Aller au contenu principal

L’ONU met en garde contre un « nettoyage ethnique » des Palestiniens à Gaza, « étranglée » par Israël

« Il semble que le monde ait perdu son humanité », déclare le commissaire général de l’agence onusienne dédiée aux réfugiés palestiniens, tandis que la rapporteuse spéciale craint « une répétition de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967, mais à une plus grande échelle »
Des Palestiniens tués lors des frappes aériennes israéliennes sont extraits de la morgue de l’hôpital al-Aqsa pour être enterrés alors que les attaques israéliennes se poursuivent, à Gaza, le 15 octobre 2023 (Reuters)
Par MEE

Dans un communiqué publié ce dimanche, l’agence onusienne dédiée aux réfugiés palestiniens, l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), prévient que Gaza est « étranglée et qu’il semble que le monde ait perdu son humanité ».

« Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer dans la bande de Gaza au cours des huit derniers jours », précise le communiqué.

« Gaza manque d’eau et Gaza manque de vie. Bientôt, je crois, en plus de cela, il n’y aura plus ni nourriture ni médicaments », déclare le commissaire général de l’agence, Philippe Lazzarini, dans le communiqué.

« En fait, Gaza est étranglée et il semble que le monde ait perdu son humanité. »

« Nous devons toujours nous rappeler qu’avant la guerre, Gaza était sous blocus depuis seize ans et que, dit simplement, plus de 60 % de la population dépendait déjà de l’aide alimentaire internationale »

- Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA

Des milliers de personnes se sont rassemblées dans les écoles gérées par l’UNRWA à Gaza pour se protéger des bombardements israéliens.

Les écoles ont atteint leur pleine capacité, les gens n’y ont accès ni aux toilettes, ni aux douches, ni à la nourriture.

L’agence onusienne prévient qu’elle n’est plus en mesure d’aider les plus de deux millions de personnes piégées dans la bande de Gaza.

« Mes collègues de l’UNRWA à Gaza ne sont plus en mesure de fournir une aide humanitaire », indique Philippe Lazzarini.

« Le nombre de personnes cherchant refuge dans nos écoles et autres installations de l’UNRWA dans le sud est absolument écrasant, et nous n’avons plus la capacité de les accueillir. »

Au moins quatorze membres du personnel de l’agence ont été tués et la plupart des 13 000 employés à Gaza sont déplacés ou ont quitté leurs foyers, précise le communiqué.

« Nous devons toujours nous rappeler qu’avant la guerre, Gaza était sous blocus depuis seize ans et que, dit simplement, plus de 60 % de la population dépendait déjà de l’aide alimentaire internationale », indique Philippe Lazzarini, qui ajoute qu’une « catastrophe humanitaire se déroule sous nos yeux ».

« Nettoyage ethnique »

Les Palestiniens de Gaza courent le risque d’un nettoyage ethnique de grande ampleur, a averti pour sa part samedi Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés.

« Il existe un grave danger que ce à quoi nous assistons soit une répétition de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967, mais à une plus grande échelle », a déclaré Albanese, faisant référence à deux précédents déplacements forcés de Palestiniens. « La communauté internationale doit tout faire pour empêcher que cela ne se reproduise. »

« Une fois de plus, au nom de la légitime défense, Israël cherche à justifier ce qui reviendrait à un nettoyage ethnique »

- Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés

« Israël a déjà procédé à un nettoyage ethnique massif des Palestiniens dans le brouillard de la guerre », a affirmé l’experte.

« Une fois de plus, au nom de la légitime défense, Israël cherche à justifier ce qui reviendrait à un nettoyage ethnique. »

Estimant que l’opération militaire israélienne est allée « bien au-delà des limites du droit international », l’experte onusienne exhorte la communauté internationale à mettre fin aux violations et à négocier un cessez-le-feu immédiat.

Traduction : « Les Palestiniens courent un grave danger de nettoyage ethnique de masse, prévient l’expert de l’ONU Francesca Albanese, exhortant la communauté internationale à négocier un cessez-le-feu immédiat entre le Hamas et les forces israéliennes – ‘’Le temps presse’’. »

Jusqu’à présent, au moins 2 450 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens à Gaza, plus de 60 % étaient des enfants et des femmes. Au moins 1 000 personnes sont toujours portées disparues sous les décombres et plus de 9 600 ont été blessées.

Le ministère palestinien de la Santé a indiqué qu’un Palestinien était tué toutes les cinq minutes à Gaza, tandis qu’un charnier d’urgence a été aménagé pour répondre au nombre élevé de morts.

EN IMAGES : Les Palestiniens de Gaza craignent « une seconde Nakba » alors qu’Israël les déplace de force
Lire

Selon l’organisation Euro-Med Human Rights Monitor basée à Genève, Israël a largué l’équivalent d’un quart d’une bombe nucléaire lors de son offensive en cours.

En Israël, le bilan s’élève à 1 400 morts et 3 400 blessés, et de nombreux prisonniers sont toujours détenus à Gaza.

La situation à Gaza a atteint un point de rupture en raison du siège total imposé par Israël, qui a coupé l’approvisionnement en électricité, en eau, en nourriture, en aide humanitaire et en carburant.

Le manque d’eau potable pousse notamment la population à boire de l’eau saumâtre, suscitant des inquiétudes quant à la propagation de maladies d’origine hydrique, a prévenu l’UNRWA.

Les hôpitaux sont confrontés à des menaces constantes de bombardements et de frappes aériennes israéliennes. Ils sont submergés par l’afflux de blessés et de patients qu’ils ne peuvent plus soigner, tandis que la population cherche refuge dans les couloirs des hôpitaux. Six hôpitaux de Gaza ont fermé leurs portes après avoir été bombardés.

Par ailleurs, au moins douze journalistes ont été tués depuis le début de la guerre, dont dix palestiniens et un israélien, selon le Comité pour la protection des journalistes. Israël cherche à fermer le bureau d’Al Jazeera dans le pays, où ses journalistes sont harcelés.

Le Hezbollah et l’Iran réagiront si les « lignes rouges » sont franchies

Au nord, les échanges de tirs entre Israël et le Liban se sont intensifiés. Le Hezbollah a promis de réagir si les bombardements israéliens à Gaza ne prenaient pas fin, tandis que l’Iran a prévenu que si les opérations israéliennes se poursuivaient et, en particulier, s’il y avait une invasion terrestre, il devrait agir.

Deux sources connaissant la situation ont déclaré au média américain Axios que l’Iran avait relayé ce message via l’ONU.

Guerre israélo-palestinienne : un colonel révèle le plan d’attaque de Gaza et affirme que le combat sera « un enfer »
Lire

Selon Axios, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a rencontré samedi à Beyrouth l’envoyé de l’ONU pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, qui a exhorté le diplomate iranien à aider à empêcher une propagation du conflit à l’ensemble de la région.

Hossein Amir-Abdollahian a répondu qu’il ne souhaitait pas une guerre régionale et qu’il voulait essayer de contribuer à la libération des otages à Gaza, mais a indiqué qu’il existait des lignes rouges pour l’Iran, dont une opération terrestre israélienne à Gaza.

Traduit de l’anglais (original).

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].