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Irak : la Coupe du Golfe de foot à la maison, mais des couacs dans l’organisation

Une bousculade mortelle, des journalistes refoulés, de faux billets : l’Irak comptait sur l’organisation de la Coupe du Golfe de football pour redorer son blason, mais des fausses notes logistiques ont quelque peu terni cette compétition remportée par le pays hôte
Un immense drapeau irakien déployé dans les tribunes avant la finale de la Coupe du Golfe arabique entre l’Irak et Oman, au stade international de Bassora le 19 janvier 2023 (AFP/Hussein Faleh)
Par AFP

Doha Hachem se remémore avec effroi le moment où elle a « cru mourir ». Prise dans la foule compacte massée jeudi dès l’aube devant les grilles du Stade international de Bassora (sud), la jeune femme comptait assister en soirée à la finale entre l’Irak et Oman. Tout comme des dizaines de milliers d’autres fans des Lions de Mésopotamie.

Sur la route menant au stade, « nous nous sommes retrouvés dans une marée humaine. J’ai commencé à paniquer. Je ne pouvais plus respirer », commente-t-elle.

Doha Hachem est sortie indemne de la bousculade, mais une personne est morte et des dizaines d’autres ont été légèrement blessées, selon des sources médicale et sécuritaire. 

La foule a ensuite été dispersée par les forces de l’ordre et le match s’est déroulé normalement. 

L’Irak l’a emporté 3-2 et le pays a passé la nuit à exulter à grands renforts de klaxons et de feux d’artifice. La victoire et la fierté d’avoir organisé cette compétition, une première pour l’Irak depuis 1979, ont rapidement éclipsé l’incident de jeudi matin.

Faux billets

Pour expliquer la bousculade, un membre du comité d’organisation pointe du doigt la société chargée d’imprimer les billets. « Il est facile de les falsifier », dit-il sous le couvert d’anonymat. 

Résultat : des milliers de détenteurs de faux billets ont tenté leur chance. 

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D’après le général Khaled al-Mahna, un porte-parole du ministère de l’Intérieur, les forces de l’ordre ont bien réagi. Elles ont « annoncé à tout le monde : “ceux qui n’ont pas de [vrai] billet doivent partir”. Ils n’ont pas coopéré et une foule s’est formée », explique-t-il à l’AFP.

Mais l’organisation de cette compétition qui a réuni huit pays (Oman, Irak, Koweït, Émirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite, Yémen, Bahreïn) n’en était pas à son premier couac. 

Lors de la soirée d’ouverture le 6 janvier, des milliers de spectateurs munis de billets et des journalistes accrédités, dont deux photographes de l’AFP, ont été refoulés à l’entrée sans raison. Et dans une tribune VIP, une altercation aux origines mystérieuses a mis aux prises une vingtaine de personnes. 

Le représentant du Koweït a même dû rebrousser chemin face au chaos, poussant la Fédération de football de l’émirat à exprimer son « vif mécontentement face à la mauvaise organisation ». 

Son homologue irakienne a présenté ses excuses et assuré de « faire en sorte que l’organisation s’améliore ».

Jusqu’à la finale jeudi, le tournoi s’est ensuite déroulé sans problème notable à Bassora, où des millions de dollars ont été investis pour mettre le parc hôtelier et les stades à niveau et embellir la ville.

D’autres compétitions ?

Pendant de longues années, les Irakiens ont été privés de l’organisation de compétitions sportives d’envergure mondiale en raison de la dramatique situation sécuritaire. L’Irak comptait donc sur cette Coupe du Golfe pour signer son retour comme acteur crédible. 

Sans s’exprimer sur les incidents, le président irakien Abdel Latif Rachid a jugé sur Twitter que le pari avait été relevé, entrevoyant même « d’autres événements sportifs » à organiser.  

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Pour l’heure, aucune autre compétition sportive mondiale n’est prévue en Irak. 

Sollicitée au sujet de l’organisation du tournoi, la Fifa s’est contentée de renvoyer à un message de son président Gianni Infantino sur Instagram qui assurait des « pensées et prières de toute la communauté du football » aux personnes impliquées dans « l’incident » de jeudi.

Pourtant, l’Irak, terre de pèlerinage pour les musulmans chiites du monde entier, est habitué aux événements de masse. 

En septembre 2022, le pèlerinage de l’Arbaïn à Kerbala (centre) avait attiré 21 millions de fidèles. Aucun incident n’a été recensé.

En revanche, une bousculade avait endeuillé un autre pèlerinage chiite en septembre 2019 dans cette même ville, faisant 31 morts et des centaines de blessés.

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