque de « massacre horrible » et d’exemple de « crime de guerre » israélien.
Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré qu’elle « examinait l’incident ».
Selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, 20 674 personnes ont été tuées dans les opérations militaires israéliennes, en majorité des femmes et des enfants, et près de 55 000 blessées.
Depuis le 9 octobre, 1,9 million de personnes ont dû fuir leur domicile, soit 85 % de la population selon l’ONU, qui alerte également que la famine menace de nombreux Palestiniens dans les prochaines semaines.
Côté israélien, l’armée a annoncé la mort de deux soldats, ce qui porte à 156 le nombre de ses militaires tués depuis le lancement de l’offensive terrestre à Gaza le 27 octobre.
Lundi, les forces israéliennes ont largué des tracts dans les quartiers de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, exigeant que les habitants déménagent vers les zones de Rafah.
Selon les témoignages recueillis par Middle East Eye, ces instructions ont suscité une certaine anxiété et confusion.
Palestinian journalist documents the Israeli massacre in a densely populated block in Al-Maghazi camp and the murder of over 70 civilians. pic.twitter.com/oTnJ8a4lCd
— Kuffiya (@Kuffiyateam) December 26, 2023
Traduction : « Un journaliste palestinien documente le massacre israélien dans un quartier densément peuplé du camp d’al-Maghazi et le meurtre de plus de 70 civils. »
Khan Younès avait initialement été désignée « zone de sécurité » par les forces israéliennes. Mais aujourd’hui, la même zone est la cible des bombardements israéliens.
La frappe sur le camp d’al-Maghazi « montre bien pourquoi il faut un cessez-le-feu tout de suite », a insisté lundi le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
« Il faut tous les tuer »
« Nous n’arrêtons pas, […] nous intensifions les combats dans les jours à venir. Ça sera une longue guerre », a martelé Netanyahou lundi après s’être rendu à Gaza. Dans les colonnes du Wall Street Journal, il a également posé trois « pré-requis » pour parvenir à une paix.
« Le Hamas doit être détruit, Gaza doit être démilitarisée, et la société palestinienne doit être déradicalisée », a-t-il détaillé dans sa tribune.
Lors d’une réunion avec le parti Likoud, il aurait également déclaré « travailler activement au transfert ethnique des Palestiniens hors de Gaza », rapporte le quotidien israélien Israel Hayom.
Dans une interview sur la chaîne israélienne 13, Danny Neumann, ancien membre de la Knesset, a appelé à la destruction de Gaza.
« Je vous le dis, à Gaza sans exception, ce sont tous des terroristes, des fils de chiens. Il faut les éliminer, il faut tous les tuer », a-t-il déclaré.
« Nous allons aplatir Gaza, la réduire en poussière, et l’armée nettoiera la zone. Ensuite, nous commencerons à construire de nouvelles zones pour nous, avant tout pour notre sécurité. »
Le chef d’état-major israélien Herzi Halevi de l’armée a choqué les ministres lorsqu’il a suggéré que cela pourrait prendre jusqu’à dix ans pour capturer ou tuer Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza et l’un des principaux architectes du 7 octobre. Herzi a déclaré qu’il avait fallu jusqu’à dix ans aux Américains pour retrouver Oussama ben Laden, l’ex-chef d’al-Qaïda.
Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution réclamant l’acheminement « immédiat » et « à grande échelle » de l’aide humanitaire, celle-ci n’a pas augmenté de manière significative et les habitants manquent de tout.
Le patron de l’ONU António Guterres et son personnel, qui ne cessent d’alerter sur la situation catastrophique à Gaza et d’appeler à un cessez-le-feu, se sont attirés les foudres du chef de la diplomatie israélienne Eli Cohen pour qui « la conduite de l’ONU est une honte ».
En dépit des positions intransigeantes des protagonistes, les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après celle d’une semaine fin novembre qui a permis la libération de 105 otages contre 240 prisonniers palestiniens et l’entrée à Gaza d’importantes aides.
L’Égypte a présenté une proposition détaillée de cessez-le-feu et d’après-conflit pour Gaza, appelant au retrait complet des troupes israéliennes de la région et à la mise en place d’une nouvelle administration à la fois à Gaza et en Cisjordanie, a rapporté MEE.
Ce plan comprend également plusieurs échanges de prisonniers. La première étape verrait le Hamas et les groupes armés palestiniens libérer tous les civils détenus à Gaza en échange d’un nombre négocié de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Le résultat serait alors une trêve dans les combats de sept à dix jours.
Puis, au cours de la deuxième étape, le Hamas libérerait toutes les femmes soldats israéliennes retenues en captivité, et Israël libérerait à nouveau d’autres prisonniers palestiniens. La deuxième étape comprendrait une pause supplémentaire dans les combats d’une semaine.
La dernière étape comprendrait un échange final de prisonniers : le Hamas libérerait les prisonniers restants et Israël libérerait davantage de Palestiniens détenus. Lors de cette phase, Israël retirerait ses forces vers la frontière de Gaza et cesserait toutes les campagnes aériennes dans la bande de Gaza. Le Hamas cesserait également toute action armée contre Israël.
Cette proposition est le plan de cessez-le-feu le plus détaillé depuis le début de la guerre contre Gaza en octobre, mais il semble peu probable qu’elle obtienne du succès auprès des deux parties belligérantes.
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